Dans la sélection de portraits de ce premier cercle dévoué, on trouve Pierre Larrouturou, le premier compagnon de route politique d’Eric Piolle. 1/6
Même s’ils ont tous les deux vu le jour et grandi en Aquitaine, c’est pourtant à Grenoble qu’Eric Piolle et Pierre Larrouturou se sont rencontrés il y a plus de 20 ans.
Le premier – la vingtaine et élève-ingénieur – invita le second – de dix ans son ainé et consultant en entreprises sur la réduction du temps de travail – à un débat sur les limites de la croissance.
Depuis, ils n’ont jamais cessé de se croiser dans leurs trajectoires personnelles, comme les célèbres courbes des graphiques de Pierre Larrouturou. Une double décennie plus tard, « l’amitié perdure », contrairement à la croissance.
Une divergence d’ambition
Car ces deux-là ont partagé plus qu’un débat, par la suite. Séduit par l’étudiant Piolle « parfaitement charpenté humainement et intellectuellement », Pierre Larrouturou lui confie à seulement 24 ans l’investiture de son « Union pour la Semaine de Quatre Jours » aux élections législatives de 1997.
L’un à Grenoble, l’autre à Paris, aucun des deux ne dépassera 1,5% des suffrages.
« Malgré le score, Eric a gardé l’affiche électorale de cette époque dans son appartement », ironise aujourd’hui son mentor de l’époque.
Après cette expérience électorale peu concluante renouvelée en 2002 comme suppléant, leurs trajectoires ont divergé par différence d’ambition. Pendant qu’Eric Piolle se consacrait à sa vie professionnelle et à des engagements associatifs jusqu’aux années 2010, Pierre Larrouturou continuait sa valse des partis pour tenter d’imposer sa grille de lecture économique et sociale dans les congrès.
À ce jour, son palmarès affiche trois allers-retours au Parti Socialiste et un zigzag à Europe-Ecologie-Les Verts en 2010, au même moment où Eric Piolle rejoignait lui-aussi les écologistes, sans dévier depuis.
Sur le PS, « Eric avait raison »
En 2012, lors du congrès de Toulouse du PS, Pierre Larrouturou a présenté une motion avec Stéphane Hessel, reprenant les propositions du collectif Roosevelt, dont Eric Piolle est également un des membres fondateurs.
« J’avais l’espoir que le PS puisse renouveler ses idées. Mais Eric m’avait dit que c’était peine perdue car le PS était irrécupérable. Il avait raison ».
Le Grenoblois, élu conseiller régional en 2010, occupait à cette époque la présidence du groupe écolo. Cette responsabilité explique la constance d’Eric Piolle chez EELV, selon Pierre Larrouturou :
« Contrairement à l’Île-de-France [où il siège lui-même comme conseiller régional NDLR], Eric a permis que la voix des écologistes de Rhône-Alpes ne soit pas étouffée par le PS. Ils ont été des partenaires critiques de la majorité en pesant de tout leur poids ».
« Je souhaite qu’Eric investisse la politique nationale »
Finalement lassé de son zapping de partis politiques, Pierre Larrouturou a lancé en 2014 sa propre formation, Nouvelle Donne, pour les élections européennes. Il revendique aujourd’hui 6 300 adhérents et n’exclue pas de participer à la primaire de la gauche pour l’élection présidentielle de 2017 :
Avec mon ami Pierre @larrouturou juste avant le superbe meeting à la Bastille. Déjà le staff nous appelle: »en avant! » pic.twitter.com/J9XzvkVdeB
— Eric Piolle (@EricPiolle) 21 Mars 2014
Au même moment, c’est donc assez naturellement qu’il est venu soutenir son compagnon de route écologiste lors des élections municipales de 2014 à Grenoble qui l’ont porté à la tête de la ville. Depuis, Nouvelle Donne a intégré la majorité municipale. Une réussite électorale inspirante pour Pierre Larrouturou :
« Je souhaiterais qu’Eric investisse la politique nationale. Mais il est allergique au jeu de rôles des congrès et il s’interdit légitimement de cumuler les mandats. Pourtant, il a su faire innover Grenoble malgré les contraintes financières. Ce serait éclairant de prouver que c’est possible ailleurs. Peut-être plus tard ».
Rendez-vous au prochain carrefour.
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