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Blog du taulard #16 : et les avocats, dans cette affaire ?

Si tu savais, lecteur, les croyances et les espoirs le plus naïfs qui circulent des coursives au fond des cellules. Je ne te parle pas de radio-prison par laquelle se répandent les bruits les plus fous et les fantasmes d’anticipation les plus déjantés, symptômes néanmoins normaux face à la parole lapidée.

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Un avocat devant le palais de Justice de Lyon qui abrite, entre autres, le tribunal de grande instance (TGI) © Pierre Maier / Rue89Lyon

Palais de Justice Lyon© Pierre Maier bass-def
Un avocat devant le palais de Justice de Lyon © Pierre Maier / Rue89Lyon

Allez, soyons concret pour que tu comprennes bien de quoi je parle. Ici, évidemment, chacun cherche à passer en CAP (commission d’aménagement de peine), autrement dit à essayer de sortir le plus vite possible. Rien n’est plus légitime, n’en déplaise aux stakhanovistes de la prison sans échappatoire qui refusent tout, même l’espoir le plus basique.

La plupart des taulards imaginent donc qu’en audience, si la demande est validée, ils vont convaincre le juge d’ application des peines (JAP) du bien fondé de leur requête. Mais cette CAP là est tout sauf celui de bonne espérance. Leurs mots ne sont considérés que comme des vocables de racaille et n’ont, aux yeux du système aucune valeur. Peu l’admettent malgré le quotidien et persistent à se présenter sans avocat.

 

L’avocat, cet auxiliaire de justice

J’explique souvent, lorsqu’on me demande mon avis, que le baveux est hélas nécessaire, car lui fait parti du sérail. Hé oui, lecteur, notre parole n’est jamais crédible aux oreilles de cette institution. Tout ce que l’on peut dire est invariablement entendu comme une tentative de nous en tirer le mieux possible pour fuir nos responsabilités. Pour eux, nous ne savons que mentir pour dissimuler notre âme incurable.

Alors oui, un avocat est indispensable. C’est un auxiliaire de justice ! Tout est dit : « auxiliaire de justice ». Le juge l’écoute, même distraitement, au moins pour respecter son statut et son appartenance à la boutique. Ses mots à lui peuvent parfois passer les ouïes tamisées des corbeaux décorés d’hermine.

C’est pourquoi , même le dernier des avocats (et je peux te dire qu’ils sont nombreux) vaut mieux que la solitude à la barre. Mais les gars continuent à se fracasser sur le murs des déceptions au nom de leur espoir d’être entendu, envers et contre tout. Comme Jacques Brel attendait Madeleine, ils attendent l’esgourde attentive du juge. Et comme les quilles d’un bowling, ils volent aux quatre coins de la salle d’audience face à ces statues sombres des spécialistes du strike. Ils n’arrivent pas à entendre ni à voir que la piste est pipée.

 

2000 euros avant que le dossier ne soit ouvert

Ce n’est que lorsque les taulards se sont ramassés plusieurs fois qu’il décident d ‘avoir recours aux vrais menteurs. Mais là, se dévoile la spirale vicieuse du système. A plus de 99% les taulards sont des pauvres et comment peuvent-ils verser 2000 euros avant même que le baveux ait ouvert le dossier, sans parler des 500 euros à chaque visite au parloir.

Oh oui, lecteur, tu ne le sais peut-être pas, mais je connais peu de types aussi rapaces que les avocats.

« De quoi vous plaignez vous, disent certains, il y a les avocats commis d’office avec l’aide juridictionnelle ».

Ah la chance, en effet. Un enrobé qui pour 80 euros va ouvrir le dossier 5 minutes avant de plaider et balancer les stéréotypes les plus éculés. Il en est même qui arrivent à écorcher le nom de famille de son « client ».

En vérité, il n’y a pas de bons avocats, tous juste des moins pires. Par contre on a les vrais filous. Avoir un bon avocat est une idée aussi délirante que de rencontrer un gentil maton. Les avocats, c ‘est pour les riches et influents personnages, pas pour nous, car dans cette danse funèbre, ils sont les courtisans des princes en noir, ils vont de courbettes en arrangements, de compromis en flatteries, dans un langage bienséant où l’on se donne du « président » et du « maître » long comme le bras.

 

Un livre pour celle qui pleure devant Sophie Davant

Ce monde n’accepte qu’avec condescendance méprisante le taulard, grâce à qui, néanmoins ils gagnent leur vie alors que ceux-là la perdent. C’est la chasse à « cour » où les avocats ne sont que la meute, complices des juges et des procureurs dans un théâtre où les rôles sont écrits d ‘avance et sont récités sous les effets de manche. Ils étalent leur orgueil.

Le taulard ne peut que se taire, encore une fois, car si il revendique telle loi, où telle précision, les maîtres du droit ne sont pas contestables. D’ailleurs on leur recommande en amont de faire profil bas, de ne rien contester et de dire merci. Le client ne doit troubler en rien celui qui croit être un bon « blablateur » en espérant, à l’aune de Dupont-Moretti, écrire son livre pour la ménagère midinette, celle qui pleure devant les émissions de Sophie Davant en regrettant malgré tout la mort de Delarue.

Si jamais le taulard excédé de cette parodie où on le ballade, essaye un autre baveux, c’est la croix et la bannière pour que l’ex fasse passer le dossier au nouveau. Les ego font la sarabande.

D’ailleurs pourquoi les taulards veulent-ils être défendus ? Ils sont logés, nourris et blanchis aux frais du contribuable, c’est quand même mieux que d’être SDF.

 

De la carrière de politique à celle… d’avocat

Je sais, je sais, ça va protester de tous côtés :

« Moi, j’ai eu un bon avocat. Faut pas parler avec un tel manque de respect. Ces gens ont fait des études quand même… »

Et ceci, et cela.

Bon chacun a le droit de penser ce qu’il veut, mais je ne vais quand même pas travestir la réalité parce que untel a croisé une perle rare. Cela reviendrait à dire que parce qu’on a rencontré un élu honnête dans un village de montagnes les politiques sont des gens honnêtes.

D’ailleurs ces derniers deviennent avocats en fin de carrière si ils ne l’étaient pas avant, il y a même une loi pour leur faciliter la tâche. Alors arrêtons avec les alibis, surtout que ceux des taulards ne sont jamais considérés comme réels.

 

Démarchage et publicité

As tu entendu la dernière, lecteur ? Les avocats ont désormais droit à la publicité et au démarchage. Hé oui, les stratégies des camelots rentrent dans les prétoires. Moi je trouve qu’il vaut mieux en rire qu’en pleurer, sinon cela serait accorder du sérieux à leur forfaiture.

Imagine les slogans !

  • Gerard Menvussa, avocat exceptionnel, disponible 24/24, 7 jours sur 7, même en garde à vue. On affichera ça dans les commissariats et dans les halls des pas perdus des tribunaux.
  • Édith Moitou, écoute et conseils discrets et efficaces. Vous soutient dans les preuves.

Sur les panneaux d’affichage des greffes des prisons on lira :

  • Maggy Yotine, une avocate qui garde la tête sur les épaules et vous aide à tenir le cou.

Dans les locaux du batonnier on trouvera :

  • Amédée Pant, grande expérience. Références sur demande. Votre vérité sera la mienne.
  • Justine Ptitpène spécialiste du verdict léger. Effets de manche ajustés.
  • Alex pertise, le meilleur rapport qualité prix. Si vous trouvez moins cher, on vous rembourse la différence.
  • Omer Kantile, la véritable défense des valeurs. Paiement mensuels possibles
  • Laurent Barre, avocat performant, plaidoiries haut de gamme, vibrato en option, vous le valez bien ! « vu à la télé ».

La concurrence va faire rage, ma surenchère va gonfler

  • Avec Sébastienne Touteseule, les procureurs se délitent, les juges acquittent car la foi l’habite.
  • Alain Terrieur, défenseur en droit pénitentiaire. Présent dans les murs, même au mitard.
  • Anne Horexik, essayez la au prétoire, ça ne mange pas de pain.

 

 

… Que la pub soit rigolote

Allez les baveux, plus haut, plus fort.

  • Yvon Vouard, promotion : 50 à 70% sur les perpettes et 30% sur les braquages.
  • Vous avez fait un casse ? Avec Jean Profite ça passe. Clientèle sélectionnée.

Mais ce qui n’est pas gagné, lecteur, c’est qu’ils fassent ce qu’ils annoncent : la publicité est toujours mensongère. Contrairement à l’électroménager où on vend des machines qui doivent durer 5 ans et claquent au bout de 2, dans une affaire où on risque 2 ans on en prendra 5. Faudra vraiment prendre la loupe pour lire les petites liges en bas du contrat…

Qui sait, après tout ? La pratique commerciale va peut-être calmer leur arrogance et mettre à jour leur course au pognon. Ceci dit, ce n’est pas demain qu’ils cesseront d’être des auxiliaires de justice.

Je sais pas toi, lecteur, mais moi j’espère que la pub va redevenir rigolote.


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