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Le Toboggan à Décines sur une pente glissante

Dirigé depuis deux ans par Sandrine Mini, le Toboggan de Décines est l’un des trésors de la culture en agglomération. Mais une baisse de 220 000 euros de subvention annoncée fin janvier par la mairie la contraint à réduire drastiquement sa programmation à l’heure du vingtième anniversaire. Rencontre avec cette directrice atypique viscéralement convaincue de la nécessité de l’accès à la culture pour tous.

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Le Toboggan à Décines sur une pente glissante

Sandrine Mini, à la tête de la salle du Toboggan à Décines. DR
Sandrine Mini, à la tête de la salle du Toboggan à Décines. DR

Sandrine Mini et la programmation qu’elle a faite cette saison au Toboggan se ressemblent : généreuses et éclectiques, toujours de très bon goût.

« Faire de la culture une fête et un divertissement sans jamais céder à la facilité », tel est le credo de cette femme de 45 ans, arrivée à la tête de la salle de Décines en même temps que la nouvelle équipe municipale estampillée Les Républicains, et après un parcours en musées (Réunion des Musées Nationaux, musée Picasso et un saut par l’ambassade de France dans sa seconde patrie, l’Italie).

Si sa candidature a émergé des 90 autres, c’est qu’elle voulait précisément travailler sur un territoire abrupt, l’Est lyonnais où la culture est nettement moins une évidence qu’en Presqu’île. « Au service des habitants », comme elle le dit souvent au cours de la conversation, elle ouvre le lieu, quitte à proposer des petites formes dans le magnifique hall pour ne pas effrayer ceux qui ne se sentiraient pas à leur place dans la salle de 650 places.

Et ça marche. Les abonnements des Décinois ont cru de 10% en un an. Parfois via le biais des séances scolaires à l’issue desquelles est proposé aux élèves de revenir voir le spectacle avec leurs parents, une place gratuite étant alors attribuée.

« Pour Riquet cet automne, quarante familles qui n’étaient jamais entrées dans le théâtre sont venues, parfois à quatre ou cinq », se souvient Sandrine Mini.

Il n’est pas question de remplissage à tout prix, mais d’un partage et d’un rempart au repli sur soi :

« La culture est une part importante de la sécurité, elle fabrique du lien social » dit-elle.

Non contente de programmer une nuit dédiée à la danse en ouverture de saison réunissant 1500 personnes, ou l’excellent ballet de l’opéra de Lyon en février dernier, la voilà qui accueille chaque lundi un groupe de hip hopeuses du programme L dans la Ville venues s’entraîner. Le Toboggan, conventionné danse par la DRAC ? Ouvert à tous.

220 000 euros de subvention en moins

toboggan

Défendre la culture comme composante indiscutable du vivre-ensemble ne peut en revanche se faire seul.

Jamais angélique, Sandrine Mini, titulaire d’un MBA (Master of Business Administration), croit aux partenariats privé-public ou avec d’autres structures culturelles.

Elle cherche à mêler les entreprises à son projet et ne demande pas au domaine public d’être la vache à lait des théâtres. Elle a appris fin janvier qu’une coupe de 220 000 euros serait opérée en 2016 sur les 820 000 euros attribués par la Ville.

Elle dit comprendre que la municipalité LR fasse ce qu’elle peut avec la baisse drastique de dotations de l’État vis-à-vis des collectivités territoriales, mais se montre beaucoup plus virulente envers la Métropole (qui lui a alloué 65 000 euros l’an dernier), accusant ses représentants culture de n’être jamais venus au Toboggan.

Selon elle, l’agglo « ne joue pas son rôle ».

Certains emplois pourraient être menacés selon la directrice. Sandrine Mini s’apprête en conséquence à amputer sa programmation. Visé : le cinéma, qui pourrait être amené à réduire son nombre de séances. (Ex) Limen programmé le 2 mars et Atlas fin mai ont disparu de l’affiche.

Deux autres spectacles devraient passer à la trappe. Et la rentrée s’annonce… blanche, à l’exception des pièces de la Biennale de la Danse. De quoi être dépité au moment de fêter théoriquement les vingt ans du lieu.

« Ce sont les équipes artistiques, les classes populaires et le public de proximité qui trinquent. C’est profondément injuste. Enfant, à Sartrouville, dans les années 80, j’allais au théâtre une fois par trimestre avec ma classe ; les gosses d’aujourd’hui n’ont pas cette chance. Est-ce normal ? Surtout à l’heure où les intégrismes progressent » questionne-t-elle, en colère.

En résistance

La directrice redouble d’efforts pour que le Toboggan reste un lieu de vie, par exemple avec le bar ouvert le soir quand tout ferme dans la ville à 19h30. Le théâtre, le cirque, la danse, les arts n’existent pas ex-nihilo, mais avec les spectateurs ; y compris et surtout ceux qui ne pensaient pas que ça leur était destiné.

Pour ne pas cloisonner la culture et l’enfermer dans une tour d’ivoire qui l’asphyxierait, elle mène un projet au long cours : « Ce stade chez nous » – hors de l’événement glouton de l’Euro – en discussion avec la Fondation de l’Olympique Lyonnais qui se « montre très intéressée » pour déployer dans les quartiers et dans la salle des spectacles des événements ayant trait au sport.

Fin septembre, la Biennale de la Danse se terminera espère-t-elle dans une grande nuit électronique. En attendant, les installations numériques des surdoués Claire M et Adrien B prendront corps le 15 avril et la douce mélancolie d’Annette le 8 mars.

Par Nadja Pobel sur petit-bulletin.fr.

 

 


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