De jeunes filles peu vêtues, des talons hauts, de vieux messieurs qui donnent des notes. Miss camping 2015 ? Non. Miss Université. Et pas n’importe quelle université : Sapienza. Autrefois, on disait La Sapienza, mais allez savoir, des communicants sont passés par là, et hop, 186 000 euros plus tard, le « La » avait disparu.
Bref, début mai, la plus importante université italienne -c’est même la plus grande d’Europe avec plus de 130 000 étudiants- et la plus prestigieuse, a organisé un concours de beauté. Non, a rectifié l’organisateur Billions, pas uniquement de beauté :
« Ont également été décernés les titres nationaux de : Miss Matricola (traduction : Miss « étudiante de 1ère année »), Miss 30 et plus (équivalent de la note 21/20, ce qui est possible et même courant), Miss Faculté, Miss Université, Miss Culture, Miss Cerveau et Miss Photogénique. »
Anima sana in corpore sano
Et elles gagnent quoi les participantes, des bouquins ? Non. Des coupons à dépenser dans… un centre de chirurgie esthétique, sponsor de l’événement. C’est vrai qu’à vingt ans, elles ont probablement besoin d’une petite augmentation mammaire, d’une cure de Botox, d’une liposuccion. Allez mesdemoiselles (au fait, il est où Mister université?), anima sana in corpore sano…
Quand on voit les membres du jury, un recteur, un chirurgien, un comte, un marquis, un chanteur des années 1970, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec Silvio Berlusconi et ses Veline (les créatures). Ça faisait longtemps. Oui, Berlusconi qui se faisait appeler « papounet » lors d’orgies auxquelles participaient de très jeunes filles, parfois mineures. Coucou Ruby Rubacuori.
Ce n’est pas tout à fait la même chose aujourd’hui à Sapienza, mais l’organisation d’un concours de miss dans une université a un aspect « résurgence » de cette culture berlusconienne. Promouvoir la beauté pour faire émerger des talents : ministre ou présentatrice télé…
Rocco Siffredi a un message pour les étudiants
S’il n’y avait que ça. La veille de cette charmante sauterie, Sapienza, la région Lazio et la ville de Rome organisaient un machin avec cet encourageant slogan « Personne vous la donne ? ». Quoi ? Beh… l’opportunité. Et là, dans ce truc (non, vraiment, cet événement est inqualifiable), qui pointe le bout de son nez ? Rocco Siffredi. Ne me demandez pas pourquoi, comment, je cherche toujours ce que vient faire la star du porno à l’université.
Et le voilà qui apparaît avec une pancarte à la main, tout sourire à l’idée de porter à la connaissance de tous son message d’encouragement :
« Studenti universitari La Sapienza tenete duro »
Pitié, ne me faite pas traduire. Bon. Assez sobrement, on pourrait traduire le message de Rocco aux étudiants par « étudiants de l’université La Sapienza, tenez bon ». Ou tenez-la dure. Par ailleurs, personne n’a dit à Monsieur Siffredi que le « La » de Sapienza avait disparu ?

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