Le reportage monté pour Radio Canut (à Lyon) commence par un face à face houleux entre Mathieu Gallet, directeur de Radio France, et les employés (précaires ou non) des médias du groupe. Le jeune patron est interrogé notamment sur l’aspect « moral » de son choix, celui de signer un contrat permettant les travaux de rénovation de son propre bureau, pour un montant de 100 000 euros.
C’est l’équipe de l’émission Mégacombi qui est à la manoeuvre. Elle va mêler le reportage sur la grève à Radio France avec ses propres morceaux de bravoure radiophonique, c’est à dire des passages d’actu déjantée, de mise en scène d’elle-même sans fard. Elle se lance notamment pour ce numéro dans une fiction, dans laquelle elle se met à étudier son propre cas, en tant que radio « sans patron » mais pas sans difficultés, qui se verrait recevoir des préconisations assez sinistres de la Cour des comptes.
Cet organe indépendant dont l’avis est consultatif s’assure du bon usage de l’argent public et a justement estimé dans un récent rapport que les différentes rédactions de Radio France devaient fusionner.
Plus loin dans l’émission, on retrouve la Mégacombi sur le terrain, accompagnant les grévistes de Radio France devant le ministère de la Culture, pour soutenir leur combat, après avoir rappelé que 500 personnes sont menacées -soit 10% des personnes employées dans le groupe.
On entend là une femme de ménage, une assistante aux fictions qui parle du melting pot des métiers (bruiteurs, comédiens, techniciens, régisseurs…) dans lequel elle a évolué jusque là. La grève à Radio France est historique et tient depuis maintenant quinze jours.
Elle a démarré par les représentants des « petits métiers », les moins visibles (ou audibles), avant d’être suivie par les journalistes qui ont été au démarrage les plus frileux. Une émission au sujet de cette question sociale a été conçue par des grévistes et des non-grévistes, des syndiqués et des non-syndiqués, quelques producteurs-stars ; l’antenne a été refusée à ce projet par la direction mais il est audible sur le net.
On entend aussi une femme qui passe devant les manifestants qu’elle conspue :
« C’est avec nos impôts qu’on les paie ! Il faut écouter RTL et puis voilà. »
Mégacombi dans cette émission nous fait part aussi de son journal d’actu, très drôle et écrit sous LSD.
A écouter par là, pour sourire et comprendre aussi.
Radio Canut a par ailleurs lancé un appel aux dons afin de continuer à produire ses émissions, projetant l’envie un peu folle (mais accessible) d’acheter ses propres locaux, à Lyon. Ou, a minima, de trouver des locaux moins onéreux pour s’implanter durablement.
Pas de grève pour cette radio associative, mais des idées à trouver aussi pour faire face et durer avec de belles propositions sonores.

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