Sorti au mois d’avril dernier, « Lyon, comment Collomb a résisté » aurait pu s’intituler « Les coulisses de la défaite de Michel Havard » aux élections municipales de mars 2014. En creux, c’est ce qui se lit dans cet ouvrage signé par Geoffrey Mercier, journaliste politique au Progrès.
Après plusieurs pages consacrées aux premiers pas du challenger UMP Michel Havard, son parcours discret, de politique quasi taiseux, vainqueur de primaires qui ne le propulseront chef incontesté que le temps de la campagne ; après plusieurs pages dédiées aux tractations de Gérard Collomb dès l’automne 2013, avec les écologistes notamment, on met le nez dans la cuisine. Là où tout s’est passé, les bureaux feutrés, les cafés à fauteuils en skaï, les halls d’hôtel…
Où apparaît l’agence de communication Extra, pilote de la communication en 2007-2008 d’une campagne plutôt réussie qui amène sur un plateau à Gérard Collomb son deuxième mandat. Même agence qui obtiendra, ensuite, pendant le dit mandat, de très nombreux et juteux contrats avec la Ville de Lyon (Fête des Lumières, Quai du Polar, communication du Sytral…).
Où surgit également Stephen Gautier, jeune agent marketing d’hypermarchés, à la manoeuvre en 2007-2008 pour la campagne de Gérard Collomb. Et de nouveau personnage central de la communication, en 2014, mais chez Michel Havard cette fois.
Pas évident de raconter une campagne que la plupart des observateurs ont jugé terne, molle. Quasiment ignorée dans la presse nationale. Une « non-campagne », écrit même le journaliste. Et pour cause, celui qui l’a rythmé, Gérard Collomb, favori mais fesses serrées, a voulu la traverser comme une flèche, comme un candidat absent du devant de la scène dans une période où les socialistes du gouvernement étaient proprement conspués.
Têtes de réseaux, élus vissés et 20 € le récit
Le petit bouquin constitue l’occasion de faire la liste de quelques unes des têtes de réseaux lyonnais, qui font tourner la machine et sur lesquels s’appuie habilement le maire désormais en route pour un troisième mandat. Comme les autres avant lui. A la lyonnaise.
Il permet de se faire ou refaire les bios de quelques personnalités de la vie politique locale. Comme Etienne Tête, l’écolo qui a revu à la baisse ses saillies anti-Collomb pour rejoindre entre les deux tours un vainqueur déjà désigné. Ou encore Denis Broliquier, père de famille catholique anti-mariage gay, maire UDI milloniste et indéboulonnable du cossu 2e arrondissement. Mais aussi de Nathalie Perrin-Gilbert, « gône de Gerland qui a longtemps rêvé d’être journaliste », ex-PS capable de faire rager son ex-mentor Gérard Collomb, passée en 2014 sur des listes Front de gauche associé au Gram (son groupe de réflexion politique) pour garder son fauteuil de maire du 1er.
Le bouquin s’achève sur la question qui se pose désormais pour la gouvernance de Lyon : qui après Collomb ? Lui aime laisser entendre un « après moi le déluge ». Des pistes sont lancées dans le livre. Il vous en coûtera quand même 20 € pour lire ces pans d’histoire politique de la ville et les épisodes de cette campagne.
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