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Dans le Rhône, les écoles privées ne veulent pas de la semaine de 4 jours et demi

A la rentrée prochaine, les écoles primaires passeront à la semaine de 4 jours et demi. Toutes ? Non. L’enseignement catholique fait valoir sa différence. L’immense majorité des écoles privées ne devraient pas suivre la réforme des rythmes scolaires. Exemple dans le Rhône ou plutôt, pardon, dans le diocèse de Lyon.

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Ecole-prive-Rhone-Photomontage

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Photomontage à partir du film La guerre des boutons avec Alain Chabat ©Christophe Chelmis / Rue89Lyon

 

Les écoles privées ont le choix. Même si elles sont sous contrat, le ministère de l’Education nationale ne peut pas leur imposer une organisation de la semaine. Elles peuvent opter pour la semaine de 4 jours et demi voulue par le ministre de l’Education nationale Vincent Peillon, ou pour le maintien à 4 jours.

Les différentes instances de l’enseignement catholique (nationales et régionales) ont laissé aux écoles la liberté de choisir.

L’école publique, elle, n’a évidemment pas le choix. Après une année d’expérimentation, de cafouillages et de grèves, tous les élèves des écoles maternelles et élémentaires travailleront le mercredi ou le samedi (rarement pour cette dernière option).

 

Dans le Rhône, les écoles privées restent à la semaine de 4 jours

Sur les 168 écoles du diocèse de Lyon (qui couvre le département du Rhône et le Roannais), seule une dizaine d’écoles devrait passer à la semaine de 4,5 jours, selon un document interne de la direction de l’enseignement catholique (DEC) du Rhône. Ce qui fait environ 6% des écoles. On est loin du chiffre national de 30% d’écoles catholiques à 4 jours et demi pour l’année 2013/2014 annoncé par le secrétaire national à l’enseignement catholique, Eric de Labarre.

L’immense majorité des 32 000 élèves du premier degré de l’enseignement catholique (20% des élèves du Rhône) resteront donc à la semaine de 4 jours, comme nous l’a confirmé Jocelyne Hatzakortzian, adjointe du directeur diocésain, en charge du premier degré.

Quelle que soit la tutelle des écoles (diocésaine ou congrégations religieuses), les écoles privées suivent la même ligne en matière de rythmes.

Pour prendre leur décision, les directions des écoles se sont fondées, nous dit-on, sur plusieurs critères. Et notamment le souhait des familles.

Selon ce même document interne à la DEC du Rhône, de 90% à 98%, des familles consultées ont refusé le passage à 4,5 jours.

Jocelyne Hatzakortzian explique cette quasi-unanimité par des « mesures d’organisation » prises par les familles difficiles à bouger :

« De nombreuses familles se sont déjà organisées pour que l’un des parents ne travaillent pas le mercredi. Quant aux nounous, elles ne veulent pas intervenir pour une demi-journée ».

 

Coût financier trop important pour les écoles privées

Pour les écoles privées, deux obstacles majeurs se présentent pour changer de rythme scolaire : le coût financier et le « respect du rythme de l’enfant ». Les deux étant liés.

Passer à une semaine de 4,5 jours suppose le développement d’activités périscolaires, soit lors d’une pause rallongée à midi, soit à 15h45, après la fin nouvelle de l’école (en fonction des choix des écoles).

Un certain flou subsiste sur les aides que l’enseignement catholique pourrait toucher pour financer ces nouvelles activités périscolaires, manuelles ou sportives.

Une certitude : les écoles privées pourront prétendre, au même titre que les écoles publiques, au « fonds d’amorçage » du ministère de l’Education nationale. Il s’agit d’une aide de 50 euros par enfant et par an. Insuffisant en comparaison de ce que coûte le périscolaire, comme l’expose le directeur de l’école Saint-André, du 7e arrondissement de Lyon, Yves Dupassieux :

« Avec ce montant-là, on ne peut faire qu’une activité, une fois par semaine. Et en plus, on n’est même pas sûr de la pérennité de ce fonds ».

 

« Vacataires sous-formés et embauchés à la va-vite »

Si les municipalités sont engagées par le ministère à financer les activités périscolaires, l’immense majorité d’entre elles ne vont pas aider les écoles privées, selon la direction de l’enseignement catholique.

A Lyon, la porte-parole de la mairie indique que cela relève de la « liberté des écoles privées » et qu’elles doivent donc s’organiser avec leurs propres finances.

Même son de cloche du côté de Villeurbanne où « la Ville n’a pas prévu d’appuyer les écoles privées pour le financement de leur offre périscolaire ».

Pour les écoles publiques, les municipalités attendent de savoir à quel niveau les caisses d’allocations familiales les aideront. De nombreux maires, dont celui de Lyon, n’ont de cesse de pointer le coût de cette réforme pour les communes.
Dans ce contexte, certains enseignants comprennent l’attitude de leur collègue du privé, comme ce professeur d’une école du 2e arrondissement :

« Dans le public, on ne garantit pas les moyens pour mettre en place la réforme. Elle va se faire au rabais, au détriment des enfants. Au lieu d’être pris en charge par un personnel éducatif formé mais qui coûte cher, ce sera encore des vacataires sous-formés et embauchés à la va-vite. Dans ces conditions-là, mieux vaut repousser la réforme ».

 

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L’école privée du village de Saint-Didier-sous-Riverie, l’une des rares écoles privées du Rhône à passer à la semaine de 4,5 jours. Capture d’écran GoogleMap.

 

A Saint-Didier-sous-Riverie, on aide autant l’école publique que l’école privée

La dizaine d’écoles privée du Rhône qui passent à la semaine de 4,5 jours à la rentrée prochaine sont à chercher du côté des campagnes lyonnaises où l’enseignement catholique est historiquement fortement implanté.

Il y a notamment cette petite bourgade du sud-ouest de Lyon, Saint-Didier-sous-Riverie, 1210 habitants. Dans cette commune du Pays Mornantais, l’école privée « L’Arc-en-ciel » a toujours été plus importante que l’école publique. Elle compte aujourd’hui 86 élèves contre 60 pour l’école publique distante de quelques centaines de mètres. Que l’on aille à l’école en haut ou en bas de la rue, on se retrouve tous à 11h30 dans la même cantine et on va dans la même salle pour les activités périscolaires du matin (avant 8h30), du midi ou du soir.

L’association de parents d’élèves, en charge de ces activités, regroupe d’ailleurs autant de parents du privé que du public.

Dans ces conditions, il est apparu totalement naturel à la maire (sans étiquette), Christine Perrot, de demander aux deux écoles d’élaborer un projet commun pour le passage à la semaine de 4,5 jours. En décembre, un projet a été décidé qui prévoit de nouveaux horaires :

  • Le matin : 8h45 – 11h45
  • L’après-midi : 13h50 – 16h20

Ce changement d’horaire s’accompagne d’une augmentation du temps de travail des agents de la cantine et des employés de l’association pour le périscolaire.

« C’est un gros effort pour une petite commune comme la nôtre, de l’ordre de 15 000 euros alors que notre budget est de 500 000 euros ».

La maire de la commune considère cette solution comme « la plus équitable » pour les deux écoles qui « travaillent en bonne intelligence ».

Dans le cas contraire, si l’école privée n’avait pas suivi l’école publique, il eut été difficile d’organiser les temps qu’ont en commun les enfants, notamment la cantine.

 

La réflexion est ouverte dans le privé

Pour bien montrer qu’il ne s’agit pas d’un quelconque blocage idéologique, la direction de l’enseignement catholique encourage les écoles à repenser ces rythmes scolaires.

« Toute l’année prochaine, nous allons suivre de près ce qui va se passer dans nos rares écoles qui passent à la semaine de 4,5 et surtout les différentes expériences mises en place », annonce l’adjointe au directeur, Jocelyne Hatzakortzian.

Elle plaide pour une meilleure alternance entre temps d’apprentissage et temps de repos. La DEC s’appuie sur les travaux de Nicole Delvolvé, une enseignante à la retraite de l’université de Toulouse-Le Mirail qui intervient régulièrement auprès de l’enseignement catholique.

Brigitte Carriollo, directrice d’une grosse école privée du 8e arrondissement de Lyon, Notre-Dame-de-l’Assomption, témoigne :

« Nicole Delvolvé nous a rappelé que si on veut respecter le rythme de l’enfant, il vaudrait mieux repousser les apprentissages en milieu de matin. Et les enfants sont plus attentifs en fin d’après-midi alors que, avec la réforme, il s’agirait de les faire partir, à 15h45 ».

Brigitte Carriollo assure qu’elle va expérimenter dans son école :

« Si on n’est pas en accord avec la manière dont est menée la réforme, on ne veut pas rester où on est ».

 

 

 

 


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