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Musée des Confluences : le projet culturel et scientifique sera-t-il à la hauteur ?

Le Musée des Confluences de Lyon ouvre ses portes ce week-end, avec son dinosaure Camarasaurus, son panthéon chinois, son mammouth en kit enfin remonté… Il sera ces prochains jours observé à la loupe et jugé à l’aune de ce que sa coquille aura coûté. Que propose ce lieu maintenant qu’il est sur pied ? Que peuvent en attendre le public mais aussi le monde scientifique ?

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Montage des défenses du mammouth au musée des confluences. Crédit : GB/Rue89Lyon

A quelques jours de son ouverture. Crédit : GB/Rue89Lyon.
A quelques jours de son ouverture. Crédit : GB/Rue89Lyon.

Un peu dans un état second ces derniers jours, elle tente de tenir la barre. Hélène Lafont-Couturier, directrice du Musée des Confluences, le dit presque anesthésiée :

“On n’aura pas le droit à une seconde chance.”

Le calendrier est serré. Jeudi matin : visite à la presse. Vendredi soir, c’est inauguration du lieu avec les élus concernés : Gérard Collomb, président PS de la future Métropole de Lyon qui supportera financièrement le musée ; Danielle Chuzeville, présidente du Département du Rhône et son prédécesseur Michel Mercier, qui fût à la manoeuvre ces quinze dernières années, se déclarant lui-même “responsable” de tout le cheminement du projet, chaotique s’il en est.

Denis Broliquier, conseiller communautaire et maire UDI du 2è arrondissement a déjà annoncé qu’il boycotterait l’événement, pour protester contre « la dérive » du projet.

Puis samedi matin : ouverture au public.

Jusque là, le musée n’a quasiment jamais été évoqué que dans sa dimension politique, pour tenter de raconter l’histoire de sa gabegie qui a multiplié par quasiment cinq son coût de construction.

Depuis quelques semaines, la communication finit par glisser peu à peu en direction du contenu, avec quelques invitations faites à la presse, les premières images du Camarasaurus, squelette de dinosaure qui trônera dans l’une des salles du musée -ou encore les nôtres, également, ci-dessous, à quelques jours de l’ouverture.

 

Un musée à la pointe… et dernier des Mohicans

Momie mise dans sa mousseline opaque au musée des Confluences. crédit : Guillaume Bernard/rue89Lyon
Une momie que le public ne verra qu’à travers une mousseline sombre, au Musée des Confluences. Crédit : Guillaume Bernard/rue89Lyon.

Le projet culturel a nécessairement été modifié depuis qu’il a été imaginé, il y a 15 ans, lors de la fermeture du Museum d’histoire naturelle de Lyon. Il a sans doute encore pris d’autres virages au regard des aléas architecturaux et des dépenses faites à mesure que le chantier s’éternisait. Mais il conserve l’ambition de « raconter l’homme », affirme Hélène Lafont-Couturier, qui a été sollicitée pour prendre la tête du projet il y a quatre ans.

Désormais, il doit être non seulement faire rayonner son territoire et financeur, la Métropole de Lyon, mais aussi être un modèle scientifique, à la pointe des dernières découvertes afin de tenir constamment un propos mis à jour et pertinent. Surtout pas faux.

On ne cache pas avoir pris pour modèle des lieux tels que le musée de la Nature et des Sciences à Tokyo connu, notamment, pour ses expériences interactives.

A « Confluences », ce sera donc ethnologie, sciences naturelles et technologies. Les trois axes s’entrecroisant en permanence : les pièces du musée « dialoguant » entre elles, où l’on voit des monnaies océaniennes face à des céramiques nord-africaines et un accélérateur de particules.

Pour Hélène Lafont-Couturier, Confluences doit, au regard de son aspect et de ses objectifs, marquer une rupture dans l’histoire des musées, comme le centre Pompidou l’a été à Paris.

S’il a une architecture spécifique, il reste toutefois un format relativement classique de présentation muséale, un navire amiral colossal de plusieurs millions d’euros, sorti de terre aux forceps et entièrement supporté par une collectivité. Quelque chose qui, dans sa globalité, ne se verra sans doute plus en France, estime aussi la directrice.

A la pointe, semblerait-il donc, et tout à la fois dernier des Mohicans.

 

Momie, oiseaux disparus et Erik Orsenna en guest

Les défenses du mammouth vont être montées. Crédit GB/rue89Lyon
Mais… ne sont-ce pas les défenses du mammouth qui a tant manqué aux Lyonnais ? Crédit GB/rue89Lyon

En quinze ans, puisqu/Les expositions permanentes montreront donc les collections du musée Guimet, selon un parcours s’étendant sur trois vastes salles, dédiées à l’Origine (les récits du monde), les Espèces, les Sociétés, les Eternités (visions de l’au-delà)…

Deux expos temporaires lancent aussi la “première saison” de Confluences : “Dans la chambre des merveilles”, sorte de cabinet de curiosités, et “Les trésors d’Emile Guimet”. Les deux propositions doivent incarner les deux piliers du Musée des Confluences, bâti non pas uniquement sur un terrain dépollué mais aussi sur la fusion des fonds du musée Guimet et du Museum de Lyon.

Dans une des salles, on trouve aussi les caisses d’une expo qui a déjà tourné et qui sera donc visible à Lyon dès février, “A la conquête du Pôle Sud” : le récit d’une course qui a opposé deux équipes, norvégienne et britannique, vers un continent alors inexploré, le Pôle Sud, au début du XXè siècle.

Les caisse de la prochaine expo temporaire "A la conquête du Pôle Sud" au Musée des Confluences. ©GB/Rue89Lyon.
Les caisse de la prochaine expo temporaire « A la conquête du Pôle Sud » au Musée des Confluences. ©GB/Rue89Lyon.

Erik Orsenna a le projet de lancer un “observatoire mondial des fleuves” et le Musée des Confluences devrait être le lieu qui rendra compte de ses éventuels travaux. L’écrivain devrait aussi bénéficier dans les trois ans à venir d’une sorte de “carte blanche”, pour une exposition temporaire.

Hélène Lafont-Couturier s’est adjoint les services d’un ancien membre de son équipe au sein du musée gallo-romain qu’elle a dirigé avant d’être sollicitée pour Confluences. Nicolas Dupont est donc un tout jeune directeur des collections et des expositions, qui a obtenu le concours de conservateur il y a trois ans. Pour lui, “l’identité du musée se fera avec le public”. Ce public dont les réactions sont très attendues.

 

Un nouveau spot pour les Lyonnais ?

La directrice monte l’inauguration au milieu des cartons de son bureau, dans le 6è. L’équipe n’est pas encore installée dans le brand new Musée, à Confluence.
Pour lui tirer le portrait, nous sommes allés devant l’ancien musée Guimet, dans le 6è également. Plantés devant, avec un appareil, nous avons attiré le regard d’un passant qui nous a lancé :

“Pas la peine d’essayer de rentrer ! C’est fermé depuis des années. On sait pas ce qu’ils foutent…”

Hélène Lafont-Couturier, directrice du Musée des Confluences. ©LB/Rue89Lyon.
Hélène Lafont-Couturier, directrice du Musée des Confluences. ©LB/Rue89Lyon.

Une énième démonstration de l’attente des Lyonnais. “Forte”, concède volontiers Hélène Lafont-Couturier :

“On a privé une génération des collections de ce musée”.

Pour elle, il est indispensable que Confluences soit un “lieu populaire”. Accessible dans son propos, dans la façon dont les expositions seront présentées, mais aussi dans sa structure. L’idée étant que le lieu, dont l’architecture a aussi beaucoup fait parler (il y a les adeptes et les anti-architecture déconstructiviste), puisse être ouvert sans avoir à s’acquitter des 9 euros nécessaires pour visiter les collections.

Hélène Lafont-Couturier s’attend à environ 500 000 visites par an (payantes et gratuites comprises bien sûr), en vitesse de croisière. Les questions ne manqueront pas de pleuvoir lors des premières visites. D’ailleurs, la directrice explique avoir formé ses médiateurs (le personnel qui fait les visites guidées) à « tous les types de questions », portant aussi sur l’aspect économique et plus politique de la structure. Ce qui n’est pas classique.

Ils devront sans doute dire, entre autres, que le budget de fonctionnement s’élèvera à 18 millions d’euros, assumés à hauteur de 15 millions d’euros par la Métropole de Lyon, les 3 millions d’euros restants devant correspondre aux recettes propres du musée (billetterie, locations et privatisations, redevances des boutiques et restaurants…).

Il a été le fruit d’une réflexion tendue entre des attentes très fortes (liées au coût du chantier mais aussi inhérentes à un lieu qui sera l’un des rares de ce type à ouvrir encore en France), et la volonté de ne pas faire dans l’ostentatoire. Avec cette somme, il faudra aussi enrichir les collections. La politique d’acquisition n’est pas encore tout à fait fixée. “Un chantier de ce début d’année”, programme Hélène Lafont-Couturier. Une fois la vague de l’inauguration et des premières réactions passée.

L’ouverture au public, c’est donc ce samedi dès 10 heures, si vous avez envie de voir de vos propres yeux puis de donner un avis.

 


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