Pour son retour au cinéma après six ans de silence — et une série HBO avortée, « Luck » — Michael Mann s’est fixé un défi à la hauteur de sa réputation : filmer les flux du cyberespace et la manière dont cette mondialisation des données affecte le monde réel.
« Hacker » va donc défier David Fincher, l’autre grand cinéaste numérique du XXIe siècle, sur son terrain de prédilection, et il le fait d’abord en matérialisant les circuits informatiques qui relient un cyberpirate à une centrale nucléaire chinoise, provoquant une catastrophe aux conséquences géopolitiques inattendues.
En effet, la police chinoise doit pactiser avec le FBI américain pour retrouver l’auteur de l’attaque, qui pourrait avoir des liens avec un ancien hacker purgeant une peine de prison, à qui l’on accorde donc une gracieuse liberté conditionnelle le temps de l’enquête.
Bande annonce de « Hacker »
On sent que Mann se plaît à amener son cinéma vers de nouveaux territoires, que ce soit celui des effets spéciaux numériques ou celui de l’empire capitaliste chinois avec ses villes polluées et ultratechnologiques. En revanche, il ne trouve de moyen pour les faire se rejoindre qu’un action man bodybuildé et prompt à la punchline ironique, survivance du blockbuster années 80 qui, comme il se doit, tombera tranquille la jolie chinoise avec qui il fait équipe.
Cyber-guérilla urbaine
C’est le point très faible de « Hacker » : un scénario empêtré dans des clichés de seconde zone, des personnages monolithiques et une histoire d’amour dont on se contrefout. De plus, comme geek ultime, Chris Hemsworth et son look de surfer haltérophile se pose un peu là…
On aimerait aussi que Mann laisse tomber certaines de ses marottes, désormais éculées, en particulier son goût de filmer en HD les lumières de villes s’étendant à perte de profondeur de champ.
Synopsis de « Hacker »
« Hacker » suit un détenu en permission et ses associés américains et chinois dans leurs efforts pour traquer et démanteler un puissant réseau de cybercriminalité internationale, les entraînant de Chicago et Los Angeles à Hong Kong et Jakarta.
Comme s’il était conscient du caractère bancal de ce matériau, le cinéaste garde toutes ses cartouches pour les grandes scènes d’action du film, histoire de rappeler que sa légende ne se fonde pas sur du vent. Et il y parvient haut la main ; mettant en scène des gunfights en milieu urbain avec un réalisme visuel et sonore impressionnant, Mann fait une fois encore avancer la grammaire cinématographique, mariant sentiment de direct et spectaculaires chorégraphies de la violence.
Ce souffle expérimental, même circonscrit à des morceaux de bravoure, montre que Mann a toujours un appétit de filmer hors norme. « Hacker », film moyen, est donc quand même une bonne nouvelle.
Par Christophe Chabert sur petit-bulletin.fr

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