Un festival autour des roses. Le maire PS de Lyon Gérard Collomb y pensait depuis quelques années déjà, nous dit-on. Gilles Buna, l’ancien adjoint écologiste à l’urbanisme portait le projet. L’occasion aurait été la tenue du Congrès mondial des Sociétés de roses du 27 mai au 1er juin prochains.
Une « méthode lyonnaise », assure le premier adjoint Georges Képénékian, premier adjoint en charge de la culture et qui porte avec son collègue Alain Giordano (délégué aux espaces verts) le projet :
« Comme à l’occasion du Congrès mondial des bibliothèques en août 2014, on fait un unique événement à côté ».
Le parallèle s’arrête là : pour ce Festival mondial des roses, l’événement, même unique, sera bien plus massif.
Une démarche de marketing territorial
Vendre Lyon à l’international, particulièrement comme une ville de congrès, est une des obsessions de la municipalité. En mêlant congrès et événement autour de la rose, deux objectifs sont poursuivis :
- toucher un public international, surtout anglo-saxon, majoritaire chez les passionnés des roses.
- associer Lyon à la rose dont l’image est plutôt liée à de la production haut de gamme.
Georges Képénékian déroule :
« Lyon, ce n’est pas seulement la gastronomie et le cinéma, c’est aussi la rose ».
Les deux premiers pans du patrimoine lyonnais disposent de leur événement : le SIRHA/Bocuse d’or pour la gastronomie et le Festival Lumière pour le cinéma.
Il fallait donc créer un événement autour des roses pour ajouter une touche de poésie à l’image de Lyon. Lors de la conférence de presse, on a même compté sur la présence du comédien « Yannick » qui a déclamé des poèmes de Pierre de Ronsard et de Rainer Maria Rilke.
Transfigurer l’histoire lyonnaise
Pour réussir cette association de Lyon à la rose, encore faut-il qu’elle soit ancrée dans le territoire. Historiquement, c’est le cas, comme l’expose cet article du site Ruralia. Lyon est une terre de rosiéristes, les botanistes qui créent les nouvelles variétés de roses. Ils étaient une quarantaine à être installés au XIXe siècle essentiellement sur la rive gauche du Rhône, surtout dans l’actuel 8e arrondissement.
Au moment de ce l’on nomme « l’âge d’or », au milieu du XIXe, Lyon a été la capitale de la rose. Et plus de 3 000 variétés auraient été créées jusqu’à la Première guerre mondiale.
Aujourd’hui, il reste une dizaine de PME familiales issues de ces dynasties de rosiéristes. La pression urbaine leur ont fait quitter Lyon pour s’installer dans la grande région lyonnaise, essentiellement dans le Nord-Isère et dans la Loire.
Ces petites entreprises d’une dizaine de salariés continuent d’inventer les roses de demain. Si on les regroupe toutes, Lyon continue d’être à la première place européenne dans la création de nouvelles variétés.
Mais il s’agit de rosiers. Et ces rosiéristes lyonnais (autrement appelés obtenteurs) vivent surtout des royalties que leur versent les producteurs de rosiers qui sont, en France, implantés principalement dans la région d’Angers.
Quant à la rose coupée que vous trouvez chez votre fleuriste, elle pousse au Kenya, en Ethiopie, en Colombie ou en Equateur.
La rose baptisée « Only Lyon » ne fera pas exception. Cette rose inventée par Arnaud Delbard (qui nous vient de l’Allier) sera « baptisée » du nom de la marque qui promeut Lyon sur la scène internationale le 29 mai. Elle va pousser au Kenya. En somme on s’éloigne un peu de la « diffusion à l’international du savoir-faire lyonnais », que cette ambassadrice de la fleur est censée porter.
Un festival épargné par les restrictions budgétaires
Dans un contexte où chaque direction de la Ville de Lyon est invitée par Gérard Collomb à faire le maximum d’économie, l’opportunité d’organiser ce Festival mondial des roses se pose.
La Ville de Lyon finance à hauteur de 100 000 euros le Congrès, a déclaré Alain Giordano, l’adjoint aux espaces verts.
Il en coûtera un peu plus pour les animations au parc de la Tête d’Or (75 000 euros) et en Presqu’île (50 000 euros). Le prix global n’a pas été communiqué.
« Rien à voir avec la Fête des Lumières qui nous coûte 3 millions d’euros, ou le Festival Lumière à 2 millions d’euros. Le projet a été lancé en 2009, avant les coupes budgétaires », explique Georges Képénékian.
La méthode ? De nombreux sponsors (privés) et, selon le premier adjoint, « l’anticipation » :
« Quand c’est organisé longtemps à l’avance, on fonctionne sur le budget prévu de chaque structure ».
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