Dans l’odeur caractéristique des multiplexes et plus particulièrement des cinémas Pathé, sucrée au pop corn, c’était la nuée de chèches rose noués au cou (et vendus 10 euros l’un à l’entrée pour ceux qui ne l’avaient pas déjà). Défilé de mode, karaoké, démonstration de karaté dans la salle du 7è arrondissement, ballons gonflables devant la salle du 2è arrondissement, l’ensemble dans le décor jaune criard du Pathé : l’après-midi a eu des airs de grosse kermesse organisée spécialement dans le 9è arrondissement, où Gérard Collomb est tête de liste.
« Il n’y a pas beaucoup de « vrais gens » », a concédé une militante, elle-même venue munie de sa famille et d’un ami, « juste curieux ».
Quelques uns malgré tout, mais surtout des colistiers (ils doivent atteindre le nombre total de 221 à Lyon), dont certains donnant en douce leur position sur l’une ou l’autre des neuf listes d’arrondissements baptisées Evidemment Lyon, et dont Gérard Collomb n’a toujours pas dévoilé la composition exacte.
Rejoignant une estrade sous des applaudissements hystériques, l’actuel maire s’est lancé dans un discours d’une demi-heure. Démarrant par un petit historique du 9è arrondissement, suivi par la promo du quartier de la Confluence et du projet du quartier de la Part-Dieu. Passant par les chiffres de la création de logements (100 000 sur l’agglomération durant le dernier mandat ; 30 000 à Lyon).
« Trois fois plus de logements sociaux qu’à Marseille ! C’est ce qui fait la différence », s’est congratulé le maire de Lyon.
Evoquant les projets transports à venir :
- Tirer la ligne du tramway T1 jusqu’aux hôpitaux Est en passant par le quartier des Etats-Unis (clap-clap fournis des militants de l’arrondissement concerné, le 8è).
- Rallonger encore le métro B -qui va depuis décembre 2013 à Oullins– jusqu’au hôpitaux Sud.
- Mener des études pour faire un métro E entre le Vieux-Lyon et Tassin (ce ne sont plus que des études de faisabilité qui sont désormais promises, plus raisonnables qu’un véritable chantier annoncé alors qu’il n’a jusque là jamais été évoqué).
Et insistant sur une ligne politique verte, très verte.
La chlorophylle dans la bouche et dans le coeur
Il s’est adressé à ses élus fidèles, Françoise Rivoire et Alain Giordano, restés auprès de lui tandis que leur parti EELV dont ils ont été exclus décidait de monter des listes autonomes, sans le PS, avant le 1er tour des élections. Dans la bouche de Gérard Collomb ce dimanche après-midi, les Vélo’v et les 300 kilomètres de pistes cyclables qui doivent passer à 500 kilomètres d’ici 2020, sont autant de cadeaux spécialement conçus pour eux. Le maire socialiste est allé jusqu’à s’époumoner :
« L’écologie est le fil vert de notre politique depuis toujours ! »
Fier de son Plan Climat (voté au Grand Lyon et pas à la Ville), le maire de Lyon estime avoir « réconcilié Lyon avec ses fleuves ». Avant de signer avec son public un « pacte chlorophylle », selon ses propres termes, et de promettre « du vert à toutes les échelles ».
« Et ce pacte, il ne date pas d’aujourd’hui », a-t-il juré. Il semblerait que si, pourtant. Pour ce qui est de l’expression en tout cas. Pour ce qui est de l’air pur, Gérard Collomb voudrait donc recentrer la question et faire de l’ombre aux écologistes qui ont, évidemment, appelé leurs listes Inspirez Lyon.
Une vidéo du meeting, par France3.
« Vous, les journalistes, ça vous amuse qu’il fasse moins que Michel Havard »
Pour l’évaluation du succès de la journée, il y aura eu bataille des chiffres et, même, crise de nerfs. Un espace dédié à la presse a servi de promontoire aux journalistes venus nombreux ce dimanche. La question du nombre de personnes présentes dans le multiplexe, censé donner une idée de la force politique du candidat, s’est très vite posée.
Les estimations, au doigt mouillé ou encore faites de façon plus technique (la méthode du quadrillage de la foule au laser du regard journalistique…), ont oscillé entre 800 et 1200 parmi les représentants de la presse. Oiseaux de mauvais augure pour l’équipe de campagne qui a semblé être traversée par un véritable vent de panique. Non, c’est 2300 personnes. Puis finalement 2000. Ah non, ce serait 2200.
Un élu a avancé la raison de la crispation :
« Ah oui, vous les journalistes ça vous amuse de dire 1000 puisque Michel Havard (candidat UMP pour Lyon, ndlr) a fait 1300. »
Pas plus de 1200 en réalité, pour Michel Havard. Qui a la plus grosse… foule à son meeting ?
« Oui on a fait 2000, c’était pas mal », a lâché Gérard Collomb, tandis qu’il quittait le cinéma.
Une jeune femme d’une vingtaine d’années, après avoir fait un selfie avec le maire de Lyon, s’est éloignée ravie de sa photo, glissant à une amie au moins aussi enjouée :
« Attends, ça se trouve il va devenir président de la République un jour. »
Si cet enthousiasme, ce n’est pas la preuve d’un (certain) succès.
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