Dix groupes de comédiens amateurs les ont pris en charge et répétés chacun de leur côté pendant plusieurs semaines.
Il y a là des personnes réfugiées et d’autres retraitées, des élèves de CM2, des enfants placés par la justice, des comédiens trisomiques, un groupe d’avocats, des collégiens de 5è Segpa, des voisins du quartier… Il y a au centre de leurs mouvements les musiciens du Quatuor Béla. Des gens dansant, murmurant, jouant, sifflant.
Sait-on en les voyant d’où ils viennent, ce qui les a menés là ; cela a-t-il une importance ? Oui et non. Oui parce que l’on entend l’ampleur du travail accompli à les regarder s’approprier ce texte datant de 1948, qui résonne dans chacun de ces comédiens d’un jour. Non parce que le spectacle file, il plonge dans le contenu de cette Déclaration universelle des droits de l’homme en en donnant une interprétation étonnante, musicale et organique.
Citoyennes, les variations
C’est le pari de « Variations citoyennes », en 2016 : faire travailler des publics amateurs très divers sur quelques uns des articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme pour aboutir à un spectacle exigent. Il a alors fallu à chacun des groupes malaxer ces questions si actuelles, portant sur la liberté d’expression, sur le droit à se battre pour elle, sur la dignité au travail, sur le droit au logement ou à l’éducation.
Accompagnés pendant plusieurs semaines par des metteurs en scène ou chorégraphes, par une réalisatrice pour une partie vidéo projetée, les groupes ont travaillé des formes propres à leurs envies, avant de se retrouver tous et d’emboîter leur pièce à celles des autres.
Sur la scène, des panneaux blancs encadrent ou surplombent les comédiens ; ils servent parfois d’écrans sur lesquels sont projetés les articles de la Déclaration.
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
Les textes sont parfois dits, entiers ou amputés, d’autres fois ils sont seulement transmis à travers les corps et les mouvements, puis à la fin murmurés et criés. Dans le brouhaha des voix qui s’entrechoquent, dans les élans musicaux composés spécialement par le Quatuor Béla installé là comme une pierre angulaire, le propos du spectacle se tisse sous nos yeux.
Et les variations, puisqu’elles sont ainsi nommées, rendent alors vibrante cette Déclaration qui a posé, il y a 70 ans, les bases de nos droits fondamentaux.
Représentations ce mardi soir et ce mercredi soir à 20h, au Théâtre de la Croix-Rousse.
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