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Le fist-fucking, pas une pratique brutale : les lieux pour s’initier à Lyon

Où et comment pratiquer le fist-fucking ?

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Le fist-fucking, pas une pratique brutale : les lieux pour s’initier à Lyon

Si, dans bien des esprits, le fist-fucking est une pratique brutale et exclusivement réservée aux homosexuels masculins, sa réalité est toute autre. On a regardé en arrière et jusqu’au récent et génial ouvrage de Marco Vidal justement intitulé « Fist », avant de se demander où tout ça se passait à Lyon.

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En 1983, le sociologue Edgar Gregersen écrivait que le fist-fucking est «peut-être la seule pratique sexuelle inventée au XXe siècle». Mais en est-on si sûrs ? Si le premier pied posé sur la Lune est facilement datable, il n’en est pas de même de la première main introduite dans un rectum : impossible à ce jour de dire où nos ancêtres laissaient traîner leurs poings !

Les arts ne nous aident pas beaucoup : on n’y trouve aucune trace de fist-fucking avant le XXe siècle. La baise au poing n’apparaît ni dans les contes libertins de La Fontaine, ni chez Sade, ni chez Rimbaud. Peut-être est-ce pour cela que la photo de double fist en gros plan réalisée par Robert Mapplethorpe en 1978 a tant marqué les esprits… Mais avant d’être esthétisé jusqu’à devenir arty, le fist-fucking n’accède à la visibilité (grâce au milieu gay) qu’à partir de la deuxième moitié du XXe siècle (période à laquelle il faut donc faire remonter sa supposée naissance).

Dès les années 1970, sa pratique est glorifiée dans le mythique sex-club de San Francisco Les Catacombes. L’anthropologue féministe Gayle Rubin, avec sa publication « Les Catacombes. Temple du trou du cul » offre une vision très ethnologique de ce qu’était le sexe dans ces lieux fréquentés par les communautés SM et cuir. Elle y constate une véritable «exploration de capacités sensorielles du corps (…) rarement accessibles dans les sociétés modernes occidentales» et associe donc le fist à la sensualité plutôt qu’à la violence. Un avis partagé par Erik Rémès, auteur du guide pratique « Osez le fist-fucking », qui suggère que ce dernier ne peut se faire que dans la douceur : «la main doit caresser, malaxer sans fin, courtiser l’orifice. Elle doit se faire accepter, aimer».

Michel Foucault, ami par ailleurs de Gayle Rubin dès 1972, voyait même dans le sexe extrême un exercice spirituel, une école de la délicatesse. Ethnologique, empirique ou philosophique, ces trois approches du fist convergent vers une même conclusion : la pénétration brachio-rectale n’est pas un sport de grosses brutes. Mais, en raison de son lieu de naissance, de son odeur de cuir et de son goût de Cresco, le fist-fucking reste encore aujourd’hui pour beaucoup une pratique exclusivement réservée aux homosexuels masculins (comme si seuls les gays possédaient des mains et des fesses !).

Femmes jusqu’au bout des poings

Dans l’ouvrage récemment publié « Fist », Marco Vidal, propose une généalogie originale de cette innovation sexuelle, composée d’extraits littéraires, de pérégrinations prosaïques, de réflexions et de récits auto-fictionnels.

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Cette œuvre singulière et assez géniale sort le fist-fucking des backrooms et des clichés pour en proposer une vision d’ensemble incluant tous ses adeptes, dont les femmes. Marco Vidal évoque ainsi le parcours de l’injustement méconnue Cynthia Slater, amante bisexuelle de Steve McEachern (le patron des Catacombes) et surtout fondatrice de la Société de Janus, composée de sado-masos homos, bi ou hétérosexuels. Elle fut la première femme à mettre les pieds (et les poings) aux Catacombes, avant d’y inviter ses copines. Plus tard, le sex-club organisera même des soirées féministes.

Marco Vidal parle aussi, dans son ouvrage, du fist vaginal, car, rappelons-le, le fist-fucking, c’est introduire un poing dans le rectum ou le vagin. Pour en savoir plus sur ce sujet, l’auteur nous renvoie à Deborah Addington et à son livre, « A Hand in the Bush » (sous-titré « The Fine Art of Vaginal Fisting »). Très didactique, doux et presque à l’eau de rose, ce manuel publié en 1998 met en pièces l’image d’une pratique barbare et réservée aux hommes.

Le fist-fucking pour tous et toutes serait donc possible mais il lui reste un ultime tabou à briser : sa pratique au sein d’un couple hétérosexuel, dans lequel Monsieur se ferait fister par Madame.

Si le fist au sein de couples hétéros est clairement tu, c’est parce qu’enfoncer un poing dans un rectum ne bouleverse pas que les entrailles, mais surtout les normes. Qu’on se le dise : le fist, c’est queer ! Car qui est femme, qui est homme lorsque l’on fiste ? Les deux partenaires ont les mêmes armes : des poings et des anus. Ils peuvent donc choisir leur rôle, qui n’est pas de fait. La manière même d’accéder au plaisir est ainsi remise en question. L’historien américain David Halperin oppose par exemple la recherche de durée et d’intensité de la baise au poing à la rapidité et à l’exigence orgasmique de l’acte sexuel classique. Fister, ce serait donc résister aux normes sexuelles et genrées… Faut-il voir dès lors le fist-fucking comme un acte militant ? À pratiquer, bien sûr, le poing levé…

Approfondir
« Fist » de Marco Vidal (éditions La Découverte)
« Surveiller et jouir. Anthropologie politique du sexe » de Gayle Rubin (éditions Epel)
« Osez le fist-fucking » d’Erik Rémès (éditions La Musardine)

S’il nécessite un lubrifiant adapté (et des gants en latex pour prévenir les infections sexuellement transmissibles), le fist-fucking, contrairement à certaines pratiques SM, ne demande pas d’équipement particulier, type croix de Saint-André, cage ou sling. On peut donc s’y adonner un peu partout, chez soi, en plein air ou dans des sex-clubs. À Lyon, deux d’entre eux proposent des événements spécialement dédiés aux fisters (et aux fistés).

Le Box Boys est ainsi privatisé chaque premier samedi du mois pour une soirée PlayFist qui permet à chacun d’«élargir le cercle de ses amis» et qui accueille parfois des participants venus de loin (un système d’hébergement est d’ailleurs mis en place). Au Men Club, c’est chaque deuxième week-end du mois que l’on peut se retrouver pour deux soirées «fist-uro».

Ne parlons pas, bien sûr, de la désormais (trop) célèbre Fistinière, cette chambre d’hôtes du Cher ouverte en 2007 dont la renommée a depuis longtemps franchi les frontières de la communauté gay et qui a suscité tant de rires gras.

Documentaire sur la Fistinière

«Mais la pratique en club ne représente que la partie immergée du fist-fucking» prévient Bruno de Maria, le gérant de la «boutique du plaisir» Le Dogklub.

Celui-ci prodigue régulièrement ses conseils aux adeptes du fist, des hommes pour la plupart, mais aussi une petite minorité de femmes. Et il tient avant tout à mettre en garde contre les risques qui peuvent résulter d’une mauvaise préparation. L’introduction progressive dans le rectum d’accessoires de plus en plus gros est souvent un indispensable préalable au fist-fucking proprement dit.

Mieux vaut donc s’y initier avec une personne déjà expérimentée.

Par Guillaume Wohlbang sur heteroclite.org.


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