La nouvelle est arrivée à l’ancienne, comme ça, tout simplement : une lettre recommandée avec avis de réception. Dans la missive parvenue au courrier du Musée des Confluences il y a une dizaine de jours, une nouvelle dont la direction se serait bien passé : la fin de la subvention jusqu’ici accordée par le Département du Rhône, et ce dès janvier 2017.
Soit demain, à l’échelle d’une telle structure culturelle.
Abrupte, l’annonce a surpris mais n’a pas non plus échaudé une équipe qui surfe sur son succès public : en 2015, le musée des Confluences était tout simplement le plus visité de France en dehors de Paris ; avec 8, 4% des visiteurs provenant du Département (hors métropole).
Annoncée par le Progrès, la décision prise par Christophe Guilloteau, le président du Département étiqueté Les Républicains, de fermer les vannes a donc surpris, même si du côté du musée l’on dit bien comprendre le contexte général incitant aux économies et l’on indique que :
« On ne discute pas des choix politiques, ce n’est pas notre sujet ; les collectivités doivent baisser les subventions, on le sait. »
C’est surtout la manière qui interpelle. Au Département, l’on nous précise que le président Guilloteau avait averti au préalable et le musée, et la Métropole de cette décision : « Ils étaient prévenus. »
Besoin de sous pour d’autres structures culturelles du Rhône
Le musée des Confluences a diminué de 6% sa demande de subventions auprès de la Métropole cette année, et devait continuer dans les années à venir de solliciter moins d’argent public pour se diriger vers une augmentation de sa part d’auto-financement, qui est aujourd’hui de 25% (provenant de la billetterie, des privatisations et de l’édition).
Avec cette coupe, il va falloir revoir le schéma initial et rediscuter avec la Métropole.
Car le Département avait accordé 1, 2 millions d’euros en 2015, soit 10% des 14 millions d’euros de subventions publiques (les 90% restants étant à charge de la Métropole) pour un budget total de 18 millions d’euros.
Cette subvention du Département était budgétée à l’identique pour les années à venir. Dans l’entourage de Christophe Guilloteau, on nous explique que :
« Vu nos moyens actuels, il est plus logique que l’on réinjecte nos financements sur nos territoires, en prenant compte de la nouvelle répartition Métropole/Département du Rhône. Nous allons devoir financer une nouvelle médiathèque, l’actuelle étant située dans le périmètre de la Métropole, à Bron. Nous discutons actuellement du lieu d’implantation.
Nous voulons aussi mettre en valeur le musée de Saint-Romain-en-Gal, qui nous tient à cœur car il est exceptionnel et peut être vecteur de recettes également : nous allons fêter son 20e anniversaire. D’autres associations et lieux culturels seront également suivis. »
Et la réfection de la baleine, alors ?
Au musée des Confluences, inauguré en décembre 2014 et passé l’année suivante sous l’égide de la Métropole, on craint que le cercle vertueux ne se brise si l’accompagnement nécessaire à la mise en place du projet s’interrompt aussi tôt et brusquement, alors que le grand succès public (875 000 visiteurs en 2015, déjà plus de 500 000 cette année, le musée ne subissant aucun contrecoup en terme de fréquentation : ni baisse suite à l’essoufflement de l’effet de la nouveauté, ni contrairement aux musées parisiens de chute dûe aux attentats) devait permettre de mettre en place un projet durable et de plus en plus auto-financé.
La programmation pourrait être impactée : le nombre d’événements dans les salles avait déjà été réduit pour s’adapter à la baisse de 6% prévue du côté de la Métropole.
Des travaux de restauration sont mis en suspens également, comme ceux concernant l’immense squelette de baleine du musée Guimet.
Gérard Collomb, président PS de la Métropole de Lyon, a communiqué son mécontentement depuis le Japon où il est actuellement en déplacement. Une rencontre entre ses services et ceux du Département est prévue prochainement. À suivre.
Par Sébastien Broquet sur petit-bulletin.fr.
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