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Le documentaire « Free to run », ou quand les femmes n’avaient pas le droit de courir

Comment l’envie de jogger vint aux hommes, et le droit de courir fut conquis par les femmes… Partant d’un propos propre à captiver les runners du dimanche, Pierre Morath signe un documentaire haletant.

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Le documentaire « Free to run », ou quand les femmes n’avaient pas le droit de courir

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De loin, ça ressemble à une soirée Théma d’Arte : un sujet dont on se moque comme de sa première ampoule au talon, que l’on commence à regarder par distraction, désœuvrement ou défi personnel… et qui finit par vous happer, parce qu’il est édifiant.

Difficile d’admettre que la pratique de ce sport populaire est si jeune, que sa mixité l’est encore plus et que son économie gigantesque a ruiné l’idéal hygiéniste et désintéressé de ses précurseurs — des adeptes du mens sane in corpore sano courant pour l’amour de la nature et du sport, malgré les quolibets, les entraves ou le mépris environnant.

Tu peux courir !

Morath centre son documentaire sur une paire d’actes fondateurs : la lutte pour que les femmes puissent participer aux compétitions de fond et demi-fond (la première épreuve féminine de marathon aux JO eut lieu à Los Angeles en… 1984 !) et la création du marathon de New York.

Cette dernière manifestation, lancée par une poignée d’originaux s’adonnant à la course le week-end, est devenue une machine de guerre entre les mains de Fred Lebow, piètre coureur amateur mais homme d’affaires visionnaire…

Entre les deux, il exhume la figure iconique du James Dean du fond, Steve Prefontaine. Tragiquement disparu en 1975 dans un accident de la route, Prefontaine a marqué son époque par des résultats hors du commun et des prises de position courageuses vis-à-vis des comités d’organisation sportifs qu’il accusait d’exploiter les athlètes.

Son indépendance d’esprit et ses performances lui valurent d’être soutenu par un équipementier débutant de l’Oregon (au fameux logo en forme de virgule), lequel récupéra largement sa mise grâce à l’engouement pour le héros et le loisir sportif.

S’il empile les interviews et compile les archives passionnantes, le cinéaste semble embarrassé lorsqu’il s’agit de s’engager personnellement, de commenter les dérives ou les dévoiements de son sport. Certes, il pointe quelques faits, mais reste prudent, dans une neutralité que l’on n’aurait pas le mauvais goût de qualifier d’helvétique.

Ça aurait pourtant eu de la gueule de rappeler au passage ce que les magnats de la savate ont fait de la mémoire de l’intègre Prefontaine (à part lui ériger une statue dans leur siège social). Un film peut-être aussi gênant qu’un caillou dans une chaussure.

Par Vincent Raymond sur petit-bulletin.fr.

Free to Run
De Pierre Morath (Sui/Fr/Bel, 1h39) avec la voix de Philippe Torreton… (sortie le 13 avril)

 

 


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