On savait que Rhônexpress est l’une des navettes centre-ville / aéroport les plus chères d’Europe. Avec le témoignage de Sébastien, nous apprenons également que la gestion des situations de crise ne semble pas être le fort du tram-train reliant Lyon à Saint-Exupéry.
Par Sébastien, usager de Rhônexpress
Il est 5 heures, ce jeudi 12 décembre. Lyon dort profondément sous un épais brouillard. Moi, j’attends le Rhônexpress à Vaulx-en-Velin. Il arrivera à 5h18. Dix minutes de retard, encore inexpliqué, mais j’ai de la marge.
Nous avons cherché à contacter la direction de Rhônexpress pour obtenir des explications sur cette calamiteuse matinée du 12 décembre. Pour le moment, nous avons obtenu aucune réponse.
Rue89Lyon
Dix minutes après, la rame à un premier à-coup. Les caténaires sont gelés, nous avançons à une vitesse d’escargot. Dix autres minutes. Un passager lève la voix pour interpeller les autres passagers sur le fait que ce qui se produit est inadmissible. Il rassemble d’autres passagers. Ils sont huit. Ils commandent deux taxis pour le prochain arrêt Meyzieu ZI.
Je finis par aller parler avec l’une des agents de bord. Je vois ma marge de manoeuvre diminuer. Je commence à être inquiet. Elle me répond qu’elle ne peut rien faire. Elle recevra les consignes de son supérieur à Meyzieu.
Il est 5h45 quand nous arrivons enfin à l’arrêt Meyzieu Z.I. On nous informe que des taxis vont être commandés et seront pris en charge par Rhônexpress. Les huit passagers qui sont déjà partis vers les taxis qu’ils ont commandés vont devoir les payer. L’un des passagers, au moins, est sur le même vol que moi.
L’agent de bord nous signe des attestations de retard, nous garantissant que le premier taxi sera là dans trois minutes. Elle invite les passagers les plus pressés à le prendre. J’en fais partie. Je me retrouve dehors, à attendre, avec quatre autres personnes. Les autres passagers nous rejoignent peu de temps après, chacun arguant que son urgence est la plus importante.
La demande de remboursement de Sébastien.
Le Rhônexpress en panne et un taxi qui met 25 minutes à arriver
Voilà 15 minutes que nous attendons au froid ce taxi qui devait arriver dans trois minutes. L’agent de bord décide que, vu l’heure, nous n’aurons plus le temps d’avoir notre avion. Nous ne sommes plus des passagers prioritaires. Nous ne monterons donc pas dans ce taxi qui n’arrive pas.
Un autre passager a appelé son propre taxi il y a quelques minutes. Celui-ci arrive. Je négocie une place. Cela fait 25 minutes que nous attendons dehors. Je suis gelé.
Nous arrivons à l’aéroport en dix minutes. Je cours. La sécurité ne me prends qu’une minute. Je reprends ma course. J’arrive à la porte d’embarquement. Quatre autres personnes attendent. L’hôtesse nous dit qu’il est trop tard. Les portes sont fermées depuis dix minutes.
S’il y avait eu une vraie gestion de crise, j’aurais eu mon avion
Dix minutes… Si la crise avait été gérée comme il se doit, si nous n’avions pas attendu 25 minutes à Meyzieu, s’il y avait eu une vraie gestion de crise, un semblant d’anticipation, j’aurais pu avoir mon avion. Rhônexpress n’est pas responsable de la météo, mais est responsable de réagir à la crise avec efficacité. On peut aussi penser qu’après cinq nuits par moins cinq degrés, les caténaires auraient pu être vérifiées.
Au comptoir de réclamation de la compagnie aérienne, je ne verrais pas le passager qui a commandé son propre taxi. Il n’a pas attendu 25 minutes ; il a eu son avion…
Il est 8h45 quand je décide de quitter l’aéroport, n’ayant pas trouvé d’autre vol. Mon week-end de quatre jours est annulé. Comble de l’ironie, je n’ai pas d’autres choix que de prendre le Rhônexpress pour rentrer. Celui-ci ne circule toujours pas.
Au retour, des taxis payés une fortune
Il y a une longue ligne de passagers dehors attendant des taxis qui arrivent au compte-gouttes.
En quinze minutes, trois taxis sont passés. Un responsable de Rhônexpress groupe les gens par quatre et les fait monter dans des taxis qu’il envoie à Lyon Part Dieu, exactement de la même façon que lors d’un embarquement à bord du tram-train.
Il les envoie au centre-ville de Lyon, en heure de pointe, alors que le tram T3 roule jusqu’à Meyzieu, à dix minutes d’ici et que les taxis sont rares. Je lui signale l’absurdité de la chose. Il acquiesce. Désormais, me dit-il, les taxis iront à Meyzieu. Il est 9h passé. La crise est connue depuis 5h30. En trois heures et demi, aucune solution viable n’a été mise en place.
Nous avons évidemment pas à payer les taxis par la suite. Mais la personne de Rhônexpress demande au quatre passagers leur ticket (4×15 euros).
Quatre passagers dans un taxi, cela représente soixante euros pour Rhônexpress alors qu’une estimation du prix de la course jusqu’à Part Dieu est de 45 euros.
Pour aller jusqu’à Meyzieu, le compteur du taxi affiche 21 euros en taxi.
Les tarifs du Rhônexpress en font l’une des navettes aéroportuaires les plus chers d’Europe. Mais là, oser demander le prix du billet normal pour le taxi, ça frôle l’escroquerie.
Aucun retard affiché
J’ai encore attendu un taxi pendant 25 minutes. Toujours au froid. Je suis gelé, à nouveau.
De retour à la Soie, l’arrêt du Rhônexpress n’annonce aucun retard, aucun problème, aucun délais. Je vérifie le site internet de retour chez moi. Il affiche que Rhônexpress fonctionne normalement.
Aucune information, aucune gestion de la crise, une improvisation catastrophique… je n’ose pas imaginer combien de personnes ont raté leur avion dans de telles conditions.
De mon côté, j’ai écris une lettre de réclamation à Rhônexpress, demandant le remboursement de mon billet d’avion. J’attends leur réponse.
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