Nous republions cet article publié à l’origine le 8 juillet 2015 ; il était ainsi titré : « Le docu sur Amy Winehouse, un contresens complet ».
Le film la décrit comme une jeune fille plongée trop vite et trop tôt dans la célébrité et la hype londonienne de Camden, passant de mauvaises rencontres — un mari junkie et noceur — en tentatives de récupération opportuniste — son propre père, qui vend son exil post-rehab’ à une équipe de télé-réalité — de star montante reçue dans tous les talk-shows à tête de turc des mêmes dans leurs éditos « comiques » — Jay Leno, au sommet de son hypocrite flagornerie.
Seringues et déchets
Discutables par contre, et même embarrassants, sont les choix du cinéaste : plutôt que de montrer les visages des interviewés, il ne conserve que leurs voix et préfère insérer des images très privées tournées dans l’intimité par Winehouse avec son téléphone portable, selfies figés ou en mouvement, qui vont jusqu’à cette vision de son appartement jonché de seringues et de déchets.
En adoptant le point de vue des paparazzis, des voyeurs et des tabloïds people, Kapadia commet un contresens filmique qui annule la portée de son discours ; difficile de désigner les bourreaux de Winehouse en regardant à travers leurs téléobjectifs, leurs images granuleuses et en allant fouiller les poubelles numériques de celle qu’on prétend défendre.
Sortie le 8 juillet.
Par Christophe Chabert sur petit-bulletin.fr.
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