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Rythmes scolaires à Lyon : la conf de presse surréaliste de Gérard Collomb

La faute aux directeurs d’école qui ne savent pas faire

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Anne Brugnera, adjointe au maire déléguée aux affaires sociales ; Gérard Collomb maire PS de Lyon, Françoise Moulin Civil, rectrice et Jean-Louis Baglan, inspecteur académique. Crédit : Rue89Lyon.

Un journaliste, ça pinaille, ça chipote, ça fait même des « enquêtes à la Sherlock Holmes ». Après un article du Progrès remettant en cause le résultat de la consultation des conseils d’école, qui devaient se prononcer sur le projet d’expérimentation des nouveaux rythmes scolaires à Lyon, ces avis consultatifs donnés au rectorat avant validation finale sont devenus une « affaire ». Au point que Gérard Collomb cale une conférence de presse ce jeudi après-midi, à l’improvisade, encadré par la rectrice et l’inspecteur académique, dans une salle surchauffée du rectorat.

Questions de calculs. La Ville de Lyon envoyait au début du mois de juin un résultat serré mais positif en faveur de la semaine expérimentale lyonnaise (proposant aux enfants des écoles publiques de travailler le mercredi matin, et de rassembler les activités péri-éducatives le vendredi après-midi).

Très vite, des voix s’élevaient de façon discrète depuis les écoles, pour dire que les chiffres n’étaient pas justes, voire tout à fait bidonnés. La journaliste du Progrès en charge des questions éducatives a donc fait le boulot en se rencardant auprès des écoles, trouvant avec ses moyens des chiffres différents de ceux annoncés par la mairie.

 

La « semaine lyonnaise » pour les écoles publiques est toutefois amendée par Françoise Moulin Civil, la rectrice. Les élus d’opposition se saisissent de l’annonce des chiffres « bidouillés », réclamant la démission d’Anne Brugnera, adjointe au maire à la petite enfance. Elle est qualifiée de « maillon faible » de l’équipe municipale par les Potins d’Angèle.

Toute la presse locale s’est donc pressée ce jeudi dans la salle de réunion spécialement ouverte au rectorat pour « les explications ». Des questions sont posées sur les chiffres. Ceux de trois écoles notamment. Où l’on apprend que 44 avis défavorables étaient en fait 44 avis favorables. La discussion s’envenime autour de 2 votes favorables groupés qui se transforment en 4 votes. Réponse de l’inspecteur académique, Jean-Louis Baglan : les directeurs d’écoles se sont plantés.

« Que voulez-vous que je fasse ? Je ne vais pas mettre la tête de la directrice sur le billot parce qu’elle s’est trompée ! »

Gérard Collomb cache mal son exaspération ; il voit rouge et en plus il fait chaud. Si le maire PS de Lyon est connu pour ses colères noires auprès de ses collaborateurs, il sait généralement garder un calme relatif devant la presse, préférant plutôt user d’ironie. Il se met à houspiller son auditoire et éructe sans penser qu’il peut vexer la rectrice à ses côtés :

« On est dans un pays où l’échec scolaire est l’un des pires (…) et là on fait une enquête à la Sherlock Holmes. »

 

Anne Brugnera, adjointe au maire déléguée aux affaires sociales ; Gérard Collomb maire PS de Lyon ; Françoise Moulin Civil, rectrice et Jean-Louis Baglan, inspecteur académique. Crédit : Rue89Lyon.
Anne Brugnera, adjointe au maire déléguée aux affaires sociales ; Gérard Collomb maire PS de Lyon ; Françoise Moulin Civil, rectrice et Jean-Louis Baglan, inspecteur académique. Crédit : Rue89Lyon.

« Hallucinant »

Les journalistes expliquent qu’ils font leur travail. Ce à quoi le maire de Lyon répond :

« Et moi je fais mon travail comme maire en vous disant que je trouve ça hallucinant. »

Gérard Collomb concède être rompu à l’exercice des élections, mais se frotte pour la première fois à une consultation des conseils d’écoles. Le rendu des avis semble s’être fait sans règle globale, dans l’urgence.

« Les gens qui sont contre ce qu’on a proposé, ça ne veut pas dire qu’ils sont d’accord entre eux. On peut lancer une autre consultation avec une autre proposition, ils voteront contre aussi. (…) La conjugaison des oppositions n’a jamais fait une politique. »

A peine sous-entendue, l’idée est de ne pas se mettre dans une situation politique intenable issue d’avis aléatoires, non uniformes, seulement consultatifs : c’est à dire un emploi du temps non désiré par les écoles. Et donc d’ »éviter une grève ». Anne Brugnera se fait toute petite. La rectrice souffle.

 

Et le contenu des activités péri-éducatives ?

L’inspecteur académique, au moins aussi agacé, estime que l’essentiel est quand même que la rentrée se passe bien pour les enfants, que les directeurs d’écoles ont d’autres choses à faire que de rapporter le résultat d’un vote. Contrairement à nous, journalistes.

Le maire de Lyon ajoute que, de toutes façons, dans cette histoire de consultation, c’est bien lui qui aurait dans tous les cas fini par donner le La, en tant que doyen du conseil municipal.

« Personne ne s’intéresse au contenu », regrette-t-il en forme de conclusion, la gorge serrée dans une cravate rouge.

Ce sur quoi on se montre volontiers en accord : le souci de ne pas voir venir les familles les moins bien loties à des activités payantes le vendredi après-midi ; du contenu-même de ces activités péri-éducatives, il n’aura toujours pas été question.

 

 


#Gérard Collomb

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