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Fin de journée, ce dimanche à Lyon. La queue de cortège a fini par rejoindre la place Bellecour. Des bougies sont déposées au pied de la statue centrale de la place.
Vidéo de l’arrivée du cortège à Bellecour.
Voici les premiers témoignages de marcheurs, que Rue89Lyon a récoltés pendant le défilé.
On a croisé Marcel Dreyfus, président du consistoire israélite de Lyon, photographié ci-dessous avec une habitante du 7e arrondissement qui a, elle, souhaité rester anonyme.
Elle est émue aux larmes :
« Des musulmans et des juifs sont morts. Mais nous sommes tous frères ! On a besoin de parler ! »
Elle évoque aussi sa peur suite à la vague d’actes islamophobes :
« J’ai préféré enlever mon foulard car je redoutais une agression. Avec tout ce monde, j’espère que les consciences vont s’ouvrir ».
Mohammed Barchi, 33 ans, est venu de Bron, pour « défendre la liberté d’expression », sans toutefois « adhérer aux dessins de Charlie Hebdo » :
« Avec ce qui s’est passé, on a peur de faire un grand pas en arrière. Heureusement qu’il y a cette magnifique mobilisation. Ça permet d’espérer. Nous devons lutter contre les peurs et le communautarisme qui pourrait en résulter. Ce n’est pas une poignée d’abrutis qui va nous dicter comment vivre ensemble. Nous devons nous battre pour les valeurs de la République : la liberté d’expression et la fraternité notamment. »
Guy, 57 ans, de Lyon, est venu seul. Pour lui, la foule dans la rue dit aux politiques « qu’ils doivent se remettre au boulot parce que ce qu’il s’est passé ne doit plus se reproduire » :
« Quand on voit tout ce monde on comprend que tout est à refaire. Il faut de la sécurité et encore de la sécurité. Mais il faut aussi s’attaquer aux problèmes que soulèvent ces attentats dans les écoles qui manquent de personnel, en redonnant du travail, en améliorant notre justice qui ne fonctionne pas ».
Pierre, 36 ans comptable à Lyon, voit lui aussi dans cette marche un signal envoyé aux hommes et femmes politiques :
« Je trouve ça beau et ça me rassure de voir autant de monde. Mais ça m’effraie aussi. Honnêtement, si là-haut ils ne se bougent pas après tout ça, j’ai peur pour la suite. »
Béatrice, 46 ans est venue de Bron et ne veut retenir de ce ce rassemblement populaire qu’un « symbole positif » :
« Je trouve ça beau, les gens se réveillent. On a jamais vu ça en France et en plus le monde entier nous regarde. Ne vous faites pas de souci, on va gagner, on va s’en sortir ! »
Robert, un retraité de 63 ans, arrive aussi de Bron, avec une pancarte faite maison.
Pour lui :
« Le message « Je suis Charlie » de partout, c’est gentil. Mais il ne faut pas oublier que Charlie Hebdo est un petit journal qui allait être en cessation de paiement. Il faut défendre la diversité des titres. Aujourd’hui la plupart des titres de presse appartiennent à de grands groupes ou de riches hommes d’affaires. La presse contestataire et indépendante doit vivre ».
Élisabeth, 66 ans, est rassurée :
« J’avais peur qu’il y ait des banderoles, des drapeaux de partis politiques ou autres. C’est bien qu’on soit tous réunis pour dire la même chose. »
Elle trouve au cours de cette marche « du réconfort » et « de la confiance » après avoir été sidérée par l’attaque notamment contre Charlie Hebdo. Elle marche pour eux mais aussi pour elle-même :
« Les gars de Charlie n’aurait sans doute pas aimé tous ces hommages et cette marche mais on avait besoin d’être là pour dire qu’ils vont nous manquer ».
Sofiane, 23 ans, regrette de ne pas voir, selon lui, davantage de jeunes dans le cortège pourtant bien présents.
« Peut-être que ma génération pense que les libertés sont acquises où tout a été gagné. Mais ce qu’il vient de se passer montre le contraire et que la liberté de la presse et d’expression ont été gagnées par des luttes qu’il faut poursuivre. »
Michèle, 54 ans, craint « qu’il y ait d’autres actes de violence car le risque zéro n’existe pas et surtout il ne faudrait pas qu’on tombe là-dedans, dans le piège de la sécurité à mort ».
Elle craint surtout « les récupérations de tous bords et surtout de l’extrême-droite » :
« J’ai peur que ces événements entraînent les mauvaises réponses aux questions qu’ils soulèvent ».
19h, #fierdetrelyonnais. Sur Twitter, beaucoup utilisent le terme « fierté » et expriment une grande émotion à avoir vu la ville inondée par la foule et à avoir participé au mouvement initié et jamais vu à Lyon.
Bravo les lyonnais ! #fierdetrelyonnais #JeSuisCHARLIE RT @Rue89Lyon: 300 000 personnes à #Lyon #LyonEstCharlie. pic.twitter.com/ALMoAg9QJA
— Xavier Yseux (@XavLyon69) January 11, 2015
@Rue89Lyon tous ces lyonnais sont policiers, juifs. Musulmans, chrétiens, libres et Charlie.. Fière d’être lyonnaise — Fane69 (@Fanedelyon) January 11, 2015
@Rue89Lyon marche historique et je suis musulmane contre la barbarie — saliha razgui (@saliharazgui2) January 11, 2015
17h25. Ce dimanche, il y a eu la solidarité en marche et il y a aussi le foot. Au stade de Gerland, où se tient le match OL-Toulouse, des applaudissements ont retenti et des banderoles « Pour la liberté d’expression » ont été tendues dans les deux virages.
16h45. Pas loin de 100 000 personnes à Grenoble. A Saint-Etienne, ce dimanche matin, c’est plus de 60 000 personnes qui ont organisé une « marche républicaine ». Et à Paris, on annonce jusqu’à 1,5 millions de marcheurs -on ne parvient plus à faire les comptes. « Du jamais vu », « complètement inédit » pour l’ensemble des villes de France. Ce qui provoque la sur-excitation des commentateurs, sur les TV, radios et sites d’infos.
7 km de « manifestants ». #Lyon pic.twitter.com/QciauQL9Pu — Michael Pantoustier (@FrenchAmerican9) January 11, 2015
16h20. La police annonce quatre kilomètres de cortège en continu et 300 000 personnes dans Lyon.
Crayon géant au premier plan. Immeuble surnommé « Le crayon » en arrière plan. #Lyon #LaFranceEstCharlie pic.twitter.com/z8OpeqsL6w — Dis bonjour àla dame (@dis_bonjour) January 11, 2015
#LyonEstCharlie #Lyon #ChalieHebdo #MarcheDu11Janvier pic.twitter.com/ZZNxAPJJbU — ✖️✖️✖️ (@ouiouitg) January 11, 2015
16h. Plusieurs journalistes qui exercent depuis plusieurs paires d’années dans la ville témoignent d’un grand étonnement face à une foule pareille. Gérard Collomb, le maire PS de la ville, est tout aussi abasourdi :
« C’est énorme, je n’ai jamais connu ça. »
La place Bellecour est bondée, la police ne laisse plus personne y accéder.
15h30. Les Lyonnais font état de leur marche sur les réseaux sociaux.
#JeSuisCharlie #lyon pic.twitter.com/neeZo7xnNW — Denis Pansu (@usercentric) January 11, 2015
#Lyon #JeSuisCharlie pic.twitter.com/xYvRKdyrvC — François Deléglise (@Ronron_Francois) January 11, 2015
#Lyon #jesuischarlie https://t.co/spv7tgEnvT — Vincent ACHILLE (@vincentachille) January 11, 2015
15h30. La tête de la « marche républicaine » arrive place Bellecour. Les organisateurs sont obligés de demander aux premiers arrivés de partir « par les quais de Saône » tellement il y a de monde. Ensuite, c’est l’hélicoptère de la police qui relaie cette injonction à évacuer la place. 15h20. Le chiffre de 150 000 personnes se confirme. « On n’a pas vu ça depuis la Libération de Paris », estime un journaliste sur place. Le démarrage du cortège a à peine bougé de Grange Blanche. Finalement, c’est sur le pont Lafayette que le défilé a été conduit. 15h. L’Olympique Lyonnais fera porter des t-shirts et brassards « Je suis Charlie » à ses joueurs ce dimanche soir, pour le match contre Toulouse, qui a été reporté à 17h.
#OLTFC, le tee-shirt et le brassard qui seront portés par les Lyonnais. #NousSommesTousCharlie #teamOL pic.twitter.com/EBRpRIk3K9 — Olympique Lyonnais (@OL) January 11, 2015
14h50. Des représentants de la Ville de Lyon parle de 150 00 personnes réunies dans la ville pour la marche. Il s’agit encore « d’un chiffre de travail ». La police improvise le parcours, après avoir voulu faire passer le cortège sur le pont de la Guillotière, puis sur le pont Wilson, il devrait emprunter le pont Morand.
Les policiers en helico nous font coucou sur la traversée du pont Wilson #lyon #JeSuisCharlie — CharlietariusHH (@SagittariusHH) January 11, 2015
14h30. La foule est immense, c’est pourquoi le parcours a été modifié. Les gens qui souhaitent rejoindre le cortège et qui n’y parviennent pas restent statiques en marge et applaudissent à son passage. Un flux continu de personnes s’étend du métro Grange Blanche jusqu’à Saxe Gambetta, dans le calme.
Derrière deux rangs bien fournis du journalistes, on trouve tout ce que la ville compte d’élus et d’officiels. Mais ils ne sont pas en tête, Gérard Collomb, maire PS de la ville, se trouve plusieurs mètres derrière le premier rang.
La représentante régionale du Crif (conseil représentatif des institutions juives de France), Nicole Bornstein, a essayé de se positionner en tête de cortège. Elle a finalement été invitée à se mettre juste derrière.
Frédéric Poignard, secrétaire général du Club de la presse et ancien journaliste du Figaro à Lyon explique :
« Le but est de marcher pour la liberté d’expression. On ne voulait pas qu’il y ait de représentants officiels en tête de cortège. Que des anonymes. Pas de concurrence entre les victimes. Le club de la presse représente une convergence neutre pour un message ouvert ».
Le Crif a appelé à poursuivre le défilé qui prend officiellement fin place Bellecour jusqu’à la Grande synagogue, quai Tilsitt (6e).
14h. La banderole en tête de cortège est mise en place.
Les TCL sont gratuits ce dimanche, tout comme les TER de la SNCF, « pour faciliter les déplacements des rhonalpins aux différentes manifestations de soutien à Charlie Hebdo ». Et le métro est bondé :
Metro bondé pour se rendre à la #MarcheRepublicaine. #Lyon #LyonEstCharlie pic.twitter.com/la0PVc8Brn
— Ziwii (@Ziwii) January 11, 2015
Petit rappel et making of. Mercredi soir, quelques heures après l’annonce d’une fusillade meurtrière dans les locaux de Charlie Hebdo, une foule s’est spontanément rassemblée place des Terreaux. Plus de 10 000 personnes s’y sont réunies, respectant des moments de silence et de recueillement.
Un autre grand rassemblement dans Lyon, parallèlement à celui de Paris, a très vite également été programmé pour ce dimanche.
Edition pirate. Une autre initiative plus confidentielle, a été menée par plusieurs acteurs culturels lyonnais, qui ont réalisé en 48 heures un « journal pirate » intitulé « Charlie Héros ». Il réunit des textes et des dessins inspirés de l’hebdo satirique, faits par des illustrateurs lyonnais et cette édition pirate est, selon les termes usés dans ses pages, « dédié aux 12 héros et à toutes les victimes collatérales de l’attentat du 7 janvier 2015 qui a frappé le siège de Charlie Hebdo et notre Nation toute entière ».
Le magazine a déjà été tiré gracieusement par trois imprimeurs à 8000 exemplaires, qui devraient être distribués ce dimanche dans la ville ; 3000 autres exemplaires devraient également être imprimés ces prochains jours.
Il est également visible ci-dessous :
A Lyon, le représentant du FN et élu municipal Christophe Boudot a déclaré dans un communiqué de presse qu’il comptait se rendre dans le cortège, contrairement à la patronne de son parti, Marine Le Pen qui a fait mine d’être exclue du cortège parisien (mais s’est rendue à celui de Beaucaire, ville gérée par le FN).
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