1. Emmanuel Carrère
Avec Le Royaume, imposant volume de 600 pages où il mène une double enquête sur la « crise de foi » qui l’a transformé en croyant fervent pendant deux brèves années et sur les premiers chrétiens, l’auteur de L’Adversaire poursuit son impressionnante exploration des « autres vies que la sienne ». Ici, le vertige saisit le lecteur devant l’imbrication virtuose entre les questions que l’homme et le romancier se posent et la tentative de ramener la mythologie chrétienne à son point le plus profane : une secte d’évangélistes traversée par des luttes intestines, des enjeux de pouvoir et le désir d’écrire à plusieurs mains le roman du Christ ressuscité. Christophe Chabert
Le 9 octobre à la librairie Passages
Le 27 novembre à Lucioles à Vienne
2. Laurent Mauvignier
C’est un jour de mars comme les autres sur la Terre. Sauf que ce jour-là, cette année-là, est le jour du tsunami. C’est l’événement qui conduit le nouveau livre de Mauvignier, explorateur des grandes (l’Algérie avec Des Hommes), moyennes (le Heysel avec Dans la Foule) ou petites (le tabassage à mort d’un voleur de bières par des vigiles avec Ce que j’appelle oubli) tragédies humaines. Et l’emmène Autour du Monde, à la rencontre d’une galerie de personnages aux destins entrelacés par cet événement que la globalisation a rendu planétaire. Quelque part entre Le Tour du Monde en 80 jours – mais en un jour – et le Babel d’Iñarritu, voilà donc, justement, un livre monde. Et pour une fois, le terme s’entend sans peine. Stéphane Duchêne
Le 14 octobre à Passages
Le 16 octobre à Lucioles à Vienne
3. Serge Joncour
Avec Eric Chevillard (dans un tout autre genre) et Philippe Jaenada (déjà plus proche), Serge Joncour est, quand il le veut, l’un des écrivains les plus drôles de France. Comme les deux précités, il aime à brouiller les distances entre sa vie et son œuvre. D’où cet Écrivain national au titre faussement pompeux, récit d’une résidence d’écriture pour le moins ratée au cul du loup du Morvan – épisode fabuleux d’un atelier pour illettrés – virant rapidement à l’aventure rocambolesque – réussie, elle, malheureusement pour lui. C’est désinvolte, revenu de tout, voire carrément je-m’en-foutiste, bref c’est du Joncour. SD
Le 15 octobre à Decitre Bellecour
Le 13 novembre à la libairie Lettres à croquer, à Villeurbanne.
4. Pacôme Thiellement
Il nous avait déjà gâté l’an dernier avec Pop Yoga, indispensable somme de ses exégèses d’objets pop (séries télés, films…), revoilà l’érudit rouquin à la barbe prophétique avec en poche un drôle de feuilleton : Les Cinq livres du King. Où il est question ni plus ni moins que d’une succession d’apparitions d’Elvis Presley distribuant des aphorismes bouddhistes à une poignée d’élus triés sur le volet par icelui (Yoko Ono, Jacques Chirac, Emmanuelle Seigner…). Dit comme ça, ça n’a l’air de rien ou (déjà) de trop, mais c’est simplement succulent. En plus, la chose est éditée par Le Feu Sacré, très recommandable maison lyonnaise, et sauvagement illustrée par Jonathan Bougard. SD
Le 15 octobre au Bal des Ardents
5. Olivia Rosenthal
A chaque rentrée littéraire, ce qu’on appelle communément son OLNI, voire son OLLNI (Objet Littéraire Labyrinthique Non Identifié). Celui de cette année est le fait d’une habituée du genre, dont on sent qu’elle découvre presque main dans la main avec le lecteur ce qui fait son Mécanismes de survie en milieu hostile, dévoilant de méta-textes en fausses pistes et cauchemars l’écriture, ou plutôt les écritures, comme un processus de survie face aux apocalypses engendrées par les faits. Entre abandon, deuil, expériences de mort imminente et révélation finale comme prix d’un brumeux suspense. SD
Le 23 octobre à Passages
6. Alain Damasio
Des nombreuses figures plus ou moins lyonnaises de la science-fiction (Jean-Marc Ligny, Sylvie Lainé, Raphaël Colson…) que recevra le festival des Intergalactiques à l’automne, Alain Damasio est, de part sa créativité dialectale, sa maîtrise de la narration polyphonique et sa curiosité (il apparaît sur un titre de Rone, a écrit le scénario du jeu Remember Me), la plus ambitieuse. En pleine écriture de son troisième pavé (après La Zone du dehors et La Horde de Contrevent), il y causera écologie avec un autre vénérable faiseur de mondes, Jean-Pierre Andrevon, avant de fêter les dix ans des éditions La Volte, dont il fut l’inspirateur. BM
Le 24 octobre à la bibliothèque de la Part-Dieu
Le 25 et 26 octobre à la MJC Monplaisir
7. Régis Loisel
A peine Riad Sattouf rendu à sa condition d’Arabe du futur, la librairie La BD frappe de nouveau très fort en annonçant la venue, non seulement pour une dédicace, mais aussi pour une expo et une masterclass, de l’immense Régis Loisel. Presque le minimum au regard de l’influence de cet égal des grands illustrateurs de contes (Doré, Rackham, Dulac…) et auteur, notamment, d’une cruelle et néanmoins merveilleuse préquelle auPeter Pan de Barrie et, sur un scénario de Serge de Le Tendre, de rien moins que l’alpha et l’omega de l’heroic fantasy séquentielle : La Quête de l’oiseau du temps. BM
Le 13 novembre à La BD
8. Philippe Francq
Classique de la BD grand public, Largo Winch connaîtra sous peu un dix-neuvième tome (en vingt-quatre ans d’existence), prétexte à la venue à Lyon de Philippe Francq, son dessinateur. Un événement relatif, sa carrière se résumant à ce seul thriller financier bien plus retors qu’il n’y paraît, là où celle du scénariste Jean Van Hamme est des plus variées et abouties – de la fantasy (Thorgal, aussi iconique que le Conan de Howard) à l’espionnage (XIII, idem vis-à-vis du Jason Bourne de Ludlum), il a presque tout essayé, avec un souci documentaire et une ambition romanesque sans pareils. Mais un événement quand même.
Le 22 novembre à la Fnac Bellecour
9. Hervé Bourhis
On savait Hervé Bourhis l’un des grands érudits rock du neuvième art (voir son Petit livre Beatles, son Petit Livre rock et son recueil de 45 Tours rock, aussi croustillants qu’instructifs). On découvre avec Le Teckel, un buddy-road movie à la française sur fond de complot pharmaceutique aussi loufoque qu’antisystème, qu’il est un rejeton illégitime de Michael Mann (période Révélations) et Joël Séria (pour Les Galettes de Pont-Aven). Et un courageux explorateur des frontières numériques, l’album ayant été pré-publié dans l’excellente webrevue Professeur Cyclope.
Le 6 décembre à Expérience
10. Russell Banks
En 2010, Emmanuel Meirieu adaptait De beaux lendemains aux Nuits de Fourvière. Trois ans et demi plus tard, à l’invitation de la Villa-Gillet, l’auteur (en 1994) de cette magistrale variation judiciaire sur le conte du Joueur de flûte de Hamelin, Russell Banks, foulera le plateau du théâtre où le metteur est comme chez lui. Au-delà du clin d’œil, ce sera là l’occasion de s’entretenir avec un écrivain majeur qui, depuis plus de quarante ans, déterre à coups de portraits d’exclus (dont celui d’un délinquant sexuel dans son récent Lointain souvenir de la peau) les hypocrisies et injustices que l’Oncle Sam cache derrière ses amendements. BM
Le 12 janvier au Théâtre de la Croix-Rousse
A retrouver sur petit-bulletin.fr
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