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Musulmans, féministes et cathos : la manif contre l’islamophobie à Lyon

« Oui à la laïcité, non au laïcisme. » Tel était le slogan phare de la manifestation contre « les lois islamophobes » organisée à Lyon par la Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI) ce samedi 15 mars. A l’occasion des dix ans de la loi du 15 mars 2004 sur l’interdiction des signes religieux ostensibles à l’école, une trentaine d’associations réunies dans un « collectif féministe pour l’égalité » avaient lancé un appel à manifester contre ces mêmes lois dans différentes villes de France.

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Manifestation contre islamophobie-Lyon-1

Si les femmes sont majoritaires, les hommes sont en tête du cortège... Crédits Rue89Lyon
En tête de la manif contre l’islamophobie, des hommes. Les femmes étaient toutefois majoritaires dans le cortège © Rue89Lyon

Le rendez-vous est donné à 14h place Bellecour par le CRI qui a déployé les gros moyens (camions, sono, banderole). Une demi-heure plus tard, quelques centaines de manifestants (environ 400 selon la police, un millier selon les organisateurs) ont entamé une marche dans toute la Presqu’île lyonnaise pour revenir à Bellecour.

Les organisateurs dénoncent un « engrenage depuis la loi de 2004 qui a conduit à des lois islamophobes (interdiction du hijab, circulaire interdisant aux mères voilées d’accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires…) et légitime la haine de l’Islam ». Le mot d’ordre officiel est la « défense de la laïcité » et le combat contre « l’intégrisme laïque » qui vise selon eux à combattre les religions.

« La laïcité est censée protéger toutes les religions. Or la loi de 2004 visait clairement la communauté musulmane », résume à sa façon Safia, 34 ans et membre du CRI depuis quatre ans.

« En prépa infirmières, on m’a demandé de retirer mon voile »

Certains manifestants, comme Safia, sont militants depuis de nombreuses années. Cette psychologue définit sa démarche comme « le don de soi face aux discriminations, quelles qu’elles soient ».

D’autres personnes rencontrées qui se présentent comme musulmanes sont venues car elles se considèrent victimes de discriminations. Iba, 18 ans, en prépa d’infirmière, manifeste ce samedi pour la première fois. Bien que s’étant toujours sentie « concernée par l’islamophobie », elle n’avait jamais rencontré de problèmes jusqu’à ce qu’en prépa d’infirmières cette année on lui demande de retirer son voile. Selon elle, « cela n’avait aucune légitimité ».

Manif contre islamophobie-Lyon-mars-14-2
Un des manifestants, Sofian, avec son fils © Rue89Lyon

De nombreux manifestants racontent avoir subi des discriminations dans la recherche d’un logement ou d’un travail. Sofian, 43 ans, est ingénieur. Il a aujourd’hui monté une société d’hôtellerie. Il témoigne  :

« Après avoir envoyé en vain plus de 130 CVs à des entreprises françaises, j’ai finalement trouvé un travail après seulement trois CVs envoyés en Suisse. »

D’autres causes grossissent les rangs

Mais certains manifestants sont là pour autre chose. On retrouve notamment des banderoles et des slogans en faveur de la Palestine ou bien des bénévoles de l’association HAMEB (Halte Au Massacre En Birmanie).

L’abrogation de la loi française sur le voile ne fait pas partie de leurs revendications. Ils se concentrent sur les exactions internationales anti-religieuses, et notamment les persécutions dont sont victimes les Rohingyas, la principale minorité musulmane birmane.

Les membres d'HAMEB tentent d'alerter l'opinion publique sur les massacres en Birmanie. Crédits : Rue89Lyon
Dans la manif contre l’slamophobie, des membres d’HAMEB mobilisés contre les massacres en Birmanie. © Rue89Lyon

« Féministe et musulmane »

Beaucoup de femmes se trouvent dans le cortège. Pour cause, elles ont été les premières touchées par la loi du 15 mars 2004.

Selon Safia, « l’organisation de la manifestation a été faite aux deux-tiers par des femmes. Ce sont elles qui ont tracté, fait les banderoles. »

Elle  se revendique « féministe et musulmane » :

« l’Islam donne toute sa place à la femme. Nous n’avons simplement pas la même conception du féminisme que d’autres. »

Quelques militantes féministes sont venues en soutien, comme Anne-Charlotte, qui fustige « une récupération islamophobe du féminisme. »

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Safia, militante du CRI, dénonce la différence entre la « réelle laïcité » et la vision qu’en ont les « politiciens ». © Rue89Lyon

Cathos et Manif Pour Tous

De nombreux manifestants mettent en avant les valeurs communes avec les catholiques, particulièrement sur la famille. Plusieurs ont participé à des rassemblements de la Manif Pour Tous.

Les slogans appellent à une union entre croyants et athées. Mais dans les prises de parole, l’appel aux autres religions est constant. En fin de manif, de retour sur la place Bellecour, un catholique prend la parole sur le podium. Il exprime toute sa solidarité avec les revendications musulmanes.

Une représentante d’une association de parents musulmans  commence son discours en fustigeant l’enseignement dans les écoles de la soi-disant « théorie du genre », un des chevaux de bataille de la Manif Pour Tous..

A une semaine des élections municipales, la fin des allocutions exprime une nette défiance à l’égard du politique, en appelant à se constituer en associations et à faire élire des représentants de listes « indépendantes » (comprendre non liées à des partis politiques).


#discriminations

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