Il est 16h15 ce lundi, quand Abdel (les prénoms ont été modifiés), le chauffeur, allume le moteur. La carlingue tremble un peu. Le bus démarre pile à l’heure. Arrivée prévue à Lyon 5 heures et 55 minutes plus tard.
Un passage devant Bercy
A peine en route, le chauffeur, chemise blanche et cravate bleue rayée jaune – les couleurs de Megabus – prend le micro.
« Madame, monsieur, bonsoir. […] Le wifi est gratuit, les WC sont hors service. »
On dirait un slogan, symbole des priorités d’aujourd’hui.
L’autocar sort de la sombre gare routière, face à lui, le ministère de l’Economie surplombe le quai de Bercy. Certains y verraient un hommage à leur « libérateur », Emmanuel Macron.
Le ministère de l’Economie, tout fier de pouvoir prendre une mesure enfin visible et palpable pour le commun des mortels, n’en finit plus de s’autocongratuler. Il dressait un premier bilan tout rose en décembre dernier.
En quatre mois, au moins 500 000 passagers ont été transportés, et 146 villes et aéroports sont désormais desservis. Impressionnant ? Une goutte d’eau par rapport au réseau ferroviaire, qui comptait plus de 3 000 gares et plus de 126 millions de voyageurs en TGV (ou équivalent) en 2013.
(…)
Abdel découche douze fois par mois
La trentaine, une jolie montre qui brille au poignet, Abdel est chauffeur pour Megabus depuis deux mois seulement. Les nouveaux entrants comme lui ne conduisent que sur les lignes nationales, mais doivent avoir au moins deux ans d’expérience. Avant, il conduisait des bus scolaires dans la région lyonnaise.
« Ici, c’est plus intéressant pour la paye, je gagne presque deux fois plus. Par contre, je découche douze fois par mois, alors qu’avant, je rentrais tous les soirs chez moi, c’était pépère. »
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