Des péripéties de différentes natures ont ponctué ce jeudi de débat. Elle a notamment démarré par le départ de l’hémicycle des élus d’opposition, de gauche (PS, PRG et PC) et du FN, ne souhaitant pas participer au vote du budget qu’ils ont qualifié de « mascarade ». En retour, Laurent Wauquiez leur a demandé de cesser leur « cinéma ». Les élus (écologistes notamment) du Rassemblement sont eux restés, permettant donc une forme de débat avec la majorité.
Le budget de plus de 3 milliards d’euros a fini par être adopté, après quoi tout le monde est revenu dans l’hémicycle, en fin de journée, pour aborder des questions d’aménagement du territoire.
Et hors champ, un document nous a été transmis, qui a attiré l’attention de quelques journalistes une fois son authenticité confirmée.
Des territoires à conquérir (ou le nucléaire dans la Drôme)
Ce rapport de quatre pages fait le compte-rendu d’un séminaire qui s’est déroulé le 4 avril, qui réunissait au Puy-en-Velay (ville dont Laurent Wauquiez a été maire), les élus de sa majorité (Les Républicains, divers droite et « société civile »).
Il s’agissait d’une réunion politique, classique. Elle a été menée par le président de région, qui est par ailleurs numéro 2 du parti Les Républicains, et par une personnalité-clef que Laurent Wauquiez a intégrée à son cabinet : Ange Sitbon. Ce dernier avait tenu jusque là la fonction de directeur des opérations électorales au sein du parti de Nicolas Sarkozy. On dit de lui qu’il est « le plus grand expert de la carte électorale, tous partis confondus ».
Ange Sitbon constitue une très bonne prise pour le président de région, qui a désormais à disposition un aiguilleur très précis dans les territoires. Et dans les ambitions futures.
Aussi n’est-on pas surpris de lire dans le compte-rendu de cette réunion une analyse des résultats électoraux obtenus par Laurent Wauquiez en décembre dernier, par département. Puisque le candidat LR a gagné, elle est évidemment plutôt bonne. Exceptés « quelques mauvais points », qui se situent dans l’Isère et dans la Drôme (ici, le vote FN a été particulièrement fort, note-t-on).
Quelles conclusions en tirer ? Le rapport est clair :
« Laurent Wauquiez devra donc effectuer des déplacements régulièrement sur ces territoires, avec de fortes prises de position sur le nucléaire dans la Drôme. »
Le président de région compte convaincre de son action là où il est le moins apprécié, ce qui est légitime. On constate aussi que l’action politique ne se détache jamais voire qu’elle est guidée par des objectifs électoraux, motivant des prises de parole sur des thèmes aussi fondamentaux que le nucléaire.
La communication et la presse, à ne jamais négliger
Le peu de goût que Laurent Wauquiez montre pour le débat avec ses opposants apparaît sous cette forme :
« Les débats en commission sont moins importants (que ceux menés en assemblée plénière certainement, ndlr). Il faut les considérer comme des instances de traitement. »
Par ailleurs, le président de région a invité les élus de son bord à adopter une méthode qui est la sienne depuis sa campagne électorale. Soit occuper le terrain médiatique.
« Quand un sujet concernant directement le terrain de l’élu est abordé en commission permanente, celui doit réaliser une conférence de presse. Il ne faut pas être passif. »
Et il est vrai qu’il ne se passe quasiment pas un jour sans que la presse, locale notamment, ne se fasse le relais d’une annonce by Laurent Wauquiez, sur les projets à venir sur le territoire.
Etienne Blanc, premier vice-président de la région, a d’ailleurs déclaré ce jeudi qu’il ne comprenait pas que certains s’indignent dans la presse de subventions (versées à Jazz à Vienne ou à l’UNI, ou au Puy-en-Velay pour sa mise en lumière par exemple), « alors qu’aucune dépense n’a encore été faite » par cette Région nouvelle version, et qu’aucune de ces décisions n’a encore fait l’objet d’une délibération ni même n’a été votée à l’issue d’un débat.
On peut s’interroger sur le destinataire d’un tel message, tant il devrait en premier lieu être transmis à Laurent Wauquiez, lui qui fait tourner à plein la machine à petites annonces, au cours de ses différents déplacements et conférences de presse.
« Eviter tout scandale »
Ce rapport tient lieu également de code de conduite. Si le document insiste sur ce à quoi l’on assiste depuis la prise de fonction de Laurent Wauquiez, c’est à dire marteler que le précédent exécutif a ruiné la région, le document indique par ailleurs aux élus de la majorité comment se comporter.
« Tous les conseillers régionaux doivent faire attention à leur éthique : beaucoup d’exigences personnelles mais aussi avec un certain nombre de structures financées par la région ».
Etonnant de devoir spécifier ce dernier point tant il est inhérent au rôle d’un élu. La raison de ces injonctions claires est écrite en toutes lettres :
« Il faut absolument éviter tout scandale. »
Laurent Wauquiez aime répéter que la probité doit « être de retour » dans cette collectivité, accusant la précédente majorité d’avoir mené une « gestion criminelle ». Il fait régulièrement référence au dossier Erai, caillou dans la chaussure des socialistes. Pas question que le bâton lui revienne à la figure.
Toujours dans un souci de communication, Laurent Wauquiez a très envie de voir briller l’enseigne d’Auvergne Rhône-Alpes aux frontons des structures soutenues à travers le territoire. Et il est vrai que cette collectivité souffre d’un déficit de notoriété – véritable manque à gagner politique pour qui la préside.
Assez rassurante, l’invitation faite aux élus par Laurent Wauquiez à sillonner leur territoire : « le travail de conseiller régional ne doit pas se faire qu’à Lyon ». De quoi servir l’image de l’échelon « région », peu connu des citoyens et, par le même temps, celle de Laurent Wauquiez lui-même, certainement.
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