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La fac de Chambéry, cible de l’extrême droite radicale ?

Croix celtiques, edelweiss et slogans nationalistes. C’est ce qu’ont pu voir les étudiants fraîchement arrivés à Chambéry. Pour la seconde fois, le campus Jacob-Bellecombette de l’Université de Savoie est la cible de l’extrême droite radicale.

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La veille de la rentrée universitaire, dans la nuit du 31 août au 1er septembre, les murs extérieurs de la bibliothèque, de plusieurs salles de cours ainsi qu’une rampe d’escalier et une fresque ont été tagués. Des symboles nationalistes (la croix celtique ou l’edelweiss) et des slogans comme « Anti-antifa », « social national radical », « ACAB », « chiens du système » ont été inscrits.

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Université de Savoie. Un des murs tagués. A gauche, le slogan d’un groupuscule nationaliste savoyard « Edelweiss ».

L’antenne de l’Unef a également été pris pour cible. L’un des militants du syndicat étudiant à Chambéry raconte :

« On a retrouvé sur nos locaux le slogan « Unef collabo » tagué sur une affiche « la France métissée, on l’aime et on y vit ». Pour eux, c’est comme si on collaborait avec le projet de destruction de la civilisation occidentale par l’islamisation et par le métissage ».

Autre message raciste, cette fois sur une fresque peinte il y a quelques années sur l’un des murs de la bibliothèque universitaire, lors d’un événement étudiant prônant la diversité culturelle. Le titre d’origine « Tous égaux » a été partiellement effacé et souligné par des croix celtiques.

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La fresque « Tous égaux » taguée de symboles racistes : croix celtiques et de « FAF » (France aux Français).

Le syndicat Unef visé

L’an passé, le 12 mars 2013, le syndicat étudiant avait déjà été la cible de l’extrême droite radicale. Deux hommes d’une vingtaine d’années, crânes rasés, avaient tenté de faire irruption dans le local. Les étudiants de l’Unef avaient juste eu le temps de fermer la porte à clé.

Lauranne Wiit, du bureau national, était présente ce soir là. Elle se souvient :

« On revenait d’une journée d’action quand le local a été attaqué. Les deux individus ont tapé sur les vitres puis ont collé des autocollants de l’Oeuvre Française et des Jeunesses Nationalistes. »

Cette action d’intimidation n’avait duré que quelques minutes.

Pour cette responsable du bureau national, les autocollants signent l’appartenance de ces agresseurs au groupuscule créé par Alexandre Gabriac, les Jeunesses nationalistes, dissout en juillet 2013.

Une plainte avait été déposée, sans suite.

Mais aussi des tags d’extrême gauche ?

Finalement jointe au commissariat de Chambéry ce lundi 22 septembre, la capitaine en charge du dossier réfute le lien entre les tags et un groupuscule identitaire. Des tags d’extrême gauche, notamment le « ACAB » qu’elle qualifie d’extrême gauche « limite anar », ont également orné les murs de la fac. Elle tient à écarter d’emblée la thèse de tags 100% d’extreme droite :

« Il n’y a rien de tangible : pas de témoin direct, pas de photo ou de vidéo. On ne peut pas faire de lien, faute de preuves, entre les faits de l’an passé et les tags de la rentrée. »

En conclusion, pour elle, l’enquête est « en vaine recherche ».

Qu’est-ce que la marque « Edelweiss » ?

La symbolique utilisée dans les tags réalisés début septembre mène également à la mouvance nationaliste qui reste vivace dans la région Rhône-Alpes malgré la dissolution de l’Oeuvre Française et de sa « filiale » jeunes.

C’est ce tag, représentant une edelweiss stylisée, qui intrigue.

L'edelweiss stylisé tagué sur le mur de la fac de Chambéry.
L’edelweiss stylisée taguée sur le mur de la fac de Chambéry.

La fleur est représentée sous la forme d’un cercle avec au centre un poing américain transpercé de flèches.
Il s’agit de l’emblème d’un groupuscule nationaliste savoyard qui s’est développé après la dissolution de l’organisation d’Alexandre Gabriac. Les statuts de l’association ont été déposés en décembre 2013.

Le nom « Edelweiss » est porteur de sens puisque la fleur est historiquement utilisée par la mouvance fasciste, particulièrement dans les Alpes, car décrite comme la « fleur préférée » d’Hitler.

Outre le logo, c’est la devise du groupuscule (« Social, national, radical) qui semble apporter une signature à ces tags.

Après Lyon 3 et Nancy, Chambéry sera-t-elle la nouvelle cible des nationalistes ?

Depuis sa création dans les « Pays de Savoie » (pour reprendre leur expression), ce groupuscule a réalisé peu d’actions publiques. Il a pu mobiliser une vingtaine de militants pour « sécuriser » un rassemblement de « Sentinelles » de la Manif pour tous à Chambéry le 26 octobre 2013.

Nostalgiques de Pétain et défenseurs de l’ « Europe blanche », ces Savoyards ont également noué de bonnes relations avec les autres groupuscules nationalistes de la région, du GUD à Jeune nation (la nouvelle organisation de Benedetti et Gabriac).

Suite aux tags, l’Université de Savoie a porté plainte. Une enquête de police est en cours.

L’Unef Chambéry compte faire voter une motion lors du prochain conseil d’administration de l’Université de Savoie. Le syndicat appelle à une réaction plus ferme de la faculté, à l’image de celle de Nancy où un texte a été adopté condamnant fermement « les actes qui ont eu lieu sous la bannière du GUD », au printemps 2013.

A Lyon, l’université Lyon 3 a également fait l’objet de plusieurs « descentes » du GUD, notamment en février 2012 et septembre 2011. La présidence avait alors interdit à un faux nez de ce pseudo syndicat étudiant, d’extrême droite, de se présenter aux élections étudiantes.

 > Mise à jour avec les propos du commissariat de Chambéry en charge de l’enquête, lundi 22 septembre à 10h50.


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