La campagna non è piaciuta? Ne facciamo una nuova. #fertilityday è più di due cartoline, è prevenzione, è la #salute degli italiani.
— Beatrice Lorenzin (@bealorenzin) 1 septembre 2016
« La campagne ne plaît pas ? Nous en ferons une autre. #fertilityday c’est plus que deux affiches, c’est la prévention, et la #santé des italiens. »
Un pas en arrière. Après la polémique, la ministre de la Santé Beatrice Lorenzin a annoncé dans un tweet, le 1er septembre dans la soirée, que la campagne du Fertility Day serait modifiée. Matteo Renzi, le président du Conseil a quant à lui déclaré qu’il n’était pas au courant de cette campagne et qu’il n’avait « jamais vu personne faire des enfants après avoir lu une affiche », rappelle La Repubblica.
Le chef du gouvernement est allé dans le sens de ses concitoyens :
« Je connais en revanche beaucoup de femmes de ma génération qui me disent : Comment je fais Matteo pour avoir un enfant si je n’ai pas les grands-parents à côté ? Je suis dans un état de précarité permanent.»
Au mois de juillet, Jennifer Aniston poussait un énième coup de gueule contre la presse people. « Non, je ne suis pas enceinte », écrivait-elle dans une tribune publiée sur le Huffington Post. « Fatiguée et en colère », elle poursuivait :
« On définit la valeur d’une femme en fonction de son statut marital et maternel. Nous sommes entières, avec ou sans compagnon, avec ou sans enfant. »
Même la Rachel de la série « Friends » n’a pas empêché le ministère de la Santé italien de se vautrer.
#FertilityDay, un hashtag pour dégommer la campagne
Fin août, la ministre de la Santé Beatrice Lorenzin a donc lancé une étrange campagne en faveur de la natalité dont le clou du spectacle sera atteint le 22 septembre prochain, jour du Fertility Day.
Si l’objectif du ministère était, comme il l’écrit sur son site, « d’attirer l’attention de tous sur la fertilité et la procréation », c’est gagné.
« Bouge toi, n’attend pas la cigogne »
« La beauté n’a pas d’âge, la fertilité oui »
« Des parents jeunes. Le meilleur moyen d’être créatif »
« Sexiste », « paternaliste », « insultant ». Les Italiens hurlent contre cette campagne « digne des années 30 ».
L’auteur de Gomorra, Roberto Saviano décortique les affiches et résume bien la colère des italiens dans un post publié le 31 août sur Facebook :
1) « La beauté n’a pas d’âge, la fertilité oui » [Slogan de la campagne, ndlr]
Cela signifie, simplement, dépêchez-vous de faire des enfants : vous n’avez pas de travail stable ? Aucune importance. Vous n’êtes pas certains que votre partenaire soit la bonne personne ? Mon Dieu, que de problèmes vous vous créez. Allez, procréez, faites-le le cœur léger, là où deux mangent, trois peuvent manger.[…]
3) « Des parents jeunes, le meilleur moyen d’être créatifs » [Slogan de la campagne, ndlr]
Faisons une ovation ! Dans un pays avec le taux de chômage pareil, où celui qui a du talent, des ambitions et des espoirs émigre sur ; où celui qui n’a pas une famille économiquement solide qui puisse lui garantir des études est contraint à l’émigration, tout cela ressemble à une belle blague. J’imagine que tous les nouveaux parents quadras auraient aimé avoir des enfants à 25 ans, mais peut-être qu’à cette époque ils rongeaient des os, travaillaient gratos pour une entreprise, rencontraient des difficultés à s’insérer le monde du travail et donc, de manière responsable (oui, heureusement), ils ont pensé qu’il y avait le temps pour faire des enfants. »
Taux de natalité VS chômage
Oui, l’Italie est un pays vieillissant où le taux de mortalité a parfois dépassé le taux de natalité. Ce dernier est souvent le plus bas d’Europe avec un petit 1,4 enfant par femme en âge de procréer (contre 2,01 en France)*.
Mais l’Italie est aussi un pays d’émigration : les jeunes partent pour faire leurs études et trouver du travail à l’étranger. Si le taux de chômage des 15-25 a baissé de 1,5 point en février dernier, il reste à un taux affolant de 36,7 % pour cette tranche d’âge (la moyenne dans la zone euro est de 21,6%). Et dépasse les 56% dans certaines régions du sud de la Botte.
Avec un humour grinçant, les Italiens ont détourné les affiches du Fertility Day. Ici les jeunes rappellent à quel point ils sont touchés par la précarité :
« Ma grossesse dure beaucoup plus longtemps que mon contrat. »
Seuls certains gynécos ont applaudi l’initiative sur les réseaux :
Ragazzi pensateci per tempo alla vostra fertilità!! Le ragazze lo fanno già !! Voi lo scoprite a 49 anni quando è già tardi! #fertilityday
— Carlo foresta (@Carloforesta) 31 août 2016
« Les mecs, pensez-y à temps à votre fertilité !! Les jeunes femmes y pensent déjà !! Vous, vous le découvrirez à 49 ans, quand il sera trop tard #Fertilityday »
Pas de quoi réconcilier les Italiens avec leur ministre.
* Chiffres 2011
Chargement des commentaires…