La Fête des Lumières, événement majeur pour Lyon mais aussi l’un des plus importants du pays, est annulée. Gérard Collomb, le maire PS à qui la décision a incombé, demande à ses administrés d’illuminer la ville de lumignons le 8 décembre au soir, « en hommage aux victimes des attentats de Paris ».
Une seule et unique installation artistique est maintenue : celle de Daniel Knipper, intitulée Regards et projetée sur une partie des immeubles des quais de Saône et sur la colline de Fourvière.
Une oeuvre sur les Rives de Saône permettra de rendre hommage à toutes les victimes. #FDL15 #Lyon pic.twitter.com/ZKi2n31jOq
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 19 Novembre 2015
Après les attentats survenus à Paris ce vendredi 13 novembre, une période de deuil national de trois jours pendant lesquels de nombreux lieux ont fermé, la déclaration de l’état d’urgence, très vite la question s’est posée du maintien ou non des événements, touristiques et/ou culturels rassemblant les foules. Et s’il y en a un à Lyon qui est concerné, c’est bien celui de la Fête des Lumières.
Bien que, selon lui, il soit « le plus emblématique de notre ville » et même « constitutif de notre identité », Gérard Collomb s’est contraint à l’annuler. Une décision « douloureuse », jugée toutefois « responsable » par le préfet de région. A aucun moment, lors de la conférence de presse qu’il a tenue ce jeudi matin dans une atmosphère lourde, le maire de Lyon n’a prononcé le mot « annulation ».
Son propos n’a mis l’accent que sur le symbole que pourrait véhiculer une ville entièrement illuminée par ses habitants, comme « un message de tolérance et de solidarité avec les victimes ». Cette annulation peut-elle malgré tout être interprétée comme une façon de céder à la peur ?
La Fête des Lumières annulée… De faibles bougies pour éclairer la pénombre. J’y vois un triste symbole. #Lyon — Iris Gaudin (@iri_gaudin) November 19, 2015
« Ne pas faire courir de risques aux Lyonnais ne signifie pas donner raison aux terroristes. Ils veulent nous opposer les uns aux autres en créant des fractures. Il nous faut défendre plus que jamais notre modèle de société et conserver notre capacité à vivre ensemble, » a répondu Gérard Collomb.
Retour aux fondements de la Fête des Lumières ?
Les responsables des les lieux de culte de la ville, toutes confessions religieuses confondues, ont assuré qu’ils poseraient certains des 200 000 lumignons en partie distribués mais aussi vendus à Lyon dès cette fin de semaine (avec des bénéfices reversés à une association des victimes des attentats ainsi qu’à Rêves, habituelle bénéficiaire des recettes).
Les conséquences sont bien sûr aussi économiques. Si « elles ne sont pas chiffrables », a éludé le maire de Lyon, elles seront nécessairement importantes. L’hôtellerie et la restauration augmentent considérablement leur chiffre d’affaire pendant ces quatre jours, (quatre à cinq fois plus de clients, annoncent certains).
Si une pétition en ligne demandant le maintien de la Fête des Lumières avait recueilli près de 9000 signatures en quelques jours, certains estiment que l’annulation des festivités constitue l’occasion de la recentrer sur ses fondements. Bien souvent, la Fête des Lumières a été accusée de n’être plus qu’une opération touristique menée aux dépends des Lyonnais, depuis sa mise en forme municipales il y a 10 ans.
« La Fête des lumières de Lyon n’est pas annulée. En fait on pourrait dire qu’elle a lieu à nouveau », peut-on déjà lire sur les réseaux sociaux.
? C’est ce que nous faisions lorsque j’étais petite, et nous étions impatients de cette soirée ! #8décembre ??❤#Lyon https://t.co/NWdFHMbGhi — Carole Covello FQSP© (@carolecovello) November 19, 2015
On l’oublie parfois, ou bien on le lui reproche aussi, la Fête des Lumières a des origines religieuses. Chaque année, le diocèse de Lyon organise une montée aux flambeaux sur la colline de Fourvière. Qu’en sera-t-il cette année ?
Une source proche de l’archevêché indique que, pour le moment, elle n’est pas annulée. Le diocèse attend les indications du préfet de région Michel Delpuech qui, pour l’heure, estime que la sécurisation des 10 000 personnes défilant sur le parcours habituel est possible.
Concernant les lieux qui pourront malgré tout être visités par ceux qui sortiront ce 8 décembre, « ils seront sécurisés ». Le préfet a annoncé l’engagement de quatre unités mobiles, ajoutées aux moyens policiers habituellement déployés.
Le syndicat de police Alliance avait envoyé un communiqué mardi, demandant l’annulation des festivités. Par crainte, notamment, des mouvements de foule qui pourraient être dus par exemple à des pétards.
L’ensemble de la programmation artistique de la Fête des Lumières 2015 est reportée à décembre 2016.
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