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Les 5 leçons des élections sénatoriales dans le Rhône

Les candidats aux élections sénatoriales qui ont lieu ce dimanche s’inscrivent dans un scrutin pas tout à fait couru d’avance. Les grands électeurs (élus dans le Département ou encore désignés délégués), au nombre de 3435, se rendront donc aux urnes avec une poussée probable de la droite dans l’hémicycle. Lequel devrait en revanche continuer à présenter une moyenne d’âge assez élevée.

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Les 5 leçons des élections sénatoriales dans le Rhône

Retrouvez les résultats de ce dimanche 28 septembre.

 

1. Des candidats d’un certain âge et d’un âge certain

L’hebdo Les Potins d’Angèle se demandait en comptant sur ses doigts (mais il n’y en avait pas assez) s’il fallait avoir dépassé l’âge légal de la retraite pour aspirer à un fauteuil de parlementaire. L’UMP avait présenté il y a dix ans de cela un quadra fringant, François-Noël Buffet, qui se présente de nouveau en 2014. A la troisième place de sa liste, éventuellement éligible et donc intéressante, le parti a choisi de placer Michel Forissier (secrétaire départemental de l’UMP), qui affiche 71 ans.

Michel Forissier. Crédit : Rue89Lyon.
Michel Forissier. Crédit : Rue89Lyon.

Le plus jeune de cette liste UMP, Renaud Pfeffer, élu à 34 ans maire de Mornant, est relégué, lui, en… dernière position.

L’UDI Michel Mercier y retourne donc volontiers, lui qui, à 67 ans, peut se vanter d’avoir eu deux mandats de sénateur. Michèle Vullien (vice-présidente au Grand Lyon), numéro 2 sur cette liste, a quant à elle 70 ans.

Gérard Collomb avait annoncé il y a dix ans qu’il n’y retournerait pas nécessairement. Il y retourne « évidemment » (adverbe qui a fait le slogan de sa dernière campagne municipale), à 67 ans.

A priori, côté PS, le maire de Lyon et président du Grand Lyon Gérard Collomb, ainsi que la maire de Bron Annie Guillemot, devraient conserver leurs sièges. Cette dernière fait presque figure de jeunette dans le lot, du haut de ses 57 ans.

 

2. Ma femme, ma soeur, mon employé…

Comme le relevait Lyoncapitale il y a quelques semaines, l’immense majorité des grands électeurs (à 95%), sont des délégués de conseils municipaux.

À Lyon (comme dans toutes les villes de plus de 30 000 habitants), ce sont les conseillers municipaux qui élisent ces délégués, à raison d’un délégué pour 800 habitants. À Lyon, ce sont donc 700 délégués qui participent au collège électoral des sénatoriales aux côtés des élus du conseil municipal. Chaque parti ou groupe politique désignant ses délégués.

Gérard Collomb pourra-t-il par exemple se faire élire par son épouse, Caroline. Des salariés de la ville de Lyon ou des membres de son cabinet à la mairie et à la communauté urbaine ont également été désignés grands électeurs, et pourront voter pour leur patron de fait.

Gérard et Caroline Collomb, à la sortie de leur bureau de vote, dimanche 23 mars à Lyon. Crédit : Rue89Lyon
Gérard et Caroline Collomb, à la sortie de leur bureau de vote, dimanche 23 mars à Lyon. Crédit : Rue89Lyon

Le PS peut aussi compter sur un nombre important de cadres de grandes entreprises passés auparavant par des cabinets politiques socialistes. Ainsi, Yves Masson, chargé de mission à la Compagnie nationale du Rhône, qui fut le directeur de cabinet du maire (PS) du 4e arrondissement, David Kimelfeld, est lui aussi désigné délégué.

À l’UMP, Emmanuel Hamelin a désigné sa femme Olivia Thibault dans le collège électoral des sénatoriales. Longtemps, elle fut la collaboratrice d’Alain Juppé. Le collaborateur du groupe UMP à la Ville de Lyon, Aubert Petit, apportera sa voix au parti qui le salarie. Tout comme Damien Gouy-Perret, qui fut le directeur de campagne de Michel Havard lors des dernières municipales et qui occupe désormais le poste de directeur de cabinet du maire du 6e arrondissement. Etc., etc.

 

3. Le FN en campagne… pour 2017

Guy Fischer qui avait été élu sur une liste d’alliance PS/PC, en 2004, ne se représente pas. Le PC part donc seul avec le maire de Givors, Martial Passi, en tête de gondole. Les chances pour lui sont minces mais pas inexistantes. Christophe Boudot, conseiller municipal FN à Lyon et Raymonde Poncet, EELV, ont eux en revanche moins de chances encore de faire leur entrée au sein de la Haute Assemblée.

Christophe Boudot, candidat FN à Lyon, au soir du 1er tour des municipales. Crédit : Pierre Maier/Rue89Lyon
Christophe Boudot, candidat FN à Lyon, au soir du 1er tour des municipales. Crédit : Pierre Maier/Rue89Lyon

Le Progrès analyse par ailleurs que si le FN n’a pas grand espoir d’obtenir un siège, son score donnera l’état d’esprit dans lequel les grands électeurs du département se trouvent aujourd’hui.

Dans un contexte où les dotations de l’Etat ont été largement amputées, et où beaucoup de maire se demandent ce qu’il adviendra de leur territoire après découpage, selon qu’ils seront dans la future Métropole ou le nouveau Département réduit, le FN a en effet affirmé que des maires avaient déjà voté pour eux aux récentes élections européennes. L’un des objectifs pour le parti d’extrême droite est aussi d’ « établir un premier contact avec nombre d’élus en prévisions des parrainages pour la présidentielle de 2008.

 

3. A droite, tout le monde en ordre de bataille

Malgré la candidature de Michel Mercier, maire UDI de Thizy (et ancien président du conseil général), plusieurs élus UDI soutiennent le candidat UMP François-Noël Buffet. On trouve même dans ces soutiens centristes le conseiller général et maire de Chaponnay Raymond Durand qui, dans une autre assemblée et dans d’autres temps, avait été le député suppléant de l’UMP Georges Fenech et n’avait pas voulu lui rendre son siège.

L’UMP marche en ordre de bataille et n’aura pas vu naître de liste dissidente dans ses propres rangs.

La gauche va-t-elle perdre sa majorité au Sénat ? C’est possible, au vu de la déculottée que la gauche a subie lors des dernières élections municipales et du fait que, désormais, de nombreux grands électeurs sont de droite.

Sur les 7 sénateurs du Rhône, il est donc fort probable que les UMP Jean-François Noël Buffet (maire d’Oullins) et Elisabeth Lamure retrouvent leur siège.

 

4. Mercier, candidat face à Collomb mais allié tout de même

Michel Mercier, qu’on peut encore appeler l’homme fort du Rhône, est assuré de se faire élire après le retrait d’une tentative de liste centriste menée par le maire de Belleville, Bernard Fialaire.

Sa numéro 2 sur sa liste UDI est vice-présidente au Grand Lyon, Michèle Vullien. Elle est un élément indispensable dans le dispositif de Gérard Collomb de construction de la Métropole. Ce qui a d’ailleurs pu constituer un barrage pour certains UDI l’accusant d’être trop pro-Collomb. Elle est maire de Dardilly et l’une des chefs de file de Synergie, un groupe de maires qui se présentent sans étiquette à la communauté urbaine, et à qui Collomb doit sa réélection à la tête du Grand Lyon.

Au sein du Grand Lyon, elle est la vice-présidente en charge de la Métropole, celle qui négocie notamment avec les syndicats pour la fusion conseil général – conseil communautaire sur le territoire de Lyon.
Rappelons que la Métropole est un super-engin politique qui mêlera sur l’agglomération les compétences d’une communauté urbaine et d’un Département. Conçue par Michel Mercier et Gérard Collomb, travaillant de concert, « au-delà des clivages politiques », elle doit voir le jour en janvier 2015.

 

5. Et le cumul des mandats ?

C’est à partir de 2017 que le non-cumul des mandats s’appliquera. Que feront les maires élus sénateurs ? On sait que Gérard Collomb n’a jamais été favorable à cette loi proposée par un gouvernement de son bord. Le maire de Lyon aime mettre en avant le projet de la future grande Métropole pour justifier l’intérêt d’avoir un mandat local et un mandat parlementaire, permettant de faire un lobbying intensif.

Mais il devra choisir à partir de cette date. Nul doute que son coeur aille vers Lyon et vers sa Métropole dont il a conçu les contours.

Gérard Collomb réélu à la tête du Grand Lyon qui deviendra en janvier 2015 Métropole. Crédit : Pierre Maier/Rue89Lyon.
Gérard Collomb, président du Grand Lyon. © Pierre Maier/Rue89Lyon.

Il n’est pas le seul à gauche à dénigrer quelque peu cette loi. Martial Passi, candidat communiste à ces sénatoriales, en viendrait presque à espérer une victoire de la droite aux prochaines élections présidentielles afin que cette loi sur le non-cumul saute. Il déclarait au Progrès ce 23 septembre :

« C’est vrai que 2017, c’est demain. Néanmoins, les parlementaires de droite ont d’ores et déjà clamé vouloir faire sauter cette loi en cas de victoire lors des Présidentielles. Ce cas de figure est encore loin de se poser, puisqu’il nous faut déjà gagner l’élection du 28 septembre, puis on verra ce qu’il se passera en 2017. »

Aucun des cumulards à venir ne semble très inquiet, à la veille du scrutin.

 


#Annie Guillemot

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