Le 20 décembre, on inaugurait à Lyon le musée des Confluences. Ni François Hollande ni Fleur Pellerin n’étaient présents ce jour-là, une absence qui, pour Laurent Gervereau, président du Réseau des musées de l’Europe, en dit long sur la défaite de la culture dans notre société.
L’artiste, philosophe et écrivain français prend la plume pour dresser un bilan assez sombre de l’état de la politique culturelle française en comparant les trois musées que sont le MUCEM (musée de la civilisation de l’Europe et de la Méditerranée) de Marseille, la fondation Vuiton (Paris) et le tout nouveau musée des Confluences de Lyon.
Selon lui le MUCEM serait une réussite seulement en tant que site, pas en tant que musée. Il explique comment il est d’ailleurs devenu « une coquille prétexte sans vrai projet culturel et sans collections ».
Il en va de même pour la fondation Vuiton, où « l’oeuvre véritable est architecturale » Laurent Gerverau ajoute d’ailleurs:
« Vous pourrez mettre n’importe quoi dans le bâtiment de Gehry (architecte du musée), cela n’aura aucune importance. »
Pour le président du Réseau des musées de l’Europe, le musée des Confluences fait figure d’exception :
« Ce Musée a un contenu. Il est ambitieux et pas simplement conceptuel : il est servi par des collections d’exception. (…)
De surcroît, le propos est particulièrement ambitieux, novateur et clair : faire de l’histoire générale de l’espèce humaine au sein de son environnement avec une comparaison respectueuse des civilisations. Bref, notre premier vrai musée anthropologique. »
Dans ce contexte l’absence de représentant du gouvernement lors de l’inauguration du musée incarne, pour Laurent Gervereau, la défaite du musée, et plus généralement « la défaite de la notion de Culture dans la société française ».
Il explique que cette défaite est due à deux raisons :
- Parce que d’abord la vision de la Culture est une vision élitiste. Si on pense Musée, on pense Musée d’art, or le Musée traite de multiples sujets en prise directe avec les préoccupations de toutes les strates de la population. Il faut en fait changer le périmètre et penser désormais « des Cultures ».
- Ensuite, parce que le coût est systématiquement mis en avant comme si chaque centime dépensé était un centime de trop par rapport aux vraies priorités. « La culture, ce ne serait pas vital, pas un besoin premier.
Autant de mauvaises raisons pour le philosophe, pour qui la culture est primordiale dans notre société parce qu’elle est le ciment du vivre en commun, et qu’elle est, avec le savoir, la base de la liberté individuelle.
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