Ce vendredi, fin de matinée pluvieuse sur Eurexpo, dans la proche banlieue de Lyon. Devant l’entrée de l’immense parc d’exposition se presse une foule, à la moyenne d’âge avoisinant une quinzaine d’années.
L’ impression se confirme sitôt à l’intérieur du salon : la quasi-totalité du public est composé de jeunes en visite avec leurs établissements scolaires, pour «découvrir un métier» et non pas trouver un emploi. Et la différence est de taille.
« On ne vient pas en tant que recruteur »
Un responsable du stand des métiers de l’hôtellerie-restauration nous le confirmera :
« On est dans la démarche inverse : on parle des formations qui permettent d’accéder à nos métiers. Sur le principe, on ne vient pas en tant que recruteur, on ne collecte pas les CV quand on nous les présente. »
Le salon doit quand même être un lieu de rencontre entre futurs employeurs et futurs employés, puisqu’il nous confiera que l’année précédente, il a embauché une jeune femme rencontrée pendant l’événement. S’il avait sur le moment décliné sa candidature, comme il nous l’a expliqué, il lui avait néanmoins donné sa carte de visite, ce qui a mené à un entretien et une embauche quelques semaines plus tard.
Même son de cloche du côté des organismes comme l’AFPA ou Pôle Emploi : leurs rôles sur le salon se limitent à une présentation des offres de formation. Au stand Pôle Emploi, on vous aide à faire votre CV, ou des lettres de motivation, et on vous informe sur vos éventuels droits à des allocations, ou sur les possibilités à vous former. Mais pas de place pour la recherche d’emploi ici.
Mais que vient alors chercher le public du salon ? Des réponses à leurs interrogations et elles sont nombreuses. Le petit rire de Lise, 15 ans, quand on lui demande si l’orientation est un sujet qui la tracasse, veut tout dire :
« C’est dur de trouver ce qu’on veut faire. »
« Je me suis renseignée pour les métiers dans la police ou la gendarmerie »
Pourtant, la plupart des jeunes rencontrés à Eurexpo ont une idée plutôt précise des métiers qu’ils souhaitent exercer. La même Lise nous dit s’intéresser à l’enseignement ou au journalisme, son amie Elodie aux métiers de l’équitation, puisqu’elle a pris rendez-vous dans une école qui propose une scolarité en lycée général avec une option hippologie.
S’ils ont souvent une idée du métier à exercer, ces jeunes ados (tous fréquentant des classes de troisième ou de quatrième), c’est plutôt la question du chemin d’orientation à prendre qui se pose.
Croisées devant le stand de l’armée de terre, Alison, Fiona et Mathilde savaient toutes les trois où aller chercher les réponses à leurs questions. La première se voit avocate, la seconde «dans les soins» avec des métiers comme sage-femme ou puéricultrice, et la dernière dans la gendarmerie.
Déconvenue pour Alison, quand elle ne trouve pas les métiers du secteur juridique :
« J’ai demandé, on m’a dit qu’il n’y avait pas, mais c’est pas grave, je me suis renseignée pour les métiers que je voulais faire avant, dans la gendarmerie ou la police. »
Fiona a « appris des choses à propos des formations » et semble plutôt satisfaite. Toutes les trois trouvent la journée «intéressante» mais voient le salon plutôt comme un moyen de se renseigner sur un métier que l’on désire déjà exercer, et non pas pour en découvrir d’autres.
Ce sont les écoles privées qui recrutent
Ce n’est pas le cas de tout le monde : Benjamin et sa mère Christine sont près du stand «Médias Informations». Le jeune garçon, en seconde professionnelle automobile à Bron, ne s’y plaît pas, et profite donc du salon pour essayer de découvrir d’autres choses. Ils prennent leur temps : la journée d’aujourd’hui est consacrée à la recherche, et il reviendra «demain avec son père» pour prendre contact avec des écoles, si des formations l’intéressent.
Ces écoles sont également au coeur du salon : elles animent des stands. C’est une façon de recruter des futurs élèves. Si les exposants, pour la plupart enseignants ou formateurs, ont du mal à quantifier combien d’élèves leur apportent le salon, ils sont persuadés de son impact sur leur visibilité. C’est ce que déclare une enseignante de la filière bijouterie du centre de formation lyonnais SEPR :
« On a plusieurs journées portes ouvertes : une en janvier, une en mars. La première, c’est beaucoup de lycéens et d’étudiants pour notre filière post-bac, vu que c’est juste après le salon de l’étudiant. La deuxième, c’est beaucoup de collégiens, qu’on a rencontrés ici. L’influence du Mondial des Métiers là-dessus, c’est indéniable. »
La formation, c’est le nerf de la guerre au Mondial des Métiers. Et pour les plus adultes aussi. Ils étaient peu, et sur le peu d’entre eux, beaucoup étaient des professeurs accompagnant leurs élèves. Nous avons rencontré quelques rescapés.
« Il y a beaucoup d’espoir dans ma démarche »
C’est le cas de Samuel, 20 ans, qui vit entre Lyon et Grenoble. Déscolarisé depuis deux ans, pendant sa terminale, à cause d’une phobie scolaire, il cherche à reprendre une formation. Nous le croisons devant un stand «Services Publics» dédiés à la formation professionnelle :
« J’ai fait un test d’orientation, ça ne m’a pas vraiment aidé. J’étais pas vraiment d’accord avec les résultats du test, qui me dirigeait vers les métiers du social. Je ne me vois pas comme ça. Mais je ne sais pas non plus où chercher. Ca m’a laissé plus de questions que de réponses en tout cas. Je viens d’arriver au Mondial des Métiers, j’en attends beaucoup. Il y a beaucoup d’espoir dans ma démarche. »
C’est le même espoir qui anime d’autres visiteurs : Tifanny et Cyril, 23 et 24 ans, anciens employés dans la vente téléphonique. Après l’arrêt de leurs activités dans la vente téléphonique, ils cherchent à se reconvertir avec une nouvelle formation.
Tifanny est familière du salon, pour avoir été de l’autre côté des stands :
« J’ai été exposante avec mon CFA il y quelques années. C’est bien ce genre de salon, parce qu’on découvre des métiers qu’on oublie. Il n’y a pas que médecin ou vendeur dans la vie. »
Titulaire d’un BTS en informatique, elle songe peut-être à se rediriger dans cette voie, mais semble vouloir tirer un trait sur son expérience de la vente :
« Je ne veux pas faire de la vente-pitié. Obliger les gens à acheter, je déteste ça. »
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