Pour la seconde partie, cela semble bien démarrer : la presse locale en parle, les coups de fil de rédactions de journaux parisiens commencent à tomber. Mais pour la partie financière, c’est en réalité trois fois plus d’argent que le musée doit trouver d’ici mai 2016 pour ne pas fermer. Et éviter de rendre encore moins visible sa collection de 2200 pièces d’art exposées (et environ 6000 autres dans les réserves).
« Il s’agit d’une structure associative qui ne bénéficie d’aucune subvention, » prévient Merja Laukia.
La directrice est à la tête du musée depuis 2012, date à laquelle les bénévoles qui le géraient lui ont cédé la place.
Spécialiste d’art contemporain, Merja Laukia a été formée à l’école du Louvre, elle a notamment travaillé au centre Georges Pompidou à Paris. C’est elle qui, depuis 2012, porte le propos scientifique, culturel et sociétal de ce lieu. C’est elle notamment qui a élargi l’amplitude horaire, rendant le lieu plus accessible pour le public.
En 2012, le musée avait accueilli 8000 visiteurs sur l’année, le chiffre est monté à 10 000 ensuite. Pas énorme. En ce moment, une petite partie de Veduta (programme socioculturel de la Biennale d’art contemporain de Lyon) y est visible et attire une petite vague de personnes.
Entre l’Afrique… et la France
Le déficit de notoriété est annexé aux faibles moyens de communication. Mais pas seulement. Merja Laukia explique :
« Le lien entre la France et l’Afrique est toujours compliqué, les personnes ne savent pas à quoi s’attendre avec ce musée. Ce qui est important pour nous c’est de dire que l’on travaille aussi et surtout à une meilleure connaissance de l’art contemporain des artistes africains. »
Le musée, qui a été fondé dans les années 1860 et alimenté à l’origine par une congrégation catholique, montre des pièces datant du 19è et du début du 20è siècle, et quelques unes, très rares, du 18è siècle. Son objet précis reste l’Afrique de l’Ouest.
Des expositions temporaires y sont aussi programmées régulièrement. Il s’agit d’art contemporain produit à la fois en Afrique et dans la région, par des artistes notamment issus de l’immigration.
Rue89Lyon avait fait écho du travail, exposé au musée, du photographe Benjamin Vanderlick, sur les « maquis africains ». Ces bars du quartier de la Guillotière, à Lyon, où nous avions nous-mêmes plongé pour un reportage.
Des subventions publiques, encore possible ?
La recherche de financements passe aussi par des rendez-vous avec des entreprises privées. Ce ne sont pas les seules sources que l’équipe du musée africain tente de convaincre. On peut s’attendre à ce que la Ville de Lyon ou encore la Métropole mettent la main à la poche, pour une poignée d’euros.
La municipalité l’a déjà fait par deux fois, de façon ponctuelle et modeste (pour le projet monté autour des maquis africains de la Guillotière et une autre fois pour une « aide au fonctionnement »).
Mais plus largement, difficile pour la municipalité de s’engager alors qu’elle vient d’amputer son budget dédié à la culture de 7 millions d’euros et qu’elle tente d’éteindre des (petits) feux de colère.
Du côté de la Métropole, dotée d’un budget plus massif, la réponse ne sera certainement pas plus réjouissante puisque la communauté de communes, en absorbant les compétences du Département, a hérité du mastodonte Musée des Confluences ainsi que du festival annuel des Nuits de Fourvière.
Ce Musée d’art africain qui permet de découvrir une actualité artistique bouillonnante mériterait que l’on se penche un peu plus sur son cas.

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