En 1921, le Fort Saint-Irénée a hébergé la première « Université chinoise » (comprenez campus, et non un lieu de formation : les étudiants chinois y étaient simplement hébergés). Aujourd’hui, il abrite encore des logements pour étudiants mais également le NIFC, créé et inauguré en 2014 par Xi Jinping, président de la République populaire de Chine, Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères et Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, dans le but d’en faire « une plateforme d’échanges pluridisciplinaires. »
Après deux ans de travaux, le lieu s’apprête à ouvrir ses portes. Ses ambitions sont de trois ordres : économiques (faciliter les investissements chinois à Lyon et inversement), universitaires (favoriser les partenariats entre les facultés) et culturelles.
« Le Nouvel Institut Franco-Chinois entend valoriser l’histoire commune entre Lyon et la Chine et promouvoir la création contemporaine chinoise » annonce sa directrice, Candice du Chayla. « Le grand public n’est pas au courant que la ville de Lyon abrite un tel trésor historique. »
Faire (re)vivre la culture chinoise à Lyon
Derrière la statue imposante offerte par le maire de Canton, représentant les deux fondateurs de l’Institut en 1921 entourés des étudiants les plus emblématiques de l’époque, se niche la salle d’exposition séparée en trois zones distinctes : un espace entièrement dédié à l’art contemporain, une salle de projection — mettant en avant les vidéos de l’artiste en résidence et une vidéo d’archives —, et un coin retraçant l’histoire de l’université dont la scénographie a été réalisée en collaboration avec Christian Sermet et Hélène Lafont-Couturier du Musée des Confluences.
L’accès à l’étage se fait par l’extérieur, après avoir traversé un jardin sinisant, des aqueducs et une mini-maison privatisable entièrement décorée à partir de mobilier chinois. Il comprend une salle de réunion mise à la disposition des entreprises mécènes, des espaces dédiés aux étudiants chinois et une bibliothèque ouverte à tous.
« On y déniche des ouvrages d’archives, des romans chinois, des livres de dessin… en langue française et chinoise. L’idée est d’en faire un lieu de passage » précise la directrice.
Des événements ponctueront l’année, dont un festival de la gastronomie fin novembre, et un festival de cinéma en juin 2017.
Quid de la censure chinoise ?
Le communiqué de presse est clair :
« Une programmation ambitieuse et diversifiée d’expositions temporaires révélera au public la création foisonnante de jeunes artistes, pour la plupart encore inconnus en Europe, incarnant le visage résolument moderne de la Chine d’aujourd’hui ».
La directrice aussi :
« Nous accueillerons trois fois par an un artiste chinois récompensé par Yishu 8, la Maison des Arts de Pékin, avec qui nous avons noué un partenariat. L’idée est de mettre en avant des artistes contemporains chinois parfois connus, parfois non, parfois très expérimentés, parfois moins, mais dont le travail mérite d’être exposé. »
Mais une question nous turlupine. La censure l’emportant souvent sur la liberté d’expression (artistique notamment) en Chine, la liberté de culture sera-t-elle respectée au sein du NIFC ?
« Il n’y a pas de censure ici », assure Candice du Chayla. « La commission culturelle — présidée par Christine Cayol, co-fondatrice de la Maison des Arts de Pékin, Georges Képénékian, 1er adjoint au maire de Lyon, Hélène Lafont-Couturier, Françoise Petit, 7e adjointe au maire du 5e arrondissement et moi-même — juge les artistes uniquement sur leur travail artistique. Nous sommes sur un site qui traverse l’histoire, qui se veut apolitique et areligieux ».
Aura-t-on alors l’opportunité, dans ce lieu qui a reçu l’appui et le soutien politique de Xi Jinping et de Liu Yandong, vice-première ministre du gouvernement chinois, de voir les œuvres du génial Ai Weiwei, désigné en 2011 par le magazine britannique Art Review comme la figure la plus puissante de l’art contemporain, artiste engagé qui a survécu à 81 jours de détention et à une surveillance permanente des autorités chinoises ?
Ou encore celles de Zhang Hongtu, dont la peinture Bird’s Nest, in the Style of Cubism, représentant le stade national de Pékin et où les mots « Tibet » et « Human Right » étaient inscrits, avait été saisie à la douane chinoise en 2008 ? Réponse dans les mois qui viennent.
Le Nouvel Institut Franco-Chinois :
2 rue Sœur Bouvier, 5e
Tél. : 04 72 40 56 09
5 euros l’entrée au musée
Par Julie Hainaut sur petit-bulletin.fr.

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