L’opération de « réquisition » avait été soigneusement montée. Samedi en fin d’après-midi, après la manifestation régionale sur le logement, environ 150 personnes ont « officialisé la réquisition » d’un immeuble, autrement dit l’ouverture illégale d’un squat, dans le 8e arrondissement de Lyon.
Il s’agit d’un ancien bâtiment propriété de la la Ville de Lyon qui hébergeait des instituteurs jusqu’en 2011, à l’angle du boulevard des Etats-Unis et de la rue Paul Cazeneuve.
Vide depuis, cet immeuble de sept étages et 35 logements a été ouvert par un collectif rassemblant des « précaires, des chômeurs et des étudiants », comme ils se présentent. Un de ses membres explique la démarche :
« A la manifestation, de nombreuses banderoles évoquaient la réquisition de logements vides. Nous avons mis en pratique ces slogans. La préfecture ne réquisitionne pas, alors qu’il y a 2 000 personnes à la rue ».
Le samedi soir, le collectif publiait un communiqué sur le site Rebellyon affirmant que, « face au nombre de personnes à la rue et de logements vides » cette « réquisition », illégale, était rendue nécessaire. Rappelons que seul l’Etat, en l’occurrence la préfecture, peut procéder à des réquisitions de logement vide, comme elle a pu déjà le faire à Oullins.
« Expulsion illégale » ?
Ces habitués de l’ouverture de squats disaient occuper les lieux depuis lundi 10 novembre, soit depuis plus de quarante huit heures. Ce qui devait les mettre à l’abri d’une expulsion immédiate et aurait dû obliger, le propriétaire, la Ville de Lyon, à saisir le juge pour demander l’évacuation par la police.
Les squatteurs affirment détenir les preuves : courriers reçus à l’adresse et ouverture d’un compte EDF (voir les photos des documents).
Mais la police et la Ville de Lyon ont considéré que les occupants étaient présents depuis moins de quarante huit heures. Résultat, la mairie a saisi la préfecture du Rhône pour demander une expulsion immédiate.
L’évacuation a commencé vers 17h et a duré une heure. Une partie des occupants (vingt deux au total) s’étant réfugiés sur le toit. La police a procédé à des interpellations parmi les occupants. Une vingtaine selon plusieurs personnes venues soutenir cette occupation.
Selon le Progrès, la police a laissé partir huit occupants, et a vérifié l’identité de treize autres. Parmi eux, deux sont restés en garde à vue : un occupant pour avoir refusé « des prélèvements destinés à vérifier son identité » et autre au motif de «l’occupation illégale ».
Les soutiens, comme les occupants, dénoncent une « expulsion illégale ».
Toujours dans le Progrès, le commissaire qui dirigeait l’opération affirme au contraire que l’occupation ne datait que de 24 heures. Pour lui, l’abonnement EDF ne vaudrait rien. Il affirme que « EDF devait intervenir le 20 novembre » et que la lumière visible de la rue dans plusieurs appartements a été obtenue « de manière détournée ».
Les occupants comptaient faire de cet immeuble un lieu hébergement pour accueillir des familles avec enfants actuellement à la rue.
> Mis à jour le 16 novembre à 18h40, après l’expulsion.
> Mis à jour le 17 novembre à 9h30, avec les précisions de la police sur les arrestations et l’expulsion.
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