Véritable vecteur d’expériences sensorielles, XLR Project s’est peu à peu forgé une identité grâce à des rencontres artistiques faisant intervenir la vidéo, la musique, la danse, le théâtre, l’architecture, la lumière, la littérature, toujours au travers de technologies, nouvelles.
Depuis peu, 99 angles.net est le point de convergence de différents projets menés par Nicolas Ticot. C’est une nouvelle aventure en collaboration avec des artistes et des professionnels français et étrangers. Des propositions artistiques liant les écritures numériques à des modes d’intervention dans l’espace public sont co-construites.
L’idée principale étant d’intervenir dans des espaces en déshérence ou en transformation avec des artistes locaux implantés que Nicolas Ticot amène à travailler autour du numérique.
99 angles, chronologie d’une aventure en marche
En France, il y a quelques mois à Lyon, 99 angles s’est matérialisé par une performance mêlant arts numériques, danse et BMX dans le grand espace désaffecté qu’est la halle aux fleurs, dans l’ancien marché de gros à la Confluence.
A la Nouvelle Orléans, il y a quelques semaines, Nicolas Ticot a travaillé avec des membres de la communauté noire qui se sont réappropriés une église et des bâtiments faisant partie de l’histoire d’un quartier. Financé par le Arts Council local (équivalent de notre Délégation aux affaires culturelles), il a imaginé avec les habitants et artistes des rétro-projections sur les façades : « des choses qui fonctionnent au niveau artistique et sociologique », dit-il.
Revenu du Benin, début 2016, Nicolas Ticot s’inspire de la culture vaudoue, de l’art sacré, toujours en lien étroit avec des artistes locaux pour créer une production numérique dans un esprit d’échange et de partage.
« Mon travail s’inspire de celui de Banksy et JR, deux artistes que j’aime et qui font du street art ».
A chaque fois, pour ces œuvres, il revendique une durée de vie in situ pour créer du lien social, (il s’agit de faire du socio culturel avec le renouveau que peuvent apporter les NTIC) mais aussi sur le web grâce au site 99angles.net, plus pour faire mémoire que pour faire le buzz précise t-il.
Autant de voyages, autant d’investissements, méritaient qu’on s’intéresse de plus près à cet artiste lyonnais grâce à notre questionnaire « Orgueil et Préjugés ».
Rue89Lyon : Quel a été votre premier geste artistique ?
Nicolas Ticot : Vers huit ans, je faisais des petites sculptures avec des ciseaux à bois que mes parents m’avaient offerts. Je dessinais aussi beaucoup. Comme j’étais très turbulent, mes parents m’ont envoyé en Angleterre et j’ai fait le tour des églises pour les dessiner. En ex-Yougoslavie aussi, j’ai dessiné des monastères.
Quelle pratique artistique trouvez-vous intolérable ?
Aucune ! Je suis pour le « faire ». Agissons !
Quelle est pour vous la plus grosse arnaque artistique ?
A partir du moment où c’est une arnaque, ce n’est plus de l’art. Pour moi, une proposition est artistique ou pas. L’arnaque est dans le champ du social, c’est lorsque tout le monde se dit artiste, veut avoir la position d’artiste, comme dans les émissions de téléréalité, le star system. Pour moi, on est artiste ou pas, c’est tout.
Votre pire souvenir pendant une représentation ?
Un truc horrible qui m’est arrivé lors de la Fête des Lumières de Chartes. J’avais quatre sites, quatre créations et notre prestataire technique s’est complètement trompé dans les optiques et le matériel, donc tout était flou ou de travers.
« Je suis parti à 15 ans de chez moi, j’avais besoin d’être libre »
Avec lequel de vos parents pensez-vous avoir un problème ?
Ma mère. Il faut réussir à trouver sa liberté, se libérer de son pathos d’enfant. Je suis parti à 15 ans de chez moi pour y revenir après. Mais à un moment, j’ai coupé les ponts. J’avais besoin d’être libre. J’ai fait un CAP dans un foyer de jeunes travailleurs.
A quelle personnalité politique pourriez-vous dédier une de vos créations ?
Je ne connais, pour l’instant, aucune personnalité politique qui ne travaille pas avant tout pour elle-même.
Le dernier produit culturel consommé/acheté/emprunté ?
Un roman de l’écrivain islandais Arnaldur Indriðason, Le duel, qui m’a été conseillé par la librairie Un Petit Noir, située sur les pentes de la Croix Rousse. C’est un auteur qui a été invité par la manifestation Quais du polar. J’ai aussi acheté un disque vinyle de Boards of Canada, de la musique électro. Il était d’occasion chez un disquaire à la Nouvelle-Orléans.
« Si on me fait une commande, je satisfais à la commande, c’est une autre manière de travailler »
Avez-vous déjà sacrifié votre art pour de l’argent ?
C’est très clair, oui ! Pour des commandes événementielles qui n’ont pas de propos. J’ai plusieurs secteurs d’activités et même une activité plus underground que ce que je montre usuellement. On est un peu obligé de classifier. Si on me fait une commande, je satisfais à la commande, c’est une autre manière de travailler. Au bout de cinq minutes de discussion, je sais si je peux ou pas accepter la commande, c’est une chose que l’on sent…
Un projet à venir, un nouveau chantier, c’est : 1/ pour se refaire une santé financière, 2/ pour montrer que vous êtes (toujours) en vie, 3/ pour prouver à un plan drague que vous êtes artiste contemporain ?
Oh, mais c’est quoi ça ? Trois trucs négatifs… Soit pour draguer, soit pour faire du fric, soit pour dire que je ne suis pas mort ! Non ce n’est aucune des trois réponses, c’est juste pour découvrir, explorer. Vivre de son art.
Et sinon, vous comptez faire un vrai métier, un jour ?
J’en suis complètement incapable. Je ne suis pas pour autant « assisté », hommage à Laurent Wauquiez !
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