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Une interview collector de Bernard Rivalta, homme (un peu) blessé mais pas mort

Du haut de la montagne qu’il a gravie, Bernard Rivalta se retourne, nous regarde… Et parle enfin. On en fait à peine trop : le ton employé par l’ex-président du Sytral (autorité organisatrice des transports en commun lyonnais), dans l’interview qu’il a accordée au magazine Acteurs de l’économie, nous a laissé sans voix.

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Bernard Rivalta, président du Sytral CC Marcos Quinones

Lorsque les élections municipales de Vénissieux, où il a été élu et fléché afin de devenir conseiller métropolitain (condition sine qua none pour briguer ensuite le fauteuil et les super-pouvoirs de président du Sytral), ont été annulées, tout s’est écroulé pour lui.

Ne trouvant pas de place dans la nouvelle liste menée par son camp (le PS), ni même sur celle de Michèle Picard, la maire communiste sortante, comme cela fût suggéré un temps, Bernard Rivalta a tout perdu : ses mandats à la Métropole, à la ville de Vénissieux et à la tête du syndicat mixte des TCL.

Patatras.

Les petits oublis de Bernard Rivalta

Malgré tout, Bernard Rivalta veut porter beau. Il se présente comme un homme de gauche et du rassemblement qui n’a pas réussi à faire entendre raison à Gérard Collomb. Qui a fait les frais de bisbilles entre le maire PS de Lyon et ses ex-alliés communistes. En résumé, tout le monde s’est planté en ne l’entendant pas et commencerait à s’en mordre les doigts. Tout le monde le regrette et ça, c’est bien fait.

Bernard Rivalta oublie d’évoquer qu’il n’a retrouvé son fauteuil de patron du Sytral, au lendemain des élections municipales de 2014 (et avant l’annulation de celles de Vénissieux donc), qu’avec beaucoup de mal. Il aura fallu pas moins de trois tours de vote pour que ses collègues conseillers métropolitains daignent lui ré-accorder sa place.

Il oublie d’évoquer qu’il craignait une déculottée de la liste PS pour ces élections bis, et qu’il n’avait pas tellement protesté contre la désunion de la gauche en 2014, au point de figurer dans la liste du candidat PS Lotfi Ben Khelifa, contre lequel il semble avoir beaucoup de rancoeur aujourd’hui.

L’ex-chef des transports en commun lyonnais tente par le même temps de polir un peu son image, celle d’un homme dont le caractère est souvent critiqué tout comme l’attitude politique, dont les propos ont été parfois choquants (« Il faudrait apprendre aux gens à maîtriser leurs déplacements : quand ils n’ont pas beaucoup de moyens il faut qu’ils ne se déplacent que dans la mesure où ils en ont besoin et non pas uniquement parce qu’ils en ont envie », dans un reportage réalisé pour France Culture et que nous avons mis en avant sur Rue89Lyon).

Il nous le dit droit dans les yeux :

« Je ne suis pas toujours ce que d’aucuns décrivent. »

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Lotfi Ben Khelifa avec Gérard Collomb (maire de Lyon) et Bernard Rivalta, lors de la campagne municipale de 2014 pour Vénissieux.

Mais pour acteursdeleconomie, le socialiste Bernard Rivalta réécrit volontiers l’histoire.

Auto-entrepreneur prévoyant et franc-maçon zen

Le voilà qui se montre sans regret, vis-à-vis de sa vie politique qui s’achève un peu plus tôt que prévu. Bon, pas tant que ça finalement : à 68 ans, lui se voyait plutôt y mettre un point final dans trois ans (avant même les prochaines élections municipales de 2020, donc ?).

Bernard Rivalta nous fait un peu tousser en affirmant qu’il aurait pu être « maire ou sénateur » mais que, s’il ne l’a pas été en 40 ans de carrière politique, c’est qu’il ne l’a pas voulu. Bien présomptueux celui qui fait parler des urnes qui ne lui ont jamais été ouvertes pour ce type de maroquins.

Mais quelle potion secrète lui permet d’afficher une telle sérénité, que même Gandhi doit lui envier ? Réponse : la franc-maçonnerie, comme une ligne de conduite et, aujourd’hui, un linge gras posé sur une plaie ouverte. Et là, on est presque moins lyrique que Bernard Rivalta lui-même :

« Ce qui me permet de résister à ce choc : c’est que je crois en la trace qu’on laisse autour de soi. C’est une dimension très présente chez les francs-maçons. »

Question carrière profressionnelle, l’ancien élu se présente comme « l’un de ceux reconnus sur le plan national et international en matière de transports en commun ». Ce qui n’est pas faux. Cela lui permet de révéler qu’il ne va pas aller pêcher la carpe mais qu’il compte bien faire du conseil auprès d’entreprises, à l’international (on sait même que ce serait plutôt du côté de la Chine).

Où l’on découvre aussi que Monsieur Rivalta est « auto-entrepreneur » depuis 2007, en vue de sa petite activité de super-expert en transports, certainement. Mais un peu loin de sa mission d’ordre public et ce, depuis déjà huit années selon son propre aveu.

Côté Sytral, d’ailleurs, rien n’est tout à fait abandonné. Gérard Collomb a pris la place de son vieil ami pour gérer les affaires courantes. Pour le moment, quelques noms circulent sur de nouveaux candidats PS pour le poste. Bernard Rivalta est plutôt partisan du « après moi le déluge », ne voyant personne d’autre que lui pour assurer la mission.

Il ne compte pas tout à fait raccrocher les gants. S’il est sorti par la porte, il pourrait bien rentrer par la fenêtre, comme « conseiller spécial » auprès du président Collomb. On ne voit pas pourquoi seuls les Chinois bénéficieraient de la précieuse expertise de Bernard Rivalta.

 


#Bernard Rivalta

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