Objectif : dégoter un bouquin rare sur le graphisme pour surprendre son nouveau mec bibliophile.
Le Bal des Ardents se pare de ses habits de fête le temps d’un week-end. Au programme : des rencontres, des conférences, des projections, des dédicaces (dehors, au soleil) autour d’éditeurs et d’auteurs chers à la librairie. L’occasion d’écouter Frédéric Pajak, faire la connaissance de Claude Louis-Combet, siroter une mousse, danser dans la rue au son de l’accordéon (un bal est organisé le samedi soir), assister à une projection autour du magazine 6 Mois, se faire dédicacer la revue graphique Laurence 666 par le collectif Mauvaise Foi, assister à un atelier de sérigraphie…. Le samedi 21 mai de 10h à minuit et le dimanche 22 mai de 10h à 20h
Risque : feuilleter avec ardeur Selle de Ch’val (revue de critique sociale & d’expériences littéraires), se plonger dans Le Matricule des Anges (revue de littérature contemporaine), rester baba devant l’immense fonds de littérature et de sciences humaines, se découvrir une passion pour Chestov.
Se perdre dans L’Ancêtre de Juan José Saer, repartir avec l’intégralité d’Orwell (les quatre volumes de correspondance et ses deux bios, et non pas seulement sa fameuse Ferme des animaux et son roman d’anticipation 1984).
S’enfermer chez soi, lire, s’évader, oublier l’anniversaire de son nouveau mec bibliophile.
Vous l’aurez compris, le Bal des Ardents fait perdre la tête.
Année érotique et époque suivante
Jusqu’en 2003, le 17 de la rue Neuve abritait La Musardine, une librairie érotique. Salarié du lieu, Francis Chaput-Dezerville la rachète pour en faire une librairie généraliste, « comme antan », à savoir une librairie de fonds.
Le Bal des Ardents, clin d’œil au texte de Pierre Bettencourt (poète et plasticien), voit le jour avec un fonds de 3000 ouvrages. Treize ans plus tard, l’adresse est truffée du sol au plafond de plus de 25 000 ouvrages en tout genre.
De la littérature francophone, de la poésie, de la photographie, des BDs, des cahiers sur le théâtre, des livres de sciences politiques, des essais improbables, des polars, des encyclopédies, des œuvres érotiques… Pour beaucoup, cette librairie est encore exclusivement une adresse licencieuse. Pourtant, le fonds Curiosa ne compose que 3% de l’ensemble des œuvres présentées.
Ce sont la littérature et les sciences humaines qui sont le plus représentées.
« Nous effectuons un véritable travail de fond, nous conservons les ouvrages importants, indépendamment de leur date d’écriture et de leur rotation. »
« Briser les lignes »
Ne comptez pas tomber sur le dernier Beigbeder ou Levy. La maison choisit minutieusement chacun de ses titres. On déniche des œuvres d’auteurs méconnus — Emmanuel Bove, Jacques Abeille —, des publications oubliées d’écrivains de renom — L’Idiot de la Famille de Jean-Paul Sartre par exemple —, des petits éditeurs — La Fabrique, Arbitraire, Le Tripode — mais aussi des auteurs incontournables : Beckett, Dostoïevski, Clausewitz.
Le credo de cette librairie ?
« Briser les lignes, lutter contre toutes les sortes d’estampillages qui enferment et censurent. Un fanzine biélorusse est ici considéré avec le même égard que la nouveauté Gallimard », affirme Francis.
Un lieu incontournable pour sa sélection affûtée, mais aussi sa déco — les bouquins sont posés sur de vieilles chaises de coiffeur et des étagères entièrement créées par le maître des lieux — et sa musique de fond, qui oscille entre du Bashung, du Bob Dylan et du Nick Cave.
On vous met au défi d’entrer dans cette librairie singulière et d’en ressortir les mains vides.
Le Bal des Ardents, 17 rue Neuve, Lyon 1er.
Par Julie Hainaut, sur petit-bulletin.fr.

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