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Prof d’histoire, je refuse mon affectation au risque d’être licencié de l’Education nationale

Je suis entré dans l’Education nationale comme certains rentrent au séminaire, en tant que professeur remplaçant durant mon année de maîtrise d’Histoire à l’Université Lyon 3. Les postes proposés m’ont permis d’enseigner dans divers lycées : établissement adapté aux aveugles, collège, lycée général et lycée d’enseignement professionnel, souvent en ZEP (zone d’éducation prioritaire) et en zone prévention violence. Toujours avec la mission de rendre un service public.

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aller encore à l'ecole

Par Stephan K. Biamou, enseignant à Lyon jusqu’à cette année.

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Photomontage à partir du film La guerre des boutons avec Alain Chabat ©Christophe Chelmis / Rue89Lyon

De vacations en contrats, je fus l’ un de ces « enseignants-remplaçants » à qui on n’offre ni formation, ni aide pédagogique si ce n’est les conseils des collègues. Mon métier, ce métier, je l’ai appris « sur le tas ». J’ai osé croire que mes années me permettraient de signer un CDI suite aux multiples CDDs signés -pas moins de 8 me concernant !

Passé le concours externe, session 2011, de professeur de lycée professionnel en Lettres et Histoire, j’ai participé après une année en tant que stagiaire, au « mouvement » de mutation : j’ai été affecté sur l’académie de Créteil, m’apercevant, en outre, que mes années de service et le travail fourni en tant que professeur remplaçant ont à peine été prises en compte (financièrement et dans le barème du mouvement).

De retour dans l’académie de Lyon, pour « rapprochement de conjoint », je suis finalement affecté cette année à 120 kilomètres de chez moi.

 

Le « souci de soi  » ou l’ »otium », indispensable pour mener à bien notre enseignement

Monsieur Laudet, inspecteur général de l’Education nationale, venu lors d’une journée de stage en 2013 nous disait l’importance de notre mission, qu’il nous fallait « déboucher les oreilles » de nos élèves. Monsieur Laudet insistait également sur le nécessaire « souci de soi  » ou « l’otium », indispensable pour mener à bien notre enseignement.

J’aime ce métier et je l’ai toujours pratiqué avec rigueur, ce que confirment mes rapports d’inspection notamment. Je suis heureux en tant qu’enseignant.

Mais je ne veux plus être qu’un NUMEN « Numéro d’Identification Nationale de l’Education nationale » et je refuse cette mutation « à l’aveugle ». Pour ces différentes raisons :

  • Parce que je m’oppose à l’idée que tous les professseurs se valent et sont interchangeables.
  • Parce que je revendique un système qui prendrait en compte le profil de l’enseignant.
  • Parce que je plaide pour une véritable gestion des ressources humaines ( à l’instar des rapports de la Cour des comptes ou de l’OCDE) faîte par des hommes et non par un « ordinateur central ».
  • Parce que je suis convaincu que revoir l’affectation des enseignants permettrait de s’adapter plus précisément aux besoins des élèves et surtout des élèves de lycée professionnel, cette filière « mal-aimée ».
  • Parce que je fais partie de ces enseignants qui n’ont de cesse de mener réflexions et projets pour que l’école s’inscrive dans notre monde moderne.

 

J’ai parlé à Najat Vallaud Belkacem ; elle ne m’a pas répondu

Voilà pourquoi, au risque de me faire licencier, je m’oppose à cette mutation mécanique, opaque et qui ne respecte pas mon travail, mes aspirations et mon ambition pour un système éducatif égalitaire.

Ce matin sur l’antenne de France inter, j’ai eu l’opportunité d’interpeller ma nouvelle ministre de tutelle, Najat Vallaud Belakcem, sur la façon dont sont gérés les professeurs : vous le croirez ou non mais c’est un ordinateur qui décide des affectations des enseignants et donc qui gère les carrières, et cela de façon plus ou moins obscure.

Interrogée sur ce sujet précis, Najat Vallaud Belkacem a remarquablement « botté en touche ». En rejoignant la cour des grands dans ce gouvernement, la ministre semble avoir aussi adopté la langue de bois.

Certes, le sujet est sensible. Par exemple, les affectations sont la chasse gardée de certains syndicats qui en font une arme contre le ministère, ce qui leur permet de cogérer ces thèmes. De là à dire qu’ils veulent que rien ne bouge… Le Snuep-Fsu, syndicat de l’enseignement professionnel public, me donne comme conseil de déménager.

Quant au rectorat de Lyon, il répond, par l’intermédiaire de la gestionnaire de service que leurs services ne peuvent rien faire « en l’état actuel des choses ».

Je ne baisse pas les bras malgré les conséquences probables, mon licenciement, car je veux participer au débat sur notre système éducatif. Il n’est pas question d’entêtement. Juste de relever l’aberration de ce système. S’il s’agit de se taire, de se soumettre à des décisions que la majorité des professeurs réprouvent, c’est encore faire reculer un service public.

 


#Collège

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