Cette offensive de « l’islam de la République » pointe une douzaine de mosquées considérées comme salafistes. Parmi elles, la mosquée de la rue Sébastien Gryphe, à la Guillotère (Lyon 7ème) est dans le viseur. Nous avons rencontré un de ses responsables.
Les représentants du culte musulman veulent croire au « dialogue » et dans la capacité de ces salafistes à se « réformer ».
Mais comment imposer ce changement dans des mosquées dirigées par des salafistes, comme celles des 7ème et 8ème arrondissements alors que ces mosquées ne reconnaissent pas ces représentants de l’islam dans la région ?
Ces deux mosquées ne sont, par exemple, pas membres du CRCM et ne reconnaissent pas plus Kamel Kabtane qu’Azzedine Gaci comme portes-paroles.
S’ils acceptent de dialoguer, ces salafistes sont rétifs à toute injonction de ces représentants. Au passage Comtois (8ème arr.), les responsables ne veulent pas s’exprimer.
Rue Sébastien Gryphe, le responsable estime que « seul le préfet peut [les] fermer ». Interrogé par Rue89Lyon, il souhaite garder l’anonymat :
« Si les autorités nous ferment, nous ne nous y opposerons pas. C’est interdit religieusement de se révolter contre le gouverneur. Ceux qui le font sont nos pires ennemis ».
Mais cette attitude conciliante se limite à la gestion du lieu de culte. Cet homme d’une quarantaine d’années, djellaba et longue barbe, prévient qu’on ne pourra pas le convertir à un « islam light » :
« On ne nous empêchera jamais de pratiquer notre religion entre nous. Nous continuerons à porter la barbe et à nous vêtir comme nous l’entendons ».
Il poursuit :
« Ce qui gêne ces personnes [en parlant des représentants du culte musulman], c’est que nous sommes des religieux. Les rabbins ou les prêtres catholiques s’habillent d’une certaine manière. Nous, c’est la même chose. Pour atteindre la piété, nous devons nous vêtir comme des religieux, à la manière du Prophète ».
« Nous travaillons tous, nous avons tous des smartphones et des baskets de marque »
Selon eux, leur manière de se vêtir et de porter la barbe les éloignent des « tentations » notamment des « prostituées » qui ne les « racoleront » pas. Ce responsable de la mosquée ajoute en forme d’« appel au vivre ensemble » :
« Pour moi, ma femme ne doit pas discuter seule avec un autre homme. Mais chacun fait ce qu’il veut. Je n’oblige personne. Mais qu’on ne m’oblige pas ».
A ceux qui considèrent que les « salafis » viennent du « Moyen-âge » et ne sont pas dans la « modernité », il répond :
« Nous travaillons tous. Nous avons tous des smartphones et des baskets de marque et il n’est pas interdit de prendre part au vote. Nous ne vivons pas dans des grottes et nous respectons nos voisins. »
Il se revendique comme porteur du seul « vrai » islam, voire de « l’islam du juste milieu » et accuse les représentants du culte musulman d’être des « takfiris », c’est à dire de faire de la politique. Ce qui est, pour eux, la pire des insultes :
« Pour nous, Daesh est une secte. Nous les combattons dans nos prêches. On dénonce ces takfiris depuis des siècles. Nous sommes les pires ennemis de Daesh et l’Etat veut nous chasser alors qu’ils savent que nous n’avons rien à voir avec le terrorisme puisque nous sommes sous surveillance. Nous sommes pris entre le marteau et l’enclume ».
Pour le moment, aucun contact n’a été pris par les représentants du culte musulman avec les responsables de la mosquée de la rue Sébastien Gryphe. A l’inverse du passage Comtois (dans le 8ème arr.), ce lieu de culte du 7ème arrondissement est qualifié « d’opaque » ou de « mosquée de passage dont on ne connaît pas les responsables ».
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