A partir du communiqué de presse, petit exercice de lecture entre les lignes et autres questions qui se posent désormais (ou plus du tout).
L’Institut Lumière est l’émetteur du communiqué de presse qui annonce que, par l’intermédiaire de la société qu’il a créée, Cinémas Lumière, il est devenu propriétaire des cinémas CNP.
Pour être précis, la société est désormais détentrice des fonds de commerce car tous les murs n’appartenaient pas à Galeshka Moravioff.
Et qui est vraiment le propriétaire ? Cinémas Lumière ou l’Institut Lumière ?
« Cette opération s’est faite sans intervention politique ou financière publique et dans un cadre strictement commercial », tient à préciser l’Institut Lumière.
Pour autant, il faut préciser que l’Institut Lumière est en partie financé par des subventions, et qu’il est actionnaire de la Société Cinémas Lumière, désormais gérant des CNP.
On sait aussi que les services de la délégation culture, à la Ville de Lyon, ont travaillé activement à ce que l’épineux dossier des CNP trouve enfin une issue, face à un Galeshka Moravioff pas toujours prompt à la communication. En participant notamment à lui faire entendre raison à l’ancien propriétaire (selon nous, une démarche pour insalubrité des lieux aurait été tellement simple à lancer…).
Réouverture des CNP à la rentrée 2015/2016, un pari à tenir
Les salles conservent leur marque « CNP », si importante et signifiante à Lyon, et leur programmation qui a fait leur identité. Les Cinémas Lumière ne vont pas lutter contre les multiplexes, mais comment trouveront-ils un équilibre financier sans l’art & essai porteur et avec des jauges aussi limitées ? Uniquement avec des films classés Recherche ou Art & Essai pointu ? Un vrai pari, donc. Tout comme l’ouverture programmée des deux lieux à la rentrée 2015/2016, après des travaux de rénovation.
Avec douze écrans, les Cinémas Lumière deviennent en 6 mois d’existence (et sans aucune recette à ce jour) le troisième acteur du paysage cinématographique lyonnais, après Pathé et UGC. Ils feront donc la pluie et le beau temps, à leur façon, renforçant la forme d’hégémonie que l’Institut Lumière avait notamment initié avec son festival.
Les jours des petits cinémas Opéra et de l’impasse Polycarpe (tous deux dans le 1er arrondissement) sont désormais comptés.
Et dans le 7e, malgré l’autorisation qu’a obtenue Marc Bonny d’agrandir son Comœdia de trois salles supplémentaires, celui-ci doit trouver la situation… cocasse. Avec neuf écrans et des concurrents qui se multiplient, tous avides de récupérer les films et la clientèle, la situation de ce cinéma qui avait su trouver sa (bonne et indispensable) place dans Lyon devient-elle plus fragile ? Son avenir n’est peut-être pas que lyonnais.
Lyon devient-elle enfin une ville de premier ordre en matière de cinéma ?
Il n’y a désormais plus de place pour de nouvelles ouvertures de salles. En 2010, l’adjoint à la culture Georges Képénékian affirmait que les opérateurs locaux répondaient déjà à toutes les demandes des spectateurs. Il pourrait avoir raison. Bye bye le projet de Trésor public, par exemple, mené par des professionnels du cinéma à Lyon qui souhaitent monter une salle avec une ligne éditoriale indépendante et forte.
Quant au spectateur, il n’a qu’à observer ce qui se passe. Dans quelques mois, peut-être, Lyon sera réellement une ville de premier ordre dans le cinéma français. Des salles de qualité qui feront une offre cinématographique complète avec une exposition dans la durée, du blockbuster US au petit film recherche venu du Turkmenistan.
« Voilà » comme on dit dans les films français.
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