Des toiles lisibles, qui dégagent une grande force, figurant la réalité distillée par les écrans.
Quand il sublime des scènes de guérillas urbaines, c’est pour mettre en jeu des êtres en révolte, des silhouettes frêles mais solides, comme si la sédition appartenait avant tout et surtout à la jeunesse. Qui pourrait le contester ?
Johann Rivat explique :
« L’être humain se dresse, non pas contre le monde ou contre la nature, mais contre la fausseté, contre le mensonge, contre ce qui est caché, contre un vivre ensemble de plus en plus injuste. Cette action trouve place dans la rue, sur une route. Or, la route n’est-elle pas l’extension de la rue ? Et si ce n’est l’espace du rassemblement, de la cohésion ou de l’affrontement, en tout cas n’est-ce pas celui du bouleversement et de la rupture ? ».
Artiste peintre né à Grenoble, déjà grand témoin de notre monde du haut de ses 34 ans, il méritait bien d’être soumis à notre questionnaire « Orgueil et Préjugés ».
Dessiner au feutre sur des feuilles A4 des armées médiévales, feuilles que je scotchais les unes aux autres pour pouvoir terminer ces paysages de défilés militaires.
« La plus grosse arnaque artistique ? L’exception culturelle française »
Johann Rivat : Quelle pratique artistique trouvez-vous intolérable ?
Toutes celles engagées en demi-molle et/ou d’une putassière séduction.
Quelle est pour vous la plus grosse arnaque artistique ?
L’exception culturelle française.
Votre pire souvenir de concert ?
Devoir se taper Cocoon à Musilac en 2011, en attendant le concert de Kasabian. Il y avait du monde, et comme on voulait être devant pour Kasabian, on pissait dans nos gobelets en plastiques vides de bière malheureusement pour ne pas avoir à traverser la foule pour aller aux toilettes. C’était drôle quand même.
Votre pire souvenir d’exposition ?
Aucun, bonnes ou mauvaises les expériences sont toujours enrichissantes et m’apportent toujours beaucoup. J’apprends sur moi, mon rapport à l’exposition, le monde de l’art et les personnes qui font exister ces manifestations. La seule chose qui m’importe c’est le travail et, s’il est bon, il résiste toujours quelques soient les conditions dans lesquelles il est donné à voir.
Avec lequel de vos parents pensez-vous avoir un problème ?
Mon père, en filiation à son père, donc mon grand-père, et ainsi de suite jusqu’au «premier homme».
A quelle personnalité politique pourriez-vous dédier une de vos chansons ?
Maximilien de Robespierre.
« Faire de la peinture, ça me rend vivant »
Le dernier produit culturel consommé/acheté/emprunté ?
«Ecrits sur l’art» 1934-1969, Mark Rothko, Champs arts – Flammarion.
Avez-vous déjà sacrifié votre art pour de l’argent ?
Tout le temps, vendre une pièce, c’est la négocier pour avoir les moyens de continuer. L’argent est le nerf de la guerre, non ?
Le projet du nouvel album c’est : 1/ se refaire une santé financière, 2/ montrer que vous êtes (toujours) en vie, 3/ prouver à un plan drague que vous êtes artiste contemporain ?
Le 3 c’est fait, le 1 ça ne dépend pas que de moi, alors je dirais la réponse 2. Faire de la peinture ça me rend vivant définitivement.
Et sinon, vous comptez faire un vrai métier, un jour ?
J’ai essayé plusieurs fois, en étant plus ou moins déterminé, de manutentionnaire, à équipier chez Mac Donald’s, en passant par agent d’accueil au musée ou encore directeur artistique chez Publicis Event Asia. Irrémédiablement, ça ne marche pas.
De Lyon jusqu’à Shangaï
Actuellement invité à Shangaï, Johann Rivat a de nouveau investi les rues d’une grande ville pour y laisser une trace, un message que l’on peut lire sur un mur, un des médias les plus populaires au monde.
Chargement des commentaires…