Eric Piolle, le maire écolo de Grenoble, se déclare désormais « confronté au réel » pour justifier des décisions impopulaires et de fortes restrictions budgétaires.
La première année de mandat avait plutôt bien roulé pour lui. Fort des premiers engagements tenus comme la suppression des panneaux de publicité, l’arrêt de l’armement des policiers municipaux ou la remise à plat du projet d’urbanisme de la Presqu’île fortement contesté, sa majorité rouge-verte-citoyenne avait aussi profité des difficultés de ses opposants socialistes à se remettre en ordre de bataille après leur surprenante défaite électorale.
Qualifié de « laboratoire de la nouvelle gauche du XXIe siècle » par Jean-Luc Mélenchon et de « radicalisme pragmatique qui fonctionne » par Cécile Duflot, l’expérience grenobloise avait même inspiré cette année là un rapprochement éphémère de leurs deux familles politiques respectives, vite abandonné à cause de divergences devenues trop évidentes.
Le consensus impossible
Mais la dynamique s’essouffle, émaillée tout au long de cette deuxième année d’exercice par des relations houleuses avec le monde économique et culturel, des initiatives contestées, des polémiques politiciennes, un effritement de sa majorité sur plusieurs dossiers et le réveil de l’opposition.
La majorité grenobloise se retrouve enlisée dans un défi budgétaire, coincée entre les coupes franches du gouvernement dans les dotations aux collectivités locales et la promesse de ne pas augmenter les impôts locaux qu’elle compte bien honorer.
Pour résoudre l’équation et se préserver d’une mise sous tutelle de la préfecture, elle a présenté dernièrement son « plan de sauvegarde des services publics » : un plan de rigueur qui ne figurait évidemment pas au programme du candidat Piolle et qui n’augure rien de bon pour la popularité à venir de l’exécutif grenoblois, d’autant plus que l’année présidentielle qui s’ouvre risque de créer des tensions supplémentaires dans cette majorité bigarrée.
Sans occulter quelques réussites politiques de cette deuxième année d’exercice, comme la généralisation quasi-unanime des 30 km/h de circulation sur la métropole ou l’ambitieux plan école à 66 millions d’euros, la chronologie ci-avant témoigne d’une gestion quotidienne conflictuelle, lucide sur l’impossible consensus mais aussi perçue comme une méthode politique clivante et autoritaire, bien éloignée de l’apaisement revendiqué et de la « co-construction » promise.
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