Le parquet avait requis la relaxe. Et ce mardi 17 novembre, le tribunal l’a suivi en relaxant le journal et son directeur de publication, considérant que l’article se fonde sur un rapport officiel et que si la production des journalistes est contestable, elle n’est pas pénalement répréhensible.
On vous propose de replonger dans cette fabrique de l’info.
Dans un communiqué, l’association a donné sa position :
« Le lectorat du journal Le Progrès est très important dans le département, et le besoin de faire des titres racoleurs pour augmenter ses ventes, ne saurait justifier des propos stigmatisants à l’encontre de telle ou telle population. »
Pour rappel, le jour de la publication de ce dossier, nous avions réagi via un édito (intitulé « Le Progrès pète un plomb »), dans lequel nous pointions plus particulièrement l’infographie accompagnant l’article du quotidien local.
A la catégorisation d’infractions telles que le cambriolage, le piratage de distributeurs de billets, le vol de ferraille, braquage, petits vols, prostitution, trafics de stupéfiants, avaient été associées des « nationalités impliquées » (des Géorgiens, des Alabanais, des Bulgares, des Russes, des Roumains, des Marocains). Mais aussi des nationalités fantasmées : « Rom », « Africaines », « gens du voyage », « groupes des cités » ou, plus précis, « groupes des cités marseillaises », mais aussi « toxicomanes »…
Le soir de la publication, la rédaction en chef du quotidien avait mis en ligne un lapidaire mot d’excuse :
« Certains termes de cette infographie ne sont pas assez précis ou maladroits et peuvent, pris isolément, laisser accroire que nous avons des intentions stigmatisantes. Ce n’est pas le Progrès, ce n’est pas la culture et l’histoire de notre journal. Si des lecteurs ont été choqués, nous tenons à nous excuser et à rappeler nos intentions. »
Une vague de réactions indignées provenant d’élus, d’associatifs, de lecteurs de presse mais aussi d’un SNJ (syndicat national des journalistes) furax, inondait le web ce jour-là puis les suivants. Pour abonder dans le mauvais sens, Florian Philipot, vice-président du FN, félicitait le journal pour son article via un tweet. Une équipe du Petit Journal de Canal + se fendait alors ce mardi d’avril d’un déplacement jusque Lyon, pour se moquer du Progrès et de la PQR (presse quotidienne régionale) en général.
Près de deux mois plus tard, nous avions publié sur Rue89Lyon un article sur les conséquences de cette « affaire ». Pour la rédaction du Progrès, complètement remuée, pour la direction du journal, à laquelle la « non-gestion » de l’affaire a été reprochée. Et parmi les ondes de choc, nous révélions la suppression d’une forme de subvention du conseil régional faite au journal, pour un de ses événements lucratifs (ses « trophées de la diversité »).
A la veille de cette audience au tribunal, Yériché Gorizian, porte-parole de SOS Racisme, estime que :
« L’élaboration de schémas simplistes liant la délinquance et la criminalité avec des origines ethniques participe du processus de libération de la parole raciste dont souffre de plus en plus notre société. »
L’association, suite à la décision de relaxe, a d’ores et déjà annoncé qu’elle ferait appel.
> Mis à jour avec la réquisition du parquet général, mardi 15 septembre à 20 heures. Et le mardi 17 novembre à 16h, avec la décision du tribunal.
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