Gérard Collomb aime bien Laurent Davezies. Il cite souvent ses travaux et a même fini par lui commander une étude sur la circulation des revenus de la Métropole de Lyon. Lui qui défend l’idée qu’il vaut mieux aider les grands territoires comme les métropoles pour mieux irriguer ceux avoisinants, parfois en difficulté, a donc désormais des chiffres sur lesquels s’appuyer pour dire :
« L’idée selon laquelle il faut prendre à la ville centrale pour redistribuer est fausse. Les effets redistributifs sont déjà forts et si la ville centrale s’effondre alors le reste aussi. »
L’économiste, enseignant notamment au CNAM, a évalué à près de 9 milliards d’euros la contribution du territoire de la Métropole de Lyon aux revenus des autres territoires. Le Nouveau Rhône en capterait 1,1 milliard d’euros. Ce chiffre découle de la différence entre le revenu disponible brut des ménages (RDB) s’il était proportionnel au PIB de la Métropole et le RDB réellement constaté.
Cette « déperdition » se ferait donc aux bénéfices d’autres territoires, limitrophes, ou au bénéfice des grands mécanismes de solidarité nationale.
Une fat Métropole de Lyon
Avec un PIB estimé à 58 milliards d’euros, la Métropole de Lyon représente 3,1 % du PIB de la France (contre 31 % pour l’Île-de-France à titre de comparaison). Les flux de revenus sortant de la Métropole concernent donc en premier lieu la participation de la Métropole de Lyon et de ses habitants au budget de l’État et de la protection sociale.
Sur le territoire de la Métropole de Lyon, 62 % des ménages payent l’impôt sur le revenu contre 58 % en moyenne en France.
Par ailleurs, elle rassemble 2,64 % des emplois du pays mais n’y sont versés que 1,95 % des pensions de retraites. Idem pour les dépenses de protection sociale où la Métropole de Lyon contribue davantage qu’elle ne reçoit.
Les effets redistributifs de la Métropole se perçoivent également sur les territoires avoisinants. Laurent Davezies les évaluent à 3,7 milliards d’euros :
« C’est considérable. C’est équivalent au montant total des salaires versés par les entreprises de la Drôme par exemple ».
Les « navetteurs », ces gros pourvoyeurs de revenus
Principale explication : l’emploi. A travers notamment les « navetteurs », ces habitants des départements limitrophes qui viennent travailler dans la Métropole de Lyon. Ils représentent 38 % des actifs occupés du nouveau Rhône, 13 % des actifs de l’Ain, 9 % des actifs de l’Isère ou encore 5 % des actifs de la Loire. Ces actifs rapatrient donc à travers leurs rémunérations près de 5,5 milliards d’euros dans leurs départements de résidence.
A l’inverse, les résidents de la Métropole allant travailler dans un département voisin récupèrent au profit de la Métropole environ 1,8 milliard d’euros de rémunération.
A l’intérieur même de la Métropole de Lyon, les circulation d’actifs et les transferts de revenus sont à l’oeuvre. Ainsi, l’étude de Laurent Davezies montre que les territoires comme ceux de Porte des Alpes (Bron, Chassieu, Saint-Priest) ou Ouest-Nord (Ecully, Dardilly, Limonest..), Lyon-Villeurbanne ou Portes du Sud (Saint-Fons, Vénissieux, Corbas..)offrent beaucoup plus d’emplois aux actifs des autres territoires de la Métropole.
Ils génèrent ainsi pour 1,24 milliard d’euros de revenus aux autres zones de la Métropole de Lyon. Alors même que certains d’entre eux sont plutôt pauvres et que des inégalités subsistent toujours au sein de l’agglomération.
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