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Avec le projet Part-Dieu 2020, Collomb veut une skyline à tout prix

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Projet Part-Dieu 2018-2023

La Part-Dieu est décrite comme le quartier de « gratte-ciel » de Lyon : son projet de rénovation est l’un des plus importants du plan de mandat de Gérard Collomb. Il devrait modifier le visage du territoire en profondeur avec la construction de nouveaux immeubles et de tours, avec le réaménagement de la gare et du centre commercial -très orienté vers les affaires et les bureaux. Certains craignent qu’il ne devienne un quartier de La Défense bis quand la Métropole de Lyon ambitionne d’en faire un quartier « à vivre ».

Gérard Collomb, président PS de la Métropole de Lyon, veut depuis plusieurs années sa skyline à la Part-Dieu. En juillet 2015, il redisait à l’un de nos lecteurs sa volonté intacte en la matière :

« Je souhaite une skyline avec des gratte-ciel qui se découpent dans le ciel, pas des tours qui s’amassent en un bloc compact. »

Autour de la tour du Crayon, construite dans les années 1970 s’élevant à près de 170 mètres, ont depuis poussé deux autres tours de bureaux : Oxygène, livrée en 2004 et InCity, 200 mètres de haut grâce à son mât inaugurée en 2015. Dans les cinq ans à venir la transformation du quartier devrait s’accélérer et sa hauteur grimper, du moins par endroit.

 « Ce ne sera pas Manhattan »

A grand renfort de communication, Gérard Collomb annonce en effet depuis de longues années l’arrivée de nouvelles tours dans le quartier. Il y a quatre ans, au salon spécialisé du MIPIM à Cannes, Gérard Collomb avait annoncé en grandes pompes la construction de deux tours : la tour Eva, haute de 220 mètres (soit un peu plus que la tour InCity), à côté de l’actuelle tour du Crédit Suisse et celle de la tour Silex 2. Au risque peut-être de laisser croire que le quartier entier allait être progressivement constellé de gratte-ciel.

La « skyline », Gérard Collomb n’a eu de cesse d’en parler durant son second mandat. Et à chaque édition du Mipim ou presque, il annonce la construction d’une tour. Après la Tour Eva en 2011, il annonçait ainsi le projet Two Lyon en 2012, deux bâtiments mitoyens de bureaux et d’hôtellerie dont un immeuble de grande hauteur, à la sortie de la gare du côté sud de la place Béraudier.

« On a peut-être mal communiqué à ce moment-là et laissé s’installer l’idée d’un quartier de tours. Mais le projet ce n’est pas uniquement les tours », indique Ludovic Boyron, directeur de la SPL Lyon Part-Dieu (Société Publique Locale) qui porte le projet pour le compte de la collectivité.

Michel Le Faou, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l’urbanisme, parle lui de « redessiner l’image de Lyon avec quelques éléments hauts ». Plus que le nombre, c’est la densité à laquelle il dit être plus attentif pour l’harmonie du quartier mais aussi peut-être pour ne pas trop effrayer.

 « Il n’y aura pas une multitude de tours, la Part-Dieu ne sera pas Manhattan. Il ne faut pas rapprocher les tours les unes des autres. De toute façon, il y a une limite de territoire. Ce qui est sûr c’est que d’ici 2030-2035, il y aura d’autres tours à la Part-Dieu. »

Mais pas tout de suite.

« Le débat public n’a pas lieu »

Il faut dire que pour les commissaires enquêteurs, qui ont étudié les modifications du PLU (plan local d’urbanisme) de la Métropole de Lyon et notamment le projet Part-Dieu, la collectivité n’a pas suffisamment informé sur ces projets de grande hauteur et a même semblé les « éviter opportunément ».

Ils estiment évidente la « non appropriation du projet par le public » et relèvent un « violent refus des nouvelles hauteurs proposées ». Les conclusions de leur enquête, que la Métropole n’est en rien contrainte de suivre, a d’ailleurs conclu à deux principales réserves sur :

  • la construction de la tour Eva (appelée aujourd’hui Swiss Life) de 200 mètres de haut derrière l’actuelle tour du même nom
  • une hauteur de 60 mètres autorisée sur le site Bonnel-Lafayette et sur le tènement de France Télévisions

Notant une « faiblesse du dispositif d’enquête publique », les enquêteurs nommés par le tribunal administratif estiment que :

« Le débat public sur les immeubles de grande hauteur doit avoir lieu ! Et ce débat ne peut se limiter aux seuls riverains, aux proches quartiers, à l’arrondissement, à la rive gauche – Villeurbanne compris, à la ville de Lyon. Il doit aussi concerner l’ensemble des habitants de l’agglomération (…) »

Les commissaires enquêteurs regrettent que la Métropole ait choisi une modification de son PLU plutôt qu’une révision, procédure plus lourde et plus longue. Les questions de la densité et des immeubles de grande hauteur nécessitaient selon eux davantage de concertation et « d’évaluation environnementale globale ». Si l’avis général à la modification du PLU et du point concernant la Part-Dieu demeure favorable, les commissaires estiment dans leur rapport ne pas avoir tous les moyens pour évaluer la conformité des modifications proposées avec les plans directeurs encadrant l’urbanisme de la Métropole.

Pour Ludovic Boyron, directeur de la SPL Lyon Part-Dieu, cet avis ne tient pas :

« Ils disent que le projet n’est pas conforme au SCOT (schéma de cohérence territoriale) et au PADD (projet d’aménagement et de développement durable), c’est faux. Et la question de la densité à la Part-Dieu est parfaitement assumée. Quant à l’absence supposée de concertation, depuis 2012 il n’y a pas eu trois mois d’affilée sans concertation ou enquête publique. On a par exemple écouté les habitants pour renoncer à un projet d’implantation de bureaux dans une copropriété ou revoir la hauteur d’un immeuble à la baisse, de 50 à 28 mètres, sur le secteur Cuirrassiers/Desaix.»

Objectif politique : « parler aux investisseurs »

Voulu notamment pour renforcer sa destination de quartier d’affaires, le projet Part-Dieu est constitué d’un ensemble de projets immobiliers privés tourné vers la construction de bureaux. La Part-Dieu est le deuxième quartier du genre en France derrière La Défense. Avec un peu plus d’1 million de m² de bureaux, l’objectif de la Métropole est de porter la surface à 1,7 million d’ici 2030. Avec un taux de vacance de bureaux relativement faible, autour de 5 %, la demande semble être là. Mais il faut que le marché puisse absorber tous les projets.

«Il faut que ça colle à un marché qui pour l’instant permet une tour tous les dix ans», estime Michel Le Faou.

Après les trompettes des annonces, quatre ans plus tard, seul le projet Two Lyon devrait sortir de terre d’ici 2020. La tour Eva, de plus de 200 mètres, est remise à plus tard. « Il n’y a pas de réalité économique à court terme », indique Ludovic Boyron. La tour Silex 2, malgré un permis de construire signé, attendra sa commercialisation avant d’être construite. La construction de l’immeuble Silex 1 a elle bien démarré mais n’a pas trouvé de locataires pour le moment.

« L’important c’est de dire aux investisseurs que si vous voulez construire des tours c’est possible », déclare Michel Le Faou.

Des bureaux, mais pour qui ?

Avec 2200 entreprises pour 56 000 emplois implantés actuellement sur le quartier de la Part-Dieu, la Métropole attend 40 000 emplois supplémentaires d’ici 2030. Du côté des maîtres d’œuvre on indique qu’on va « s’adapter à la demande ».

« La typologie des entreprises à la Part-Dieu ce sont pour 30 à 40 % des emplois des banques, des assurances et la finance au sens large et pour plus de 40 % des emplois dans l’ingénierie énergétique, numérique, dans les transports. Développer le tertiaire, c’est accueillir des grands groupes mais aussi des PME ou TPE qui ont besoin de petites surfaces qui veulent régulièrement monter en gamme », affirme Ludovic Boyron.

Une partie du travail de la SPL Lyon Part-Dieu qu’il dirige consiste notamment à mener une programmation immobilière. En d’autres termes, faire en sorte que les programmes immobiliers correspondent à la nature et au volume de la demande d’espaces des entreprises. Mais les constructeurs privés gardent le dernier mot.

« On aiguille, on indique s’il y a des trous dans la raquette, on dit qu’à tel endroit il vaut mieux avoir six clients à 1000 m² qu’un seul à 6000 ou 10 000 m². En général ils sont très réceptifs parce que c’est dans leur intérêt. Certains écoutent moins… », lâche le directeur de la SPL Lyon Part-Dieu, la société publique locale chargée de mener le projet pour la Métropole.

Le visage du quartier d’ici 2020

Fidèle à sa marque de fabrique, Gérard Collomb bâtit en faisant appel au privé. Le projet Part-Dieu, évalué à 2,5 milliards d’euros d’investissements sera ainsi financé à 60 % par le privé. Ils se matérialisent dans la construction d’immeubles de bureaux mais aussi de logements. Les futures surfaces de bureaux se situeront dans le cœur Part-Dieu, autour de la gare (projet Two Lyon), de la rue Bouchut (projets Silex 1 et Silex 2 notamment) mais aussi au sud du quartier avec le projet Sky 56 au niveau de l’avenue Félix Faure.

Au-delà du tertiaire, la volonté politique est également de développer les logements. Les surfaces réservées sont toutefois bien plus réduites que celles réservées aux bureaux et concentrées dans le secteur Cuirassiers et de la rue Desaix.

Rénovation de la gare Part-Dieu : le gros chantier public

La place Béraudier devant la gare va être ouverte vers le centre commercial et doublée avec une place en sous-sol. Le bâtiment B10 a depuis disparu © BE/Rue89Lyon
La place Béraudier devant la gare va être ouverte vers le centre commercial et doublée avec une place en sous-sol. Le bâtiment B10 a depuis disparu © BE/Rue89Lyon

Si l’offre de logements ne bousculera pas la destination tertiaire du quartier, la volonté politique affichée est aussi de faire de la Part-Dieu « un quartier à vivre » selon la communication officielle. Autour des futurs logements des équipements sont ainsi annoncés, avec notamment la construction d’une crèche. Le cahier des charges pour les promoteurs privés prévoit la présence au pied de certains immeubles de bureaux de commerces selon le principe dit du « socle actif ».

Mais le gros morceau de l’investissement public réside dans la rénovation de la Gare Part-Dieu et des espaces publics (voiries, place, stationnement et transports) autour d’elle. Pour fluidifier le flux de voyageurs d’une gare déjà saturée, le hall va être réaménagé. Actuellement positionnés sur les parties latérales, les boutiques et les guichets vont être repositionnés à chaque entrée de la gare, côté Vivier-Merle et Villette. L’entrée de la gare côté place Béraudier sera ainsi agrandie et gagnera du terrain sur la place.

Un nouvel accès aux quais, pour capter une partie du trafic et désengorger le hall principal, sera créé avenue Pompidou, à l’emplacement de l’actuel sous-terrain. Il pourrait permettre de capter 20 % des flux de voyageurs en créant ainsi une entrée sur la gare au sud. Une nouvelle voie sera créée, la voie L, pour tenter de mieux absorber le trafic ferroviaire. Dans la configuration actuelle de la gare, elle est la dernière à pouvoir être construite. La rénovation de la gare Part-Dieu est estimée à 400 millions d’euros. Un coût que Gérard Collomb n’assumera pas seul, puisqu’en plus de la Ville de Lyon et de la Métropole, la SNCF, la Région Rhône-Alpes et l’État complètent le tour de table.

L’accès à la gare largement revu

Avec elle, c’est toute la place Béraudier, devant la gare, qui va être transformée. Cet automne, l’immeuble B10 a fini d’être démoli, dégageant quelque peu la vue sur le centre commercial et la bibliothèque. L’espace en surface sera relativement peu modifié mais c’est au sous-sol que les aménagements seront importants. Un sorte de seconde place, en niveau -1, sera ainsi créée et donnera accès au métro, à la station de taxis et sera également un point d’accès à la gare en voiture.

La fin des travaux de destruction du bâtiment B10 sur la place Béraudier devant la gare ©BE/Rue89Lyon
La fin des travaux de destruction du bâtiment B10 sur la place Béraudier devant la gare dans le cadre du projet Part-Dieu ©BE/Rue89Lyon

Avec le réaménagement de la gare et de la place, des modifications de voirie importantes sont prévues. Actuellement, pour les automobilistes, en arrivant du boulevard Vivier-Merle devant la gare, il est possible de continuer en direction des Brotteaux via la trémie ou de tourner vers la gauche en direction de la rue Servient. Aucun accès à la gare en surface n’est permis.

Une fois les travaux terminés, cela deviendra possible, en sous-sol directement depuis le boulevard Vivier-Merle. Pour déposer des voyageurs ou accéder au parking qui sera construit sous la place Béraudier. En revanche, il ne sera plus possible d’emprunter la rue Servient en direction du Rhône. Cet accès sera remplacé par le percement de la partie de la rue Bouchut le long de la bibliothèque, actuellement réservée aux piétons et cyclistes.

Il sera toutefois possible de passer plus confortablement la « barrière » du centre commercial dans cette direction pour les piétons. Actuellement, cheminer sur la rue Servient nécessite d’emprunter le passage sous-terrain le long de la ligne de tramway pour ressortir au pied du Crayon. Un passage peu lisible et pas très engageant. Le centre commercial va être percé et un cheminement pour les piétons sera créé à cet endroit mais au niveau de la rue et non en sous-terrain.

Côté Villette, la gare routière sera également complètement revue et délocalisée plus au nord. Durant les travaux elle sera maintenue dans un premier temps à son emplacement actuel avant d’être installée à son emplacement définitif, légèrement plus au nord qu’actuellement.

Le centre-commercial et son « rooftop » comme arguments marketing

Enfin, le centre commercial va lui aussi connaître des modifications. L’entrée côté boulevard Vivier-Merle va être élargie mais c’est sur son toit que les aménagements seront les plus importants.

Des commerces, restaurants et bars devraient prendre la place du parking au dernier étage sur le toit. Les salles de cinémas de l’UGC seront regroupées et accessibles depuis ce dernier étage, à ciel ouvert. Actuellement l’UGC n’a « que » 14 salles et 2 300 fauteuils, il en comptera demain 18 et 3 200 fauteuils. Le 29 février 2016, lors d’une conférence de presse commune Métropole de Lyon/Unibail-Rodamco (propriétaire du centre commercial), Gérard Collomb s’est même montré lyrique. En corrigeant l’architecte néerlandais Winy Maas qui parlait d’un centre commercial future « troisième colline de Lyon », le maire de Lyon a affirmé  :

« Le toit va devenir une terrasse avec des restaurants, un nouveau cinéma et un parc. Ça deviendra la quatrième colline de Lyon. La troisième est la Duchère. »

Pour y accéder directement, sans passer par l’intérieur du centre commercial, des escalators et de grands escaliers seront construits à deux endroits :

Un très bel argument marketing et promotionnel de plus pour Gérard Collomb d’autant que ces aménagements ne coûte rien à la Métropole. L’investissement d’au moins « 300 millions d’euros » porté par Unibail-Rodamco et quelques grandes enseignes comme Carrefour, permettra au centre d’augmenter sa surface commerciale de 17 000 m2, soit 80 nouvelles enseignes (contre 240 actuellement).

Christophe Cuvillier, président du directoire d’Unibail-Rodamco a mis en avant les grands principes de la transformation du centre commercial. Parmi ceux-ci : l’ouverture sur la ville et utilisation du toit. Et, surtout, aurait-on tendance à souligner, le développement du commerce de ce qui est « le plus grand centre commercial d’Europe en centre-ville ».

L’inauguration est prévue en 2020. Tiens, il se passe quelque chose cette année-là ?

 « Le projet n’est pas calibré pour absorber les flux »

Si les opérations vont s’étaler dans le temps, elles s’annoncent importantes et ne vont pas sans créer certaines réticences. L’opposition au projet reste mineure mais elle existe. Des habitants, syndicalistes et militants politiques se sont regroupés au sein du Collectif Part-Dieu. Ils s’accordent à reconnaître la nécessaire rénovation du quartier mais n’ont pas envie qu’il « devienne comme La Défense ». Ils sont hostiles à un « grand centre d’affaires » et à la démarche qui consiste selon eux à « prévoir d’abord les bureaux avant les habitants ».

« Il y a très peu de logements prévus. Il faudrait davantage faire de mixité entre l’habitat et les bureaux. Là où les logements seront densifiés, il n’y a pas d’espaces verts prévus au sol. Quant à l’école Jouhaud on craint qu’elle soit saturée avec l’arrivée de nouveaux habitants », explique Patrick Beau, président du Comité d’Intérêt Local Part-Dieu-Voltaire.

Avec un flux de voyageurs autour de la gare qui devrait atteindre les 200 000 voyageurs par jour d’ici 2020, le collectif s’inquiète.

« Une voie de plus pour la gare c’est très bien mais tout le monde sait que ce n’est pas suffisant et qu’en 2022 le problème se reposera de nouveau. On nous annonce également un trafic automobile en progression de 17 % et un nombres d’habitants et de travailleurs dans la quartier en augmentation. Le plan de transport n’est pas calibré par rapport à tout ce qui va se passer », explique Fanny Lucius du collectif, par ailleurs membre du Parti Communiste.

Desservi par plusieurs lignes de bus dont le C1, C2 et C3, les tramway T1 et T4 et la ligne B du métro, le quartier est largement doté. Mais devant l’augmentation du trafic annoncé, la Métropole avance plusieurs réponses. Il y a tout d’abord la question du C3. Si certains, notamment les écologistes, appelaient de leur vœu son remplacement par un tramway, il sera finalement maintenu en tant que bus mais circulera en site propre.

« On n’ira pas plus loin », tranche Michel Le Faou.

Le vice-président de la Métropole à l’urbanisme évoque également l’automatisation progressive de la ligne B.

« Elle sera faite sur ce mandat », indique-t-il. L’augmentation de son cadencement permettra selon lui d’apporter une réponse à l’augmentation de la fréquentation et des flux du quartier. D’autre part, de nouvelles rames sur la ligne T4 vont être mises en circulation avec une capacité supérieure à celles actuelles et « sans changer le cadencement ».

 Logements : « On ne met pas la pression pour faire partir les gens »

Dans son rapport, la commission d’enquête publique notait la particularité du secteur de la Part-Dieu pour la puissance publique en matière de foncier.

« Contrairement aux nombreuses opérations d’aménagement habituelles, les collectivités locales ne disposent pas ici du foncier, et la grande majorité des terrains du périmètre concerné supportent déjà de très importantes constructions. Et, généralement, il ne saurait être question de s’en rendre propriétaire, même de façon autoritaire. »

La Métropole doit donc racheter des biens immobiliers afin de permettre la construction à leur place des futurs immeubles du « Projet Part-Dieu ». Et pour l’heure elle semble suivre le message.

« Aux propriétaires qui souhaitent vendre, on rachète leurs biens. Mais on ne met pas la pression pour faire partir les gens. Pas avant 2022 dans le meilleur des cas. On utilise le droit de préemption urbaine et on arrive à une valorisation au niveau moyen du marché sur le secteur », assure Michel Le Faou.

L’élu assure également qu’aux occupants de logements sociaux promis à être détruits seront proposés des offres de relogement, selon les dispositions de la loi ANRU.

Au sein du collectif Part-Dieu, Gilbert Dumas s’inquiète d’une possible bulle immobilière entraînée par la multiplication des logements neufs. Il craint également que les actuels propriétaires de logements voués à disparaître soient lésés :

« Les prix des futurs logements dans le quartier ne seront pas équivalents à ceux auxquels les petits propriétaires vendent ou se font racheter actuellement. S’ils veulent rester dans le quartier, dans un bâtiment neuf, ils ne retrouveront pas la même chose », estime-t-il.

Avec ce projet de rénovation, Gérard Collomb entend apporter sa réponse à la ville du futur dans un quartier stratégique. La Métropole n’a donc de cesse de marteler le triptyque : cadre de vie, nœud de transports et centre économique. Le président de la Métropole répète ainsi souvent qu’il veut transformer un quartier « pensé sur le modèle des villes des années 1970 comme Los Angeles » en redonnant notamment leur place aux piétons relégués en sous-sol ou en hauteur dans sa configuration actuelle.

Le projet se veut également une réponse environnementale, l’étude d’impact affirmant l’ambition d’une consommation énergétique réduite par rapport à celle du quartier actuellement grâce à de nouveaux bâtiments moins énergivores.

Si on ne partage pas cette vision ? Gérard Collomb et les élus avancent quand même.

« Rien n’est pire que le statu quo », conclut Michel Le Faou.

> Article publié initialement le 3 février 2016 – Mise à jour : le 29 février 2016 à 18h35 suite à la présentation officielle du projet de transformation du centre commercial Part-Dieu par Christophe Cuvillier, président du directoire d’Unibail-Rodamco et Gérard Collomb, président de la Métropole de Lyon ce jour.


Le 25 novembre 2023, Gérard Collomb s’en est allé. Ce « baron » de la politique a été maire de Lyon et président de la Métropole. Pendant près de 20 ans, il a façonné Lyon. Jusqu’à ce que la maladie l’emporte, il est resté investi en politique, contre les écologistes qui lui ont ravi le pouvoir. Retour sur une figure admirée et contestée à Lyon.

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