Cette édition 2015 de la Fête des Lumières sera microscopique, la programmation massive étant reportée à 2016 et donc annulée pour cette fois. Mais pour du plus chaleureux. Du plus intime et du plus local. Un « 8 décembre aux lumignons ». Cette édition, dans sa configuration amortie, a même déjà été qualifiée de « retour aux sources« .
Après les attentats du 13 novembre à Paris, les événements et lieux culturels, les rassemblements citoyens et/ou politiques ont été annulés ou interdits les uns après les autres. A Lyon, le maire socialiste Gérard Collomb, s’est résolu, la mort dans l’âme, à annuler la Fête des Lumières telle qu’elle s’organisait chaque année dans la ville, c’est à dire comme un grand raout pouvant rameuter jusqu’à 4 millions de visiteurs sur quatre soirs.
En lieu et place, les Lyonnais sont appelés à déposer des lumignons sur le rebord de leurs fenêtres, en signe d’hommage et de solidarité avec les victimes des attentats de Paris. Les mairies de Villeurbanne et de Bron ont appelé leurs habitants à procéder de la même façon.
En réalité, ce n’est pas tellement la crainte d’un attentat qui a fait reculer les autorités municipales (fortement incitées par le syndicat de police Alliance et par le préfet du Rhône). Mais plutôt celle de possibles mouvements de foule ingérables et compresseurs, pouvant survenir à la suite de bruits de pétards par exemple.
Seule l’installation lumineuse de Daniel Knipper, intitulée Regards, est maintenue. Elle sera projetée sur une partie des immeubles des quais de Saône et sur la colline de Fourvière.
« De facture classique, le travail de Knipper est de facto adapté à la simplicité et la sobriété qu’impose cette situation exceptionnelle », écrit le Petit Bulletin.
Environ 200 000 lumignons devaient être vendus pour que les Lyonnais participent massivement, certains ont été donnés aux élèves des écoles publiques. Les bénéfices doivent être partagés
entre l’association Rêves et l’Association Française des Victimes du Terrorisme.
Le Sytral, autorité organisatrice des transports en commun (TCL), ont aussi distribué 20 000 lumignons à leurs usagers ce lundi 7 décembre.
Le réseau a également prévu de mettre en lumière le logo « Peace for Paris », à l’aide de plusieurs centaines de LEDS, dans la station de métro de Bellecour.
La municipalité a, quelques jours après sa déclaration, assuré que Lyon était tout à fait en mesure de se présenter sous son meilleur jour aux éventuels visiteurs qui viendraient malgré tout, avec ses illuminations habituelles nocturnes. Et puis sa Biennale, son offre touristique classique, en somme.
La procession traditionnelle religieuse emmenée par le cardinal Barbarin sur la colline de Fourvière est maintenue ; elle réunit habituellement environ 10 000 personnes. Celle des jeunes identitaires de Lyon a en revanche été interdite par arrêté du préfet.
Moins de touristes dans les rues, plus de Lyonnais ?
De quoi rendre la perspective moins morose, et se donner un peu de baume au coeur quand beaucoup accusent le coup.
L’UMIH, syndicat de l’hôtellerie et de la restauration, a déclaré dans un communiqué que tous les professionnels se tenaient prêts à recevoir les visiteurs, avec des tarifs adaptés voire très attractifs.
Mais cela semble être peine perdue car, dans les faits, les conséquences sont déjà comptabilisées. Un article du Monde estime que Lyon va perdre 1,5 millions de touristes. Et autant de nuitées d’hôtel, de tables de restos réservées, etc.
En attendant, beaucoup de Lyonnais vont certainement répondre à l’appel de solidarité, avec des lumignons. Sur Facebook, certains appellent à se réapproprier la ville ce soir du 8 décembre, en déposant également dans l’espace public des centaines de lumignons, pour former un « V » le long du Rhône et de la Saône.
Il y aura donc certainement du monde dans les rues de Lyon ce 8 décembre. La préfecture prévoit donc un périmètre de sécurité sur la Presqu’île, de la place Bellecour jusqu’aux Terreaux, englobant le Vieux-Lyon. Des unités de police mobiles seront mobilisées. Dès 17h30, la circulation sera interdite dans tout le secteur.
Un 8 décembre à Lyon, en plein état d’urgence, donc.
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