Les syndicats de matons s’en sont donnés à cœur joie, dans la bassesse, l’abject et l’exagération manipulatrice. Le raccourci fait entre les téléphones et les armes est franchi, comme si c’était une évidence : qui vole un œuf, vole un bœuf et qui a un téléphone portable a une arme. Ils en ont rajouté puisque, soit disant, on se taillade allègrement dans les cours de promenade et on meurt !
Tu parles que si c’était vrai, le Pujadas en question ferait un JT entier là-dessus. Mais FO pénitentiaire, comme à son habitude ne s’arrête pas là (on m’a fait passer l’article de « libé « ).
En reprenant volontairement les stéréotypes éculés du club de vacances et, pour faire le poids, parle des ces choses que posséderaient les taulards (Canal +) que les citoyens ne peuvent même pas se payer. Cela s’appelle de l’incitation à la haine.
La directrice des Baumettes est obligée de se fendre d’un bémol pour « dédramatiser » dit-elle. Putain c’est rare ça, un directeur de taule qui dément son personnel et, par là, montre bien l’exagération des syndicats.
Je sais, lecteur, tu vas me dire que, quand même, ils exagèrent ces voyous avec leurs liasses de billets et leurs sourires insolents. Mais ils n’exagèrent pas, ils provoquent, c’est clair. Et sache que cette provocation est le seul moyen de lutte, en dehors de la mutinerie, qui reste au taulard, au-delà de la résistance personnelle que chacun tente de mettre en œuvre.
Le shit, les téléphones ? Mais c’est un secret de polichinelle !
Cette provocation est signe de bonne santé quand tu n’as aucune liberté d’expression et qu’on a piétiné ton identité, quand tu vis tous les jours dans une zone de non droit où on te bafoue à chaque instant. C’est une façon de dire qu’on n’est pas mort.
Alors c’est vrai, c’est infantile. C’est une provocation de gamins qui ont fait une bonne blague. ils ont joué au défi et ce n’est pas stratégique du tout, hélas. C’est du même niveau que lorsqu’on triche à une interro écrite avec des anti-sèches.
Ils ont voulu dire : « Nique la prison, tu ne nous a pas tués ». Ils ont voulu dire : « La prison, tu as des failles et on va te montrer qu’on est plus fort que ton système répressif inouï ». Pas plus, pas moins. Ils n’ont même pas pensé à flouter leur visages, c’est dire si c’est bêtasse.
Le fric en liasse ? Mais on ne peut rien en faire en taule, ça ne sert à rien. Juste une façon de dire au comptable des taules : tu peux bloquer tout mon argent et le surveiller je me démerde sans.
Le shit, les téléphones ? Mais c’est un secret de polichinelle ! Tout le monde sait que ça circule et que ça circulera sans arrêt. Ceci, d’autant plus, que certains matons participent à ce trafic pour arrondir les fins de mois, et qu’il y a de toute façon un consensus : Quand les taulards ont fumé et planent, ils sont calmes. Quant au téléphone, c’est le jeu préféré des taulards d’en avoir un et de pouvoir joindre ses proches le soir entre deux rondes. Si les évasions étaient liées aux téléphones illicites, mais on s’évaderait sans arrêt.
Le fantasme de la radicalisation en prison
La provocation c’est aussi une façon de dire qu’on ne courbera pas l’échine devant cette barbarie, lecteur, une fierté qu’on se fabrique dans une taule et qui par son mode de fonctionnement, devient une cocotte minute qui peut exploser à tout moment.
Tant qu’on aura pour politique de clamer que les taulards n’ont droit à rien, doivent se coucher, ramper, qu’on ne doit pas les entendre, même pas un gémissement, et que, seule, leur soumission totale sera le signe qu’ils sont réinsérés, alors il ne faut pas s’étonner qu’ils provoquent là où les tenants du répressif sont le plus sensible, c’est à dire sur leur croyance et leur volonté d’être les maîtres absolus.
Aujourd’hui, nous vivons dans le monde du spectaculaire, tout est audience, apparence, enfumage et d’un grain de poussière ont fait une tempête de sable. Je comprends cette provocation, mais je ne la cautionne pas car elle alimente tous les fantasmes que les médias répandent sur la taule et renforcent la manipulation politique des tenants du tout répressif. De mon point de vue, c’est donner le bâton pour se faire battre à des bourreaux qui n’attendent que ça pour durcir encore la torture.
Et toi, lecteur, ne te laisse pas abuser par ces infos à sensation et les postures indignées des bien-pensants. Ne laisse pas le spectaculaire entamer ta réflexion, parce qu’avec ce qui va arriver suite aux attentats (j’en parlerais la prochaine fois) et le fantasme de la radicalisation en prison, des jours sécuritaires se préparent. Tiens toi en dehors de l’hallali.
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