Il y a deux jours, à Paris, se déroulait la 21e édition des Trophées de la nuit, sortes de « 7 d’Or » du noctambulisme (tant dans la forme que dans la représentativité). Surprise, c’est Lyon qui a remporté cette année le titre de « Ville nocturne », propulsée au sommet, on l’imagine, par le succès de Nuits Sonores et de son bras bétonné, Le Sucre.
Comme un signe, ce sont les adjointes au développement économique (Fouziya Bouzerda) et au tourisme (Sandrine Frih) qui se sont félicitées de la chose :
«La reconnaissance des professionnels au niveau national renforce la pertinence de la démarche lyonnaise fondée sur la concertation et le dialogue avec les acteurs locaux de la nuit et son rôle dans le rayonnement et l’attractivité du territoire. En quelques années, Lyon s’est imposée comme une ville moteur en matière d’attractivité nocturne.»
Car la réalité est un peu moins glamour, en tout cas pour les acteurs se faisant fort de proposer une alternative à la Sainte Trinité col blanc/mojito/EDM, à laquelle sont dévoués les « professionnels » distribuant lesdits Trophées.
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Des Bons Sauvages à la Triperie en passant par le Kraspek et Groovedge, nombreux sont en effet les cafés-concerts, disquaires et autres clubs du centre-ville qui subissent (amendes, descentes de police) la pantouflardise des gentrificateurs.
Visé régulièrement par des plaintes de voisinage infondées, le Sonic, haut lieu des musiques indépendantes et soirées déviantes (Dark 80’s, Club Sonic, Garçon Sauvage jadis), est en première ligne. D’après son propriétaire, Stéphane Bony, sa survie est aujourd’hui sérieusement compromise, suite à une visite inopinée des services de l’Écologie Urbaine. Voici le communiqué qu’il fait circuler depuis hier soir :
«Alors que nous traversons une période difficile où la culture est plus que jamais un rempart contre la Barbarie, le Sonic est en danger :
Suite à un contrôle des services de l’Ecologie Urbaine (service municipal de la Ville de Lyon) qui a entraîné un courrier de la Préfecture, il est reproché au Sonic d’être un club (existant depuis bientôt dix ans) dans lequel se produisent des groupes de rock (mais pas que) internationaux (2500 concerts environ) qu jouent parfois à un fort volume.
Nous ne savons pas encore quelles sanctions vont être appliquées contre nous : fermeture administrative, fin des concerts car hors la loi, suppression de l’autorisation de fermeture à 04h00 ?
Dans le pire des cas, le Sonic ferme tout simplement !!!
Sept emplois sont en jeu ainsi que d’énormes investissements, et un gros vide à venir dans le paysage des musiques indépendantes à Lyon.
La question qui nous a servi de motivation de départ se pose à nouveau: est il possible de faire exister sur le long terme un club rock en France dans le contexte législatif actuel ?»
Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de la suite des événements (la péniche devrait être informée de la suite donnée à ce funeste contrôle le 5 décembre). D’ici là, support your local scene.
Par Benjamin Mialot sur petit-bulletin.fr
Et ci-dessous, en bonus, « The Best Day » par Thurston Moore, chanteur et guitariste de Sonic Youth, passé par le Sonic.
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