De la foule dense, massée autour des escaliers menant à l’Hôtel de Ville de Lyon, sur la place des Terreaux, s’échappent des slogans allant de « Gaza, on est là » à « Israël, assassin », en passant par « La Palestine, aux palestiniens ». En guise de préambule, un des membres du Collectif Palestine 69, à l’origine de l’événement, pose les bases du rassemblement au micro :
« Il n’y a pas de haine chez nous. Pas de haine, mais de la colère. »
A la suite de la manifestation de samedi dernier qui a réuni plus de 5 000 personnes, le Progrès a relaté des cris de haine. Ce mercredi, pas d’écart semblable.
L’appel au calme sera repris à la fin de l’événement par Lila Mami, vice-présidente du Collectif Palestine 69 :
« Nous devons avoir une attitude irréprochable, s’égosille-t-elle.Nous devons avoir cette attitude pour ne pas qu’on nous interdise ces rassemblements. »
Une minute de silence a été observée pour se recueillir sur les morts palestiniens –plus de 200, à l’heure actuelle.
« Aux côtés des gazaouis »
Dans cette foule hétéroclite, les slogans, drapeaux et autres pancartes sont hostiles à Israël. Quand nous interrogeons les manifestants sur le motif de la présence au rassemblement, il est à chaque fois le même : le soutien au peuple de Gaza, objet de raids aériens israéliens depuis le début de l’opération « Bordure protectrice », le 7 juillet dernier.
Nacer, 43 ans, considère que « ce qui se passe là-bas est inadmissible ». Ce commerçant tient à nous donner sa position :
« J’ai des amis juifs, israélites, des amis d’enfance, et jamais on n’ira en conflit, les uns contre les autres. »
Laurence, 43 ans, est venue avec son mari. Elle reproche à Israël la « sauvagerie du massacre en cours ». Elle tient également à ajouter :
« Je n’ai aucun problème avec les Juifs, c’est important de le dire. J’ai un problème avec le sionisme. Aujourd’hui, il y a des Juifs qui se battent auprès de la communauté palestinienne, aux côtés des gazaouis. »
Une quenelle… pour la photo
Des militants antifascistes, du NPA, d’EELV et du Front de gauche ont fait le déplacement. Parmi eux, Gilbert Dumas, militant lyonnais du Front de gauche, qui se dit « effrayé par la couverture médiatique proposée ».
Ou bien encore, Pierre-Alain Millet, 2e adjoint (PCF) à la mairie de Vénissieux, qui se livre à une explication du slogan « Hollande, assassin ! » hurlé par la quasi-totalité d’une foule qui reproche au président de la République son attitude jugée trop complaisante envers Israël :
« Il faut que la France arrête de jouer un rôle de pousseur au feu. Il faut que l’on arrête de souffler sur les braises. Nous sommes devenus un Etat transatlantique, ça ne va pas dans le bon sens. »
Yasin, 19 ans, Akram, 17 ans, et Hakim, 19 ans, sont trois copains venus « défendre les civils palestiniens qui sont en train de ramasser ». Yasin s’exprime ainsi :
« Ce n’est pas contre les Juifs, ça n’a rien à voir. Nous on est vraiment là contre l’état israélien. »
Hakim enchaîne :
« À la base, les Juifs et les Musulmans sont cousins, c’est dit dans le Coran. Je vois pas pourquoi on ne les aimerait pas si ce sont nos cousins. On est contre le gouvernement israélien qui est en train de faire un génocide. »
Quand nous les prenons en photo, ils posent en faisant le geste de la « quenelle ». Le geste est intimement rattaché à la personne de Dieudonné qui considère qu’un « lobby juif a la main sur le pouvoir ».
Dans la foule, nous croisons un homme arborant un t-shirt floqué « Quenellier 69 ». Un manifestant est également venu avec une banderole au relent complotiste assumé : en haut à droite des signes francs-maçons dans l’étoile de David.
Ce mercredi à Lyon, la manifestation n’a pas connu les heurts de celle qui a eu lieu à Paris dimanche et, rassemblant moins de monde que le premier événement lyonnais en soutien à la Palestine, ce samedi, elle s’est déroulée comme ses organisateurs l’avaient programmée. Un autre rassemblement est prévu samedi 19 juillet à Lyon.
Un défilé improvisé à la fin du rassemblement
Selon Le Progrès, des jeunes participants se sont lancés dans un défilé dans la rue de la République à la fin du rassemblement :
« Le défilé n’ayant pas été déclaré à la préfecture, il s’est déroulé sous haute surveillance policière, raconte le quotidien.
À Bellecour, les jeunes manifestants ont décidé de se rendre place Gabriel-Péri où, après un tour par la rue Paul-Bert, ils ont tenté une nouvelle incursion vers Bellecour. Mais ils ont été stoppés net sur le cours Gambetta, et invités fermement à se disperser au plus vite, ce qu’ils ont fait sans incident notable. »
> Mis à jour avec les éléments du Progrès sur la fin du rassemblement.
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