De la guerre, ses poèmes murmurent la salutation d’un mort :
« Demain il restera souriant, les pigeons du matin s’envoleront de sa bouche pour se poser sur les rebords des fenêtres. Habitants de la ville : Celui qui meurt sourit sur le mur ! ».
De Ramallah, son poème effleure le mobilier d’une maison :
« Te souviens-tu combien tu as aimé l’obscurité de la maison et combien tu étais contente du robinet quand je t’ai dit : « A chaque fois que tu te laveras le visage, le matin, une goutte d’eau continuera sans cesse à me parler de toi ». »
Ramallah, ville composée principalement de palestiniens chrétiens à 15 kilomètres de Jérusalem, crie silencieusement en lui. Une rage littéraire quand la ville accueillait en son sein les immenses Mahmoud Darwich et Mourid Barghouthi.
« Il me faut un minimum de stabilité pour écrire »
Anas Alaili a puisé dans ses rencontres la simplicité de l’écriture. Une toute petite musique de mots pour dire de minuscules choses car :
« L’humour et la douceur servent mieux la résistance que les déclarations violentes parce qu’ils font échec à l’inhumain », écrit de lui son ami Bernard Noël.
Pour faire entendre sa petite voix, Anas Alaili se produit dans des bibliothèques et dans des théâtres. Avec l’appui de comédiens et de musiciens, il recherche des croisements, des explorations artistiques. Comme pour ne pas être seul, pour susurrer ses mots à voix douce à une jeune femme inconnue qui danse libre tout au long de son recueil de poème.
Le poète palestinien habite aujourd’hui à Lyon. L’exil n’est pas un carburant pour faire émerger des mots :
« L’exil n’est pas un lieu défini. Il est ici ailleurs et partout. Et lorsque on est poète, il y toujours cette envie de se retirer, de se replier, et tout simplement d’être à distance ! Mais il me faut un minimum de stabilité pour écrire. Cela est indispensable. Je ne peux pas écrire quand je me sens moi-même « perdu ». Je ne trouve pas mes mots ! »
Anas Alaili (avec Bab Assalam), Ramallah-Lyon : un aller simple dans le calme et la tendresse. Soirée poésie au Théâtre de l’Astrée ce jeudi 27 nov à 19h30 (Villeurbanne). 6€/ 12€.
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