Ce mardi matin, il a convoqué la presse qui s’est amassée très à l’heure dans le restaurant (avec vue panoramique depuis Fourvière) de Christian Têtedoie. L’entrée en scène a été soigneusement préparée. « Il va débarquer en fusée, là ? », a ironisé la journaliste d’un quotidien. Caméras et micros sont restés braqués en direction d’un rideau noir, devant lequel Gérard Collomb a tout à coup surgi entouré de ses huit têtes de liste (lui-même menant celle du 9e arrondissement). Tadam.
La liste de noms a été tweetée dans la foulée.
- Et, particulièrement celui d’Odile Belinga, attendu car elle devra ferrailler dur dans un 1er arrondissement réputé très à gauche. Cette avocate de 55 ans, qui se présente comme franco-camerounaise et qui a été présidente de la Ligue des Droits de l’Homme dans le Rhône, se retrouve en effet face à l’actuelle maire de l’arrondissement Nathalie Perrin-Gilbert (« en congé » du PS pour mener une liste Gram/Front de gauche), et face à une autre élue de l’arrondissement, l’écologiste Emeline Beaume (également conseillère communautaire).
- Pour le 6è arrondissement, Gérard Collomb tente de réussir aussi bien son casting qu’en 2008 (avec une certaine Heidi Giovacchini qui avait abandonné son mandat d’adjointe pour un défaut de compte de campagne). Dans le style blond et élancé qui semblerait donc convenir à ce territoire, Elvire Servien s’y colle, une chirurgienne orthopédiste de 42 ans, qui a refusé de donner son numéro de portable aux journalistes le lui quémandant, indiquant que « même ses patients arrivent à le trouver tous seuls ».
- Pour le 7e, il s’agit de Myriam Picot, avocate spécialisée dans le droit social et ancienne bâtonnière à Lyon, qui se lance donc en politique.
- En dehors de ces dames, Gérard Collomb n’a pas fait dans le neuf, plaçant un vice-président au Grand Lyon et ancien président d’un syndicat hôtelier, Roland Bernard, dans le 2è. Les actuels maires des 3è, 4è et 8è arrondissements, soit Thierry Philip, David Kimelfeld (par ailleurs président de la fédération socialiste du Rhône) et Christian Coulon, repartent pour eux-mêmes.
- Dans le 5è, on verra le centriste Thomas Rudigoz.
Majoritairement « des hommes d’environ soixante ans », regrette Nathalie Perrin-Gilbert par le biais d’un communiqué du Gram.
Reste donc maintenant au candidat PS à ménager les susceptibilités au sein des partenaires politiques acquis à sa cause, ceux du GAEC et du Parti radical de gauche, avant de présenter des listes fignolées où ces derniers espèrent trouver leur place sans trop essuyer de larmes. Les têtes de liste ne seront pas nécessairement les maires des arrondissements dans lesquels ils feront pourtant campagne. C’est le cas des trois femmes présentes ce mardi matin : aucune ne devrait endosser le rôle.
Une campagne, si ce n’est socialiste, éventuellement sociale ?
Après « Aimer Lyon » en 2008, le slogan de campagne du maire se trouve être « Evidemment Lyon ». Deux mots qui ont du mal à cacher l’assurance avec laquelle Gérard Collomb démarre les hostilités. Deux mots déjà raillés par quelques militants de droite, sur les réseaux sociaux : « Gérard Collomb ? #Evidemmentnon ». Ou encore en reprenant la chanson de France Gall, Evidemment (qui commence par « Y’a comme un goût amer au bout »).
En plus d’un slogan, il faut aussi pour l’appareillage un directeur de campagne. Un rôle plus ou moins déterminant selon le dispositif mis en place, et incarné cette fois par Olivier Brachet, vice-président au Grand Lyon en charge de l’habitat et du logement social, qui fût pendant 23 années à la tête de Forum Réfugiés. Interrogé sur ses motivations, il a présenté cette nouvelle mission comme quelque chose « à faire en plus » de tout ce qu’il a déjà fait dans sa vie.
Pas d’enthousiasme démesuré mais une image sociale et humaniste bienvenue pour un maire dont le centrisme affiché semble convenir à une ville cossue telle que Lyon mais peut aussi sérieusement agacer, au point de voir deux listes lancées contre lui à sa gauche, celle d’EELV et du Gram-Front de gauche.
C’est donc accompagné de son directeur de campagne que Gérard Collomb se rendra ce mardi soir à une soirée de la fondation Abbé Pierre qui propose aux candidats aux municipales d’entendre « les voeux des mal-logés ».
Le dispositif de la campagne est celui d’une machine de guerre rompue à l’exercice : une agence de com’ professionnelle dédiée, des documents de campagne ne faisant jamais mention du Parti socialiste auquel appartient pourtant le candidat, des militants déjà féroces sur les réseaux sociaux. Gérard Collomb restera à la baguette, proposant de ne détailler que ce vendredi 24 janvier par le menu son bilan, sur lequel il basera principalement sa campagne. Evidemment.
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