Il y a d’abord le portrait de Medhi, 30 ans. Insomniaque de longue date, il raconte qu’Internet n’a pas foncièrement changé sa manière d’appréhender ses insomnies :
« Il y a vingt ans, j’avais déjà les pires difficultés du monde à m’endormir à cause de mon anxiété. Rester ou pas devant un écran jusqu’à 5 heures du matin, ça n’arrange pas les choses, mais ce n’est pas le fond du problème. »
Il explique surtout qu’une fois l’euphorie de la découverte d’Internet passée, la lassitude est survenue :
« Pendant un an et demi environ, Internet était comme un nouveau jouet. Tu le saignes à fond, puis un jour, tu trouves que ça tourne en rond.
Là, je vois mon Mac comme la manière la plus facile et la moins chère de perdre du temps, mais sans plus. Et encore, parfois, après minuit, je l’éteins car je me suis remis à la télévision et à lire des mangas. »
Alexandra, 38 ans, raconte elle aussi cette relation ambigüe. Insomniaque depuis toute petite, sa mère l’était aussi et sortait faire des balades pour tuer le temps. Alors, gamine, elle se forçait à ne pas s’endormir. Elle se souvient de l’arrivée du PC dans ses nuits de sommeil morcelées :
« Les débuts d’Internet, c’est l’époque où j’étais au lycée. J’habitais en colocation avec des copains, qui ont sauté sur le multimédia et sur les ordinateurs dès leur arrivée. »
Ça duré un temps mais elle est vite revenue à son rythme habituel : se réveiller en pleine nuit, rester les yeux ouverts pendant trois heures, puis se rendormir. Comme le jour elle bosse, il lui arrive de mettre des petits trucs de côté pour sa navigation de nuit : des articles, des chansons, des playlists.
« La nuit, tout le monde peut être ton pote »
Medhi a d’ailleurs poussé cette démarche à son paroxysme :
« Hormis pour les mails et quelques trucs vite faits comme les sites de foot, je m’interdisais d’aller sur Internet le jour. C’est con parce qu’avec un ordinateur, tu ne peux jamais être à sec. »
Karine, quarantenaire, est elle plus attirée par les forums de discussions. Elle a découvert ce milieu vers 2003 et parle de ces échanges souvent marginaux :
« Certaines discussions tranchent avec celles que l’on peut avoir le jour. On ne parle pas boulot, ni des petits tracas d’une vie quotidienne de mémère, mais d’autre chose. On refait le monde. […] L’insomniaque a besoin de socialiser. De se créer une deuxième vie. Mais cela ne débouche souvent sur rien de concret. »
Lire la suite sur rue89.fr

Rue89Lyon est menacé ! Enquêter sur l’extrême droite, mettre notre nez dans les affaires de patrons peu scrupuleux, être une vigie des pouvoirs politiques… Depuis 14 ans, nous assurons toutes ces missions d’utilité publique pour la vie locale. Mais nos finances sont fragiles. Nous avons besoin de 30 000 euros au 16 avril pour continuer d’être ce contre-pouvoir local l’année prochaine.
En 2025, nous faisons face à trois menaces :
- Un procès-bâillon : nous allons passer au tribunal face à Jean-Michel Aulas, ex-patron de l’OL qui nous attaque en diffamation.
- Des réseaux sociaux hostiles : Facebook, X, mais aussi Google, ces plateformes invisibilisent de plus en plus les médias indépendants en ligne.
- La montée de l’extrême droite : notre travail d’enquête sur le sujet nous expose et demande des moyens. Face à Vincent Bolloré ou Pierre-Edouard Stérin qui rachètent des médias pour pousser leur idéologie mortifère, notre média indépendant est un espace de résistance.
Pour toutes ces raisons, nous avons besoin de votre soutien : abonnez-vous ou faites un don à Rue89Lyon !
Chargement des commentaires…